dimanche 28 septembre 2025

Ni oisifs, ni stériles

 

Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Pierre 1:8).

Pierre parle ici de qualités qui doivent accompagner la vraie foi. Ce sont la vertu, la connaissance, la tempérance, la patience et la piété, l'amour fraternel et la charité. Pourquoi Pierre met-il l'emphase sur ces choses? Parce que nous ne devrions pas nous vanter d'avoir la foi, et ensuite, comme beaucoup de chrétiens le font, nous contenter de ne pas faire telle ou telle autre chose. C'est bien de ne pas voler, de ne pas tromper sa femme ou de ne pas mentir, mais nous ne devrions pas nous contenter de cela, c'est quelque chose de normal pour le véritable chrétien. 

Pierre nous dit dans ce passage que c'est la puissance de Dieu qui "nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété" (v. 3). Comment a-t-il fait cela? En se faisant connaître à nous. C'est pourquoi il est si important d'avoir une bonne connaissance de notre Sauveur, une connaissance qui n'est pas seulement intellectuelle, mais une connaissance de proximité, qui se trouve dans la prière et la lecture de sa Parole. Autrement nous ne serons pas mieux que ces églises modernes qui n'en finissent plus de bannir des passages de la Bible parce qu'ils les trouvent trop "offensants". Ces gens sont du monde, ils ne connaissent pas Dieu, et Dieu ne les connaît pas non plus. Car lorsque nous le connaissons vraiment, nous savons et acceptons qu'Il nous a appelés "par sa propre gloire et par sa vertu", auxquelles nous ne voudrions rien enlever ni modifier; ce sont des choses qui nous dépassent, elles sont trop saintes pour qu'un simple mortel ne s'y oppose au risque de se perdre.

Pierre poursuit au verset 4 en disant que c'est la gloire et la vertu de Dieu "qui nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise". C'est pourquoi nous voyons tant de chrétiens faibles, chez qui il est difficile de trouver une différence d'avec le païen. Ils ne connaissent pas réellement Dieu, donc ils sont privé de Sa gloire et Sa vertu et ils peinent à fuir la corruption qui existe dans ce monde de convoitise. Ils sont privés de la force de Dieu; du courage qu'Il donne à Son peuple. 

Au verset 5, Pierre s'adresse à ceux qui ont une réelle relation avec Dieu, qui ont en vue les précieuses promesses qu'Il a faite aux saints, et, étant participants de la nature divine, il leur dit de ne pas s'en contenter, de ne pas rester là mais, comme le dirait Paul, "d'aller de gloire en gloire et de progrès en progrès". Il dit plus loin d'ajouter à la foi la vertu, à la vertu la science (ou la connaissance de la vérité et la volonté de Dieu), à la science la tempérance (la maîtrise de soi), à la tempérance la patience (qui est la soumission à Dieu en toute circonstances), à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité.

Ainsi, c'est par, et pour la gloire de Dieu que nous sommes appelés dans Son royaume, mais ça ne s'arrête pas là; Pierre nous dit de progresser, il faut que cette foi grandisse et qu'elle soit accompagnée d'œuvres qui prouvent que notre foi n'est pas vaine (Jacques 2:14; 17-18). Pierre dit d'y mettre du zèle (tous nos efforts); nous ne devrions jamais nous contenter de ce que nous sommes en Christ; un chrétien stagnant est un chrétien rétrograde! Il ne doit pas en être ainsi, il faut constamment aller de progrès en progrès (1 Thessaloniciens 4:1). Les enseignements de Paul dans ce chapitre rejoignent ceux de Pierre; Paul parle de progrès, et Pierre les nommes! 

Bien sûr, cela est impossible par nos propres forces, ça doit venir de Dieu, et Il le fera, si nous demeurons en Lui. C'est Lui qui, par Sa grâce, nous fait grandir en toutes ces choses qui donnent gloire à Son nom, en sorte que nous n'ayons toujours rien à nous glorifier. Nous ne sommes que de simples serviteurs obéissant, zélés pour Le servir, car nous savons que cela est bon pour nous, tout en glorifiant Celui qui nous a sauvé de nos péchés. 

Pierre dira ensuite: "Si ces choses sont en vous avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ". La stérilité ici serait semblable au figuier maudit par le Christ (Marc 11:13-14); si ces choses sont en abondance en nous, par l'action puissante du Saint-Esprit, nous ne serons pas stériles, nous porterons du fruit pour la gloire de Dieu. Lorsqu'une personne avance de progrès en progrès, de grâce en grâce, c'est la preuve qu'elle marche réellement avec Jésus et qu'Il la soutient. Il n'y a pas de oisifs dans le royaume de Dieu; chacun est appelé à grandir et à glorifier le Roi des rois, d'une manière ou d'une autre. Et Paul dira en Colossiens 3:17 : "Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père".  

Quelqu'un a dit que lorsque toutes ces vertus s'ajoutent à la foi, c'est comme des arbres majestueux qui poussent le long d'un courant d'eau, prouvant que là se trouve la vie. Est-ce que, dans ma vie, ces grâces s'ajoutent aussi les unes après les autres? Est-ce que j'avance de progrès en progrès? Comment savoir? "Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ". Ces choses dans nos vies montrent que nous ne connaissons pas le Christ de manière intellectuelle seulement, mais que nous le connaissons personnellement comme notre Seigneur et Sauveur, comme le Roi et Maître de nos vies.

Que toute la gloire soit rendue à Dieu seul, Amen.

dimanche 21 septembre 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall, 30e partie

 

Le complot de Satan pour souiller le chrétien par la méchanceté spirituelle.

Ces esprits mauvais harcèlent principalement les saints et les incitent à la méchanceté spirituelle. Les péchés peuvent être qualifiés de spirituels pour deux raisons : premièrement, en raison du sujet sur lequel ils sont commis ; deuxièmement, en raison de l’objet qui les préoccupe.

Première sorte de péchés spirituels, ainsi nommés d’après le sujet dans lequel ils sont commis.

Les péchés peuvent être qualifiés de spirituels, d'après le sujet sur lequel ils sont commis. Lorsque l'esprit ou le cœur est le lieu où le péché est commis, il s'agit d'un péché spirituel ; tels sont toutes les pensées impures, les affections et les désirs vils. Bien que l'objet soit la convoitise charnelle, ils sont néanmoins des péchés spirituels, car ils sont purement des actes de l'âme et de l'esprit, et ne se manifestent pas à l'homme extérieur.

Satan s'efforce de provoquer le chrétien à pécher, de susciter et de fomenter ces mouvements intérieurs de péché dans son cœur. Il ne peut donc accomplir aucune tâche sans que ces démons, si je puis dire, le hantent. Un mouvement ou un autre surgit pour l'interrompre, comme Paul nous le dit de lui-même : Quand il voulait faire le bien, le mal était présent avec lui. Si un chrétien devait faire demi-tour chaque fois que ces obstacles se dressaient sur son chemin, il ne pourrait jamais poursuivre son voyage vers le ciel! C'est le principal jeu que le diable a laissé aux enfants de Dieu; maintenant que son armée est brisée et que le pouvoir de commandement qu'il avait sur eux lui a été retiré, il sort de ces bastions où il se cache et leur tombe dessus avec ces tentations. Il sait que son pouvoir sur leur âme n'est plus aussi grand que lorsqu'elle était son esclave. Alors, aucune corvée n'était si ignoble qu'elle ne puisse s'exécuter à ses ordres ; mais maintenant, l'âme est libérée de son esclavage, et il ne peut plus songer à commander le serviteur d'autrui comme s'il était le sien. 

Non, tout ce qu'il peut faire, c'est guetter le moment le plus propice, celui où le chrétien se doute le moins, et ensuite présenter à l'âme un mouvement coupable, élégamment orné, afin que le chrétien, avant même de s'en rendre compte, prenne ce qui lui semble si petit dans ses bras et le berce dans ses pensées, jusqu'à ce qu'il finisse par le faire sien en l'embrassant ; et il sait que cela souillera l'âme ; et, peut-être, ce "petit" péché envoyé par la fenêtre ouvrira la porte par l'intérieur pour laisser entrer un plus grand voleur. Ou s'il n'en était pas ainsi, la culpabilité de ces péchés du cœur, et même leur proximité, serait une triste vexation pour un cœur gracieux, dont la nature est si pure qu'elle abhorre toute souillure, de sorte qu'être hanté par de telles idées, c'est comme si un homme vivant était enchaîné à une carcasse puante, qu'il doit entraîner partout où il va ; et dont l'amour est si cher au Christ qu'il ne peut supporter sans étonnement et horreur ces pensées si contraires et injurieuses à son bien-aimé. Cela rend Satan si désireux de ratisser sans cesse la partie non régénérée, afin que, tel un tas de fumier remué, il puisse les offenser tous deux par les flots nauséabonds qui en jaillissent.

Utilisation ou application.

Premièrement. Que ceci soit une épreuve de ton état spirituel. Quel divertissement trouve Satan lorsqu'il arrive avec ces esprits de méchanceté et te sollicite à t'y attarder ? Peux-tu te débarrasser de la souillure de ton esprit pour que tes mains soient pures ? Ou luttes-tu contre ces péchés du cœur aussi bien que contre d'autres ? Je ne te demande pas si de tels invités franchissent ta porte, car les pires péchés peuvent se trouver dans leurs mouvements, non seulement en passant devant la porte d'un chrétien, mais aussi en regardant à l'intérieur, de même que des mouvements sacrés peuvent s'éveiller dans le cœur des hommes méchants, je te demande si tu peux trouver dans ton cœur le courage d'accueillir ces hôtes et de leur souhaiter la bienvenue ?

C'est comme si tu ne voulais pas être vu dans la rue avec une telle compagnie, ni mener une prostituée par la main à travers la ville, ni forcer la porte de ton voisin pour l'assassiner ou le voler ; mais ne peux-tu pas, sous ton propre toit, dans le recoin de ton âme, laisser tes pensées nourrir une convoitise impure, tandis que ton cœur commet avec elle des folies spéculatives ? Ne peux-tu pas attirer ton prochain dans ta tanière, et là, le démembrer par ta malice, sans que ton cœur ne crie même « Meurtre, meurtre » ? En un mot, peux-tu cacher un seul péché au fond de ton cœur, pour y sauver sa vie lorsque la Parole et l'Esprit t'interrogent, comme Rahab cacha les espions et envoya les messagers du roi de Jéricho à leur poursuite, comme s'ils étaient partis ? 

Tu peux peut-être dire : "L'adultère, le meurtrier n'est pas ici", tu as depuis longtemps éloigné ces péchés ; et pendant tout ce temps, tu les caches dans l'amour de ton âme. Sache-le, ou tu le sauras un autre jour à tes dépens, tu es néant. S'il y avait une étincelle de vie divine ou d'amour du Christ en ton sein, même si tu ne pouvais empêcher de tels mouvements dans ton âme, tu ne les cacherais pas, et encore moins ne les nourrirais pas dans ton sein ; lorsque tu serais accablé par eux, tu appellerais le ciel à l'aide contre ces destructeurs de ton âme. 

Deuxièmement. Ô vous les saints, montrez votre loyauté envers Dieu en résistant vigoureusement et en luttant contre ces esprits de méchanceté. 

1. Chrétien, considère que les péchés du cœur sont des péchés comme les autres. "La pensée de folie est un péché", Proverbes 24:9. Le mercure est un poison distillé dans l'eau, ainsi que dans le corps. L'impureté, la convoitise, le meurtre sont présents dans le cœur comme dans les actes extérieurs ; chaque point de l'enfer est l'enfer. 

2. Ton esprit est le siège du Saint-Esprit. Il occupe tout ton cœur pour y loger, et il est temps pour lui de partir lorsqu'il voit sa maison s'effondrer. Ne souille pas ton esprit jusqu'à ce que tu sois las de sa compagnie.

3. Il peut y avoir plus de méchanceté dans un péché du cœur que dans celui des mains et de l'homme extérieur ; car l'aggravation de ces péchés provient du comportement du cœur dans l'acte. Plus le cœur et l'esprit sont libérés, plus la malignité s'infiltre dans tout acte pécheur. Rechuter dans le cœur, c'est plus que rechuter. C'est la consolation d'une pauvre âme, tentée et troublée par ses rechutes, de savoir que, même si son pied trébuche, son cœur ne se retourne pas, mais regarde en même temps vers le ciel et vers Christ ; ainsi, errer dans le cœur est pire qu'avoir une erreur dans la tête. C'est pourquoi Dieu aggrave le péché d'Israël en disant : "Ils errent toujours dans leur cœur", Hébreux 3:10. 

Leur cœur les a conduits à l'erreur ; ils aimaient l'idolâtrie, et furent donc bientôt amenés à croire ce qui leur plaisait le plus. De même, plus le cœur et l'esprit sont investis dans un service sacré, plus il y a de véritable bonté, même si cela semble inférieur aux autres par son expression extérieure. Les deux deniers de la veuve surpassaient tous les autres, le Christ lui-même étant juge ; ainsi, dans le péché, bien que les actes intérieurs du péché, en pensées et en affections, paraissent légers pour l'homme comparés aux actes extérieurs, ceux-ci peuvent être si circonstanciés qu'ils peuvent surpasser les autres aux yeux de Dieu. 

Pierre met l'accent sur le péché du magicien, imputable à la mauvaise pensée que ses paroles trahissaient dans son cœur : "Prie Dieu, s'il est possible que la pensée de ton cœur te soit pardonnée", Actes 8:22. Le péché de Saül, qui a épargné Agag et sauvé les meilleurs moutons et bœufs qu'il avait reçu l'ordre de détruire, était matériellement bien moindre que l'adultère et le meurtre de David. Pourtant, il est assimilé à un péché plus grave que les deux, la sorcellerie elle-même (1 Samuel 15:23). Et d'où son péché a-t-il reçu une telle teinte, sinon de la méchanceté de son cœur, qui était pire que celui de David au plus profond de la tentation ?

4. Si Satan s'introduit dans ton esprit et le souille, combien il te sera difficile d'y rester ! Tu as déjà goûté à son bouillon, et maintenant tu risques d'être enfin conquis et de savourer pleinement ce qui, par sa dégustation, a déjà vicié ton palais. Il serait étrange que, tandis que tu songes, le cœur brûlant à la pensée de la luxure, le feu ne jaillisse pas de tes lèvres, ou pire.

Aide contre ce genre de tentations de Satan.

Question. Mais quel secours avons-nous contre ce genre de tentations de Satan ?

Réponse. Je suppose que tu es chrétien, toi qui poses cette question ; et si tu le fais en toute sincérité, tu en es un. Qui, d’ailleurs, désire ou peut sincèrement être délivré de ces hôtes ? Même lorsqu’un cœur charnel prie pour en être délivré, il répugnerait à ce que sa prière soit entendue. « Pas encore, Seigneur », s’écrie le cœur d’un tel homme, comme Austin l’a confessé de lui-même. Le péché est aussi véritablement le fruit de l’âme que les enfants le sont de notre corps, et il trouve autant de grâce à nos yeux ; bien plus encore, car le pécheur peut tuer un fils pour sauver un péché vivant (Michée 6:7), et de tous les péchés, aucun n’est plus grave que ces péchés du cœur. Qui, d’ailleurs, voudrait ou pourrait désirer sérieusement être débarrassé de ces hôtes ? Mais, lorsqu’un cœur charnel prie pour être délivré d’eux, il serait réticent à ce que sa prière soit entendue. "Pas encore, Seigneur", s'écrie le cœur d'un tel homme, comme Austin l'a confessé de lui-même. Le péché est ainsi véritablement le fruit de l'âme que les enfants le sont de notre corps, et il trouve autant de grâce à nos yeux ; bien plus encore, car le pécheur peut tuer un fils pour sauver un péché (Michée 6:7), et de tous les péchés, aucun n'est plus grave que ces péchés du cœur.

1. Parce qu'ils sont les premiers-nés du cœur pécheur, et que la plus grande force de l'âme repose sur eux.

2. Car le cœur y a plus de latitude que dans les actes extérieurs. L'orgueilleux est souvent réduit à un court état, incapable de le troubler dans le monde et d'apparaître aux autres avec l'apparence qu'il souhaiterait ; mais en son for intérieur, il peut dresser une scène, et son cœur insensé se présenter comme un grand prince, à sa guise. Le malin peut, par ses désirs, tuer autant de personnes en quelques minutes que l'ange frappa l'armée de Sennachérib en une nuit. Néron pouvait ainsi anéantir Rome entière d'un seul coup.

3. Ces péchés restent dans l'âme lorsque les autres la quittent. Lorsque le pécheur a mutilé son corps par l'ivresse et la souillure, et qu'il se révèle indigne de suivre le camp du diable plus longtemps, ces maudites convoitises le divertiront avec des histoires de ses anciennes farces et plaisirs. En un mot, ces convoitises intérieures du cœur n'ont que la conscience d'une Divinité pour les apaiser. D'autres péchés font honte au pécheur devant les hommes ; et, comme certains croyants en Christ n'osent pas le confesser ouvertement, par amour des louanges humaines, de même certains pécheurs sont empêchés d'exprimer ouvertement leurs convoitises, par souci de leur réputation. Mais il n'y a pas à craindre. S'ils peuvent oublier que le ciel les voit, ou se persuader qu'il n'y a aucun danger de là, la voie est libre ; ils peuvent être aussi méchants qu'ils le souhaitent. Ceux-ci rendent les péchés intérieurs si embrassés et embrassés. Si donc tu peux trouver ton cœur contre eux, je peux oser te qualifier de chrétien. Et pour t'aider contre eux, améliore ce qui suit. 

Première aide. Priez Dieu avec ferveur pour qu'il mette en mouvement et ordonne vos pensées et vos désirs. Si la langue est si indisciplinée que peu peuvent la dompter, qu'est-ce que le cœur, d'où jaillissent tant de pensées, aussi denses que les abeilles de la ruche et les étincelles de la fournaise ? Il n'appartient pas à l'homme, ni au plus saint des saints, d'accomplir cela sans l'aide divine. C'est pourquoi nous voyons David si souvent réclamer à cet égard : "Consacre tes pas à sa parole, unis ton cœur à sa crainte, incline ton cœur à ses témoignages." Tel un serviteur, lorsque l'enfant dont il s'occupe est turbulent et refuse de se laisser guider par lui, qui à peine parle-t-il, tout est en jeu. Sans aucun doute, le saint David a trouvé son cœur au-delà de ses capacités et de ses forces, ce qui le pousse si souvent à s'adresser à Dieu. En effet, Dieu a promis à ses enfants de diriger leurs pas (Psaume 37:22), mais il attend d'eux qu'ils lui confient leur cœur à cette fin. "Recommande tes œuvres à l'Éternel, et tes pensées seront affermies" (ou ordonnées), Proverbes 16:3. Es-tu en train de te diriger vers une ordonnance où tu es sûr de rencontrer Satan, qui te troublera avec des pensées mondaines, et peut-être pire ? Fais savoir à Dieu par ta bouche où tu vas et quelles sont tes craintes. Jamais l'âme ne marche avec autant d'ordre que lorsqu'elle se soumet à la conduite de Dieu.

Deuxième aide. Surveillez soigneusement vos sens extérieurs. Ce sont les lieux par où entre de Satan, en particulier l'œil et l'oreille. Prenez garde à ce que vous y importez. Les discours vains passent rarement sans laisser une trace dans le cœur ; de même que l'air malsain tend à corrompre les choses douces en elles-mêmes, ainsi les discours désagréables corrompent l'esprit pur. Respire donc un air pur. Et que ton œil ne s'égare pas. Les objets libertins engendrent des pensées libertines. Job savait que son œil et ses pensées allaient de pair, et c'est pourquoi, pour préserver l'un, il conclut une alliance avec l'autre, Job 31:1.

Troisième aide. Réfléchis souvent à toi-même chaque jour et observe les fréquentations de ton cœur. Un maître attentif s'intéressera constamment à son atelier et observera ce que font ses serviteurs, et un chrétien sage devrait faire de même. Le bruit de l'école nous permet de savoir que le maître n'est pas là. Une grande partie des mauvaises habitudes dans nos cœurs provient du fait que nous négligeons d'étudier nos cœurs. Alors, lorsque tu discutes avec ton âme, pose cette triple question.

1. Demande-toi si les pensées de ton cœur sont bonnes ou mauvaises. Si les pensées mauvaises et méchantes, telles que l'orgueil, l'impureté et la méfiance, montrent ton horreur à leur égard et réprimande sévèrement ton âme pour avoir seulement tenu une conférence avec elles, dont il ne peut résulter que du déshonneur pour Dieu et du mal pour ta propre âme; et réveille ton cœur pour pleurer sur leur mauvais voisinage, et par là tu rendras témoignage de fidélité à Dieu. Quand David pleura Abner, "tout Israël", dit-on, "comprit ce jour-là que ce n'était pas au roi de tuer Abner." Ton deuil pour eux montrera que ces pensées ne viennent pas tant de toi que de Satan.

2. Demande-toi si tes pensées ne sont pas largement mauvaises, alors demande-toi si elles ne sont pas des imaginations vides, écumeuses et vaines, qui ne sont soumises ni à la gloire de Dieu, ni à ton propre bien, ni à celui des autres ; et si c'est le cas, ne t'arrête pas avant d'avoir pris conscience des desseins de Satan à ton égard. Bien que ces pensées ne soient pas dans ton intérêt, elles servent pourtant le sien ; elles servent son but, à t'empêcher d'aller mieux. Toute l'eau qui coule à côté du moulin est perdue, et toutes tes pensées sont vaines si elles t'empêchent d'accomplir l'œuvre de Dieu, dans ton appel général ou particulier. L'abeille ne se posera pas sur une fleur sans nectar, et le chrétien non plus. Pourquoi restes-tu assis ici sans rien faire, devrais-tu dire à ton âme, alors que tu as tant à faire pour Dieu et ton âme et si peu de temps pour t'en occuper ?

3. Demande-toi : si tu trouves que ce qui occupe ton cœur est bon, alors demande-toi se c'est bon pour le temps et la manière, faute de quoi ils dégénèrent. 

Sont-elles bonnes pour le temps ou pour la saison ? C'est un bon fruit qui est produit en sa saison. Le Christ aimait autant l'œuvre qu'il avait à faire que sa mère elle-même (Jean 2:4), mais son heure n'était pas venue. Les bonnes pensées et méditations mal placées sont comme certaines interprétations des Écritures : de bonnes vérités, mais de mauvaises explications ; elles ne conviennent ni au lieu d'où elles proviennent, ni au moment présent. Prier alors que nous devrions entendre, ou méditer sur le sermon alors que nous devrions prier, c'est voler Dieu d'une manière pour le payer d'une autre.

Sont-elles bonnes pour la manière ? Ton cœur peut méditer une bonne chose et la gâcher en l'accomplissant. Tu songes peut-être à tes péchés et à les éprouver, mais de telle sorte qu'en attisant ta tristesse, tu affaiblis ta foi en la promesse. C'est là ton péché. C'est un mauvais chirurgien que celui qui, en ouvrant une veine, pénètre si profondément qu'il sectionne une artère et paralyse le bras, s'il ne tue pas l'homme. Ou bien tu penses à ta famille et tu y pourvois ; c'est ce que tu devrais faire, et tu serais pire qu'un infidèle si tu la négligeais ; mais il se peut que ces pensées soient si distrayantes et méfiantes, comme s'il n'y avait aucune promesse, aucune providence pour te soulager. Dieu prend cela mal, car cela rejaillit sur sa sollicitude à ton égard. Ô combien notre devoir ici est proche de notre péché ! Tant de soins sont un lest nécessaire à l'âme ; un peu plus la submerge sous les vagues de l'incrédulité. C'est comme certaines choses très saines, mais un degré de chaud ou de froid supplémentaire les transformerait en poison. 

dimanche 14 septembre 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall, 29e partie

 

Contre les esprits méchants (Éphésiens 6:12).

Ces mots constituent la quatrième branche de la description, la méchanceté spirituelle, et notre lutte contre eux est exprimée par le mot "contre". En grec, on lit mot pour mot: "Contre les esprits malins". Je conçois, avec de nombreux interprètes, qu'il s'agit non seulement de la nature spirituelle du diable et de sa méchanceté, mais aussi, et surtout, de la nature et du genre de péchés auxquels ces esprits méchants provoquent le plus souvent et vigoureusement les saints. Ce sont les esprits de la méchanceté, non pas ces péchés charnels grossiers dans lesquels se vautrent les pécheurs bestiaux. Comme des porcs (dans la boue), ils se complaisent dans le péché, parce qu'il est spiritualisé. Ces paroles nous présentent ces trois conclusions doctrinales. Premièrement, les démons sont des esprits. Deuxièmement, les démons sont des esprits extrêmement méchants. Troisièmement, ces esprits méchants agacent principalement les saints et les incitent à des méchancetés spirituelles.

La nature spirituelle du diable.

Les démons sont des esprits. Esprit est un mot ayant diverses acceptions dans les Écritures. Il est souvent utilisé, entre autres, pour définir l'essence et la nature des anges, bons et mauvais, tous deux appelés esprits. Les saints anges : "Ne sont-ils pas tous des esprits au service du Seigneur" ? Hébreux 1:14. Ceux qui sont mauvais; "Et un esprit sortit, se présenta devant l'Éternel et dit : Je le persuaderai" (1 Rois 22:21). Cet esprit était un démon. Combien de fois le diable est-il appelé esprit impur, esprit infect, esprit menteur, etc. ! Le péché n'altéra pas leur substance, car alors, comme on le dit bien, la nature et la substance transgressées ne pouvaient être punies.

Premièrement. Le diable est un esprit ; c'est-à-dire que son essence est immatérielle et simple, non composée, comme le sont les êtres corporels, de matière et de forme : « Touchez-moi et voyez », dit le Christ à ses disciples, qui pensaient avoir vu un esprit, « car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai » (Luc 24:39). Si les démons n'étaient pas ainsi immatériels, comment pourraient-ils entrer dans des corps et les posséder, comme l'Écriture nous le dit, même une légion dans un seul homme ? (Luc 8:30). Un corps ne peut ainsi entrer dans un autre.

Deuxièmement. Les démons sont des substances spirituelles, et non des qualités ou des mouvements mauvais, provenant de nous, comme certains l'ont absurdement imaginé. Ainsi, les Sadducéens, et d'autres qui les ont suivis, nient l'existence d'un être tel qu'un ange, bon ou mauvais ; mais cette idée est si trompeuse que, pour la soutenir, nous devons à la fois renoncer à la raison et nier les Écritures. On y trouve le récit de leur création (Colossiens 1:16) ; la chute de certains de leur premier état (Jude 6) et la position d'autres, appelés les "anges élus" ; le bonheur des uns, qui contemplent la face de Dieu, et leur fonction : envoyés au service des saints, comme serviteurs des héritiers de leur maître (Hébreux 1:14) ; la misère des autres, réservés dans les chaînes des ténèbres jusqu'au jugement du grand jour ; et leur œuvre présente, qui consiste à nuire aux âmes et aux corps des hommes, autant qu'il leur est permis ; tout cela montre clairement leur subsistance. Mais l'homme est tellement plongé dans la chair qu'il ne croit pas facilement ce qu'il ne voit pas avec ses yeux charnels. De même, nous pouvons nier l'existence de Dieu lui-même, étant invisible.

Troisièmement. Ils sont des substances spirituelles entières, qui ont chacune une existence propre. Elles se distinguent ainsi des âmes humaines, qui sont faites pour subsister dans un corps humain et, avec lui, forment un homme parfait ; de sorte que l'âme, bien que séparée du corps, existe, a néanmoins tendance à s'unir à nouveau à son corps. 

Quatrièmement. Bien que substances spirituelles entières, elles sont finies, n'étant que des créatures. Dieu seul est l'Esprit incréé, infini et absolument simple, et même le Père de tous les autres esprits. Or, de cette nature spirituelle du diable, nous pouvons voir encore ce qui va suivre.

Quel ennemi redoutable devons-nous affronter ?

Premièrement. En tant qu'esprits, ils possèdent de vastes capacités intellectuelles. Malheureusement, l'homme, emprisonné dans l'obscurité de son corps, n'a pas assez de lumière pour comprendre les perfections angéliques. Qu'ils surpassent en connaissance toutes les autres créatures, nous le savons, car, en tant qu'esprits, ils se rapprochent, par création, de la nature de Dieu qui les a créés. Les cieux ne sont pas plus éloignés de la terre que les anges le sont, par la connaissance, par rapport à l'homme. L'homme, par l'art, a appris à s'élever à la hauteur des étoiles du ciel, mais qui peut dire à quel point les anges surpassent l'homme en connaissance ? Il est vrai que ces esprits maléfiques ont perdu une grande partie de leur connaissance, même toute leur connaissance de saints anges ; ce qu'ils connaissent maintenant de Dieu a perdu sa saveur et ils n'ont aucun pouvoir de l'utiliser à leur propre bien. 

Ce que Jude dit des hommes méchants peut être dit d'eux : ce qu'ils savent naturellement, ils se corrompent en cela. Ils connaissent la sainteté de Dieu, mais ne l'aiment pas pour cela, comme le font les anges élus, et comme ils l'ont fait eux-mêmes par création. Ils connaissent le mal du péché, et ne l'aiment pas moins ; mais, bien qu'ils soient si fous pour eux-mêmes, ils ont pourtant trop de ruse pour tous les saints de la terre, si nous n'avions pas un Dieu qui prend notre place. 

Deuxièmement. En tant qu'esprits, ils sont invisibles, et leurs approches aussi. Ils arrivent, et vous ne voyez pas votre ennemi. En vérité, cela le rend si peu craint par le monde ignorant, alors que, à bien peser le pour et le contre, c'est son plus grand avantage. Oh, si les hommes ont une apparition du diable ou entendent un bruit dans la nuit, ils crient : "Le diable ! Le diable !" et sont prêts à perdre la raison de peur ; mais ils le portent dans leur cœur, marchent toute la journée en sa compagnie, et ne le craignent pas! 

Quand ton cœur orgueilleux s'élève au sommet de l'honneur par tes pensées ambitieuses, qui t'y conduit, sinon le diable ? Quand ton cœur adultère est rempli de toutes sortes d'impuretés et de souillures, qui d'autre que Satan a été là, engendrant ces choses dans ton esprit de prostitution ? Quand tu es enragé par ta colère, jetant des charbons ardents de colère et de fureur avec ta langue enflammée, de où a-t-elle été enflammée, sinon de l'enfer ? Quand tu es précipité comme un porc dans le précipice, et même étouffé par ton propre vomi d'ivresse, qui d'autre que le diable te conduit ?  

Troisièmement. En tant qu'esprits, ils sont immortels. Vous entendrez peut-être parler d'autres ennemis : "Ce sont eux qui en voulaient à ta vie", comme l'ange l'a dit à Joseph au sujet d'Hérode. Les persécuteurs font un tour ou deux sur la scène, puis sont rappelés par la mort, et tous leurs complots prennent fin ; mais les démons ne meurent pas, ils te traqueront jusqu'à ta tombe, et à ta mort, ils te retrouveront dans un autre monde, pour t'accuser et te tourmenter là aussi.

Quatrièmement. En tant qu'esprits, ils sont infatigables dans leurs mouvements. Une fois le combat terminé entre les hommes, le vainqueur doit s'asseoir et respirer, et perd ainsi la chasse, faute de pouvoir la poursuivre à temps. Oui, certains ont renoncé à leur empire, gorgés du sang des hommes et las de l'ouvrage, incapables d'obtenir ce qu'ils désiraient. Ainsi, Dioclétien, voyant qu'il ne faisait que faucher un pré qui devenait plus épais à force de le couper; comme Tertullien parle des chrétiens martyrisés, jette son sceptre en pâture. Charles Quint fit de même, disent certains, pour la même raison : il ne parvint pas à extirper les luthériens. Mais l’esprit du diable ne se laisse jamais intimider, et il ne se lasse jamais de faire le mal, bien qu’il n’ait jamais cessé depuis le début de son périple à travers le monde. Que deviendrions-nous si Dieu n’était pas à nos côtés, Lui qui tient infiniment plus le diable à Sa merci que nous pouvons le faire ?

L'extrême méchanceté des démons.

Les démons sont des esprits extrêmement méchants ; méchant dans l'abstrait, comme dans le texte, et appelé par éminence le péché, "le méchant", Matthieu 13:19. De même que Dieu est appelé le Saint, car nul n'est saint comme le Seigneur ; de même le diable est appelé "le méchant", car il est nul tel que lui dans le péché. Essayons de saisir, en quelques points, la hauteur du péché du diable, afin de pouvoir juger des degrés de péché et de pécheurs parmi les fils des hommes : plus il est proche de la sainteté de Dieu, plus il est saint ; plus il est près du diable, plus il est semblable au malin, plus il est méchant.

Premièrement. Ces anges apostats sont les inventeurs du péché ; les premiers à avoir sonné la trompette de la rébellion contre leur Créateur et à avoir mené la danse vers tout ce péché qui, depuis, a rempli le monde. Or, quelle langue peut accentuer ce péché à son maximum ? Pour une créature aussi noble que Dieu a placée au sommet, pour ainsi dire, de toute la création, la plus proche de lui-même, et à qui Dieu n'avait rien caché d'autre que son propre diadème royal ; pour ce pair et favori de la cour, sans aucune raison ni sollicitation de quiconque, de faire cette tentative audacieuse et blasphématoire pour s'emparer de la couronne de Dieu, cela dépeint le diable plus noir que les pensées des hommes et des anges ne peuvent le concevoir.

On l'appelle "le père du mensonge", car ceux qui ont découvert un art en sont les pères. Jubal, "le père de tous ceux qui manient la harpe et l'orgue", inventa la musique. Et c'est une aggravation terrible (pour ces démons), car ils ont péché sans tentateur. Et bien que l'homme ne soit pas capable d'une telle aggravation, certains hommes pèchent pourtant d'une manière très similaire à la transgression du diable à cet égard ; ceux-là, comme saint Paul les appelle, sont des "ingénieux au mal" (Romains 1:30). 

Certes, le péché est un métier ancien, découvert par nos soins ; mais comme dans d’autres métiers et arts, des hommes illustres surgissent, ajoutant aux inventions des autres et créant des métiers et des arts, pour ainsi dire, nouveaux ; de même, il y a toujours des infâmes dans leur génération, qui renouvellent d’anciens péchés en ajoutant à la méchanceté des autres. L’impureté est un péché ancien depuis le commencement ; mais les Sodomites seront impurs d’une manière nouvelle, et c’est pourquoi elle porte leur nom jusqu’à ce jour. 

Certains inventent de nouvelles erreurs ; d’autres de nouveaux serments, de leur propre invention, tout frais sortis de l’atelier ; ils méprisent les serments d’autrefois. D’autres encore inventent de nouvelles méthodes de persécution, comme Julien, qui avait une conduite différente de toutes celles qui l’avaient précédé ; et jusqu’à la fin du monde, chaque époque surpassera les autres en péchés. Ismaël et les moqueurs de l'ancien monde n'étaient que des enfants et des maladroits aux yeux des moqueurs et des cruels moqueurs des derniers temps. Eh bien, prends garde de faire preuve d'ingéniosité en inventant de nouveaux péchés, de peur d'inciter Dieu à inventer de nouveaux châtiments! 

"La destruction n'est-elle pas pour les méchants ? Et un châtiment étrange pour les ouvriers d'iniquité ?" Job 31:3. Sodome a péché d'une manière nouvelle, et Dieu les détruit d'une manière nouvelle : il envoie l'enfer sur eux. Certains ont inventé de nouvelles opinions, des erreurs monstrueuses, et Dieu a assorti leurs erreurs monstrueuses à des conséquences, aussi monstrueuses soient-elles.

Deuxièmement. Ils n'étaient pas seulement les inventeurs du péché, mais ils en sont encore les principaux tentateurs et promoteurs dans le monde. C'est pourquoi on les appellent "le tentateur, et le péché est appelé "l'œuvre du diable", pour quiconque le commet, tout comme la maison est connue sous le nom de maître ouvrier, bien qu'il utilise les mains de son serviteur pour la construire. Ô, prends garde de ne pas inciter les autres à pécher. Tu retires au diable, si je puis dire, son office. Qu'il le fasse lui-même s'il le veut. Ne te fais pas lui ressembler. Tenter autrui est pire que pécher soi-même! Cela montre que le péché prend une grande ampleur chez l'homme qui le pratique consciemment et volontairement. Les herbes et les fleurs ne répandent leurs graines qu'à maturité, et les créatures ne se multiplient qu'à partir de l'âge adulte. Que font ceux qui tentent les autres, sinon diffuser leurs opinions et leurs pratiques mauvaises, et, pour ainsi dire, semer des graines pour le diable, préservant ainsi le nom de leur père infernal dans le monde ?

Cela montre que le péché est puissant en eux. Bien des hommes, bien que cruels envers leur âme au point de s'enivrer ou de jurer, n'apprécient pas cela chez un enfant ou un serviteur. Que sont-ils donc, sinon des démons incarnés, qui enseignent à leurs enfants le catéchisme du diable, à jurer et à mentir, à boire et à s'enivrer ? Si vous en rencontrez, n'ayez pas peur de les appeler, comme Paul le fit avec Élymas, lorsqu'il voulut pervertir le député, "enfants du diable, pleins de toute ruse et de toute méchanceté, et ennemis de toute justice". Oh, ne sais-tu pas ce que tu fais quand tu tentes ? Je vais te le dire. Tu fais ce que tu ne peux défaire par ton propre repentir. Tu empoisonnes l'un par l'erreur, tu inities l'autre à l'école du diable, à la taverne, mais plus tard, tu verras peut-être ton erreur, tu te rétracteras de ta faute, de ta folie, et tu renonceras à ton commerce d'ivrognerie.

Es-tu sûr de pouvoir les rectifier et les convertir à ton tour ? Hélas, pauvres créatures ! Ceci est hors de ton pouvoir. Es-tu sûr de pouvoir les ramener et les convertir ensuite? Hélas, pauvres créatures ! Ceci est hors de ton pouvoir. Ils diront peut-être, comme celui (quoique pour de meilleures raisons) qui répondit à celui qui l'avait persuadé de renoncer au papisme et qui le pressa d'y revenir : "Tu m'as donné un tour, mais tu ne m'en donneras pas un autre." Et quel chagrin ce sera pour ton esprit de voir ceux qui vont en enfer par ta faute, et toi incapable de les en rappeler !

Tu peux t'écrier comme Lémec : « J'ai tué un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma blessure. » Non, quand tu dors dans ta tombe, celui que tu as séduit peut en avoir attiré d'autres, et ton nom peut être cité pour recommander l'opinion et la pratique à d'autres ; par lequel, comme il est dit, quoique dans un autre sens, "Abel étant mort parle encore". Tu peux, bien que mort, pécher dans ceux qui sont vivants, génération après génération. Une petite étincelle allumée par l'erreur d'un seul a nécessité des siècles de travail pour l'éteindre, et, alors qu'on la croyait éteinte, elle a resurgi.

Troisièmement. Ils ne sont pas simplement méchants, mais malicieusement méchants. Le diable porte ce nom pour désigner sa nature malveillante, son désir de vexer et de nuire à autrui. Lorsqu'il entraîne les âmes au péché, ce n'est pas parce qu'il y goûte une douceur ou y trouve un quelconque profit : il est trop éclairé pour trouver joie ou paix dans le péché. Il connaît son sort et tremble à l'idée de celui-ci ; et pourtant, sa nature malveillante le pousse à désirer ardemment et à rechercher sans cesse la damnation des âmes. Comme vous verrez un chien enragé courir après un troupeau de moutons, en tuer un, puis un autre, bien que mort, il ne puisse manger leur chair, mais tue pour tuer ; ainsi Satan est animé d'une rage sans bornes contre les hommes, en particulier les saints, et ne laisserait pas, s'il le pouvait, un seul membre du troupeau du Christ en vie.

Tel est le comble de sa malice envers Dieu, qu'il hait d'une haine absolue ; et, ne pouvant l'atteindre d'un coup direct, il le frappe de nouveau par l'intermédiaire de ses saints ; ce bras maléfique, qui ne parvient pas à atteindre Dieu, s'étend contre ces excellents sur terre, sachant pertinemment que la vie de Dieu est en quelque sorte liée à la leur. Dieu ne peut survivre à son honneur, et son honneur s'accroît selon que sa miséricorde est exaltée ou diminuée ; c'est cet attribut que Dieu entend honorer si hautement dans leur salut, et qui est donc calomnié par Satan. Et le pire que l'on puisse dire de ces esprits méchants, c'est qu'ils méprisent méchamment Dieu, et en lui la gloire de sa miséricorde.

Utilisation ou application

Utilisation première. Cela peut nous aider à mieux concevoir la méchanceté désespérée de la nature humaine, si difficile à connaître, car elle ne peut jamais être vue d'emblée (c'est une fontaine dont l'immensité ne réside pas dans le flot du péché réel) et peut paraître insignifiante, mais dans la source qui l'alimente sans cesse. Mais voici un miroir qui nous donnera la forme de nos cœurs, à leur image. Vois-tu l'ampleur monstrueuse de la méchanceté qui habite le diable ? Tout cela est dans le cœur de chaque homme. Il n'y a pas moins de méchanceté potentielle chez le plus docile pécheur de la terre que chez les démons eux-mêmes, et un jour, qui que tu sois, tu le démontreras à dessein, si Dieu ne t'en empêche pas par sa grâce régénératrice. Tu n'as pas encore pris ton envol, tes ailes ne sont pas encore assez développées pour faire de toi un dragon volant ; mais tu es de la même lignée, la semence de ce serpent est en toi, et le diable engendre un enfant semblable à lui. Tu te trouves encore dans un terrain peu propice à la maturation du péché, qui n'atteindra sa plénitude qu'en enfer. Toi qui es ici si pudique et modeste que tu rougis de certains péchés par honte et que tu t'abstiens d'en commettre d'autres par peur, lorsque là-bas tu verras ton cas aussi désespéré que le diable le sien, alors tu cracheras les blasphèmes dont ta nature est bourrée, avec la même malice que lui.

Les Indiens s'imaginent qu'à leur mort, ils seront transformés en l'image déformée du diable ; c'est pourquoi, dans leur langue, ils utilisent le même mot pour désigner un mort et le diable. Le péché rend les méchants semblables à lui avant leur arrivée, mais en réalité, ils retrouveront leur apparence plus complète là-bas, lorsque ces flammes auront effacé le fard qui masque leur teint. Les saints au ciel seront semblables aux anges, par leur empressement, leur amour et leur constance à servir Dieu ; et les damnés le seront par le péché comme par le châtiment. Cette seule considération pourrait être d'une grande utilité pour désamorcer un pécheur et l'abaisser, afin qu'il n'ait jamais une haute opinion de lui-même. Il est facile de dénigrer une personne dont la vie est mauvaise, de la convaincre de la méchanceté de ses actions et de lui faire avouer que ce qu'elle fait est mal, mais voilà le maquis dans lequel on la perd. 

Elle dira : "C'est vrai, je suis surveillée, je fais ce que je ne devrais pas, que Dieu me pardonne, mais mon cœur est bon." Ton cœur est-il bon, pécheur ? Et celui du diable aussi? Sa nature est mauvaise, et la tienne l'est tout autant. Cette lèpre sur ton visage révèlent la chaleur de ta nature corrompue, et sans le remède de l'Évangile; le sang du Christ appliqué sur toi, tu mourras lépreux. Seul le Christ peut te donner un cœur nouveau, sinon tu ne feras qu'empirer chaque jour. Le péché est une maladie héréditaire qui s'aggrave avec l'âge. Un jeune pécheur sera un vieux démon.

Deuxièmement. De plus, cela serait utile aux saints, en particulier à ceux en qui Dieu, par son appel opportun, a devancé le marché du diable ; comme parfois l'Esprit de Dieu prend le péché en son sein avant qu'il ne pénètre dans son champ, dans les péchés de jeunesse. Or, celui qui ne découvre pas les péchés audacieux qu'il a commis, et que d'autres ont abandonnés, pourrait ne pas être aussi affecté par son propre péché ou par la miséricorde de Dieu. Oh, qu'un tel homme voie ici la méchanceté de son cœur dans le miroir de la nature du diable, et il se verra comme un grand débiteur de la miséricorde de Dieu comme Manassé, ou le pire des pécheurs - comme en pardonnant, ainsi en empêchant la même nature maudite avec la leur, avant qu'elle ne donne le feu à Dieu avec ces péchés sanglants qu'ils ont commis.

Si tu n'as pas commis de péchés aussi odieux, tu le dois à la grâce et à la surprise de Dieu, et non à la bonté de ta nature, marquée du sceau du diable, et pour laquelle Dieu aurait pu t'écraser, comme nous écraserons la couvée de serpents avant qu'ils ne piquent, sachant ce qu'ils feront avec le temps. Qui dira que Fawkes a souffert injustement, parce que le Parlement n'a pas explosé ? Il suffit que les matériaux nécessaires à ce massacre aient été fournis, et qu'il ait été emmené sur place, entouré d'allumettes et de feu, prêt à lancer le cortège. Et peux-tu dire, lorsque Dieu s'est emparé de toi, que tu n'étais pas entouré de ces armes de rébellion; une nature chargée d'inimitié contre Dieu, qui, avec le temps, aurait fait son propre rapport sur ce qui, pour l'instant, reposait comme de la poudre non cuite, silencieuse en ton sein ? Ô chrétien, pense à cela, et sois humble pour ta nature infâme, et dis : béni soit Dieu qui a envoyé son Esprit et sa grâce si opportuns pour arrêter ta main, comme Abigaïl à David, alors que ta nature ne méditait que la guerre contre Dieu et ses lois. 

Troisièmement. Encore une fois, les démons sont-ils si cruellement malveillants envers Dieu lui-même ? Ô messieurs, adoptez la bonne conception du péché et vous le détesterez. Si nous sommes si facilement persuadés de pécher, c'est parce que nous ne comprenons pas le fond de son dessein en poussant une créature au péché. Il en est des hommes dans le péché comme des armées au combat. Les capitaines battent le tambour pour les volontaires et promettent à tous ceux qui sont en lice, solde et butin ; ce qui les fait venir en trombe. Mais peu se demandent quel est le terrain de la guerre, contre qui, ou pour quoi. Satan incite au péché, et fait des promesses en or sur ce qu'ils obtiendront à son service, avec lesquelles les âmes stupides ne font qu'un. Mais combien peu se demandent : « Contre qui est-ce que je pèche ? Quel est le dessein du diable en m'attirant au péché ?

Devrais-je te le dire? Crois-tu que ton péché soit pour ton plaisir ou pour ton profit ? Hélas, il n'a pas d'autre intention que de comploter, il a de plus grands desseins en tête. Par son apostasie, il a déclaré la guerre à Dieu, et il t'amène, par ton péché, à épouser sa querelle et à mettre en péril la vie de ton âme pour défendre son orgueil et sa convoitise ; ce qu'il fait, il ne se soucie pas plus de la damnation de ton âme que le grand Turc ne se soucie de voir une compagnie de ses esclaves exterminée pour avoir exécuté son dessein lors d'un siège. Et oses-tu aller en campagne pour sa querelle contre Dieu ? Ô terre, tremble devant le Seigneur. Ce sanglant Joab t'envoie là où personne n'est jamais sorti vivant. Ô ne reste pas là où les balles de Dieu sifflent. Jette tes armes, ou tu es un homme mort. Quoi que fassent les autres, ô saints, abhorrez l'idée de pécher volontairement ; ce faisant, vous aidez le diable contre Dieu. Et quoi de plus contre nature que de voir un enfant en armes contre son père ?

dimanche 7 septembre 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall, 28e partie

 

Êtes-vous vieux et ignorants ? Hélas, pauvres créatures ! Votre vie est dans son orbite, et cette bougie du Seigneur n'est pas allumée dans votre intelligence ! Votre corps s'incline vers la poussière, et la nature sonne le glas, comme si vous vous enfonciez dans les ténèbres, et vous, tel un homme qui s'enfonce dans les ténèbres, vous ignorez où la mort vous mènera ni où vous laissera. C'est comme si les infirmités de l'âge vous faisaient souhaiter que vos os reposent dans la tombe ; mais si vous mouriez dans cet état, vos pauvres âmes souhaiteraient même être de retour ici, avec leurs anciens fardeaux sur le dos! Les maux et les maladies de la vieillesse sont pénibles, mais les âmes damnées remercieraient Dieu de leur accorder un paradis tel que de pouvoir endurer ces souffrances pour échapper aux tourments de l'autre. 

Oh, réfléchissez avant de partir ! Moins vous avez de temps, plus vous devez vous efforcer d'acquérir la connaissance. On pourrait penser qu'il n'est pas nécessaire d'insister pour demander au pauvre prisonnier d'apprendre son livre, lui qui ne sait pas lire, quand il sait qu'il sera pendu s'il ne lit pas son verset. Ce n'est pas la simple connaissance des vérités de l'Évangile qui sauve, certes ; mais leur ignorance flagrante, assurément, damnera les âmes.

Êtes-vous pauvre ? Ce n’est pas votre pauvreté qui est votre péché ou votre misère, mais votre ignorance qui est votre partage. Si vous étiez pauvre en Dieu, riche en connaissance et en foi, vous seriez heureux; "Mieux vaut un enfant pauvre et sage qu'un roi vieux et insensé, qui ne veut plus être averti" (Ecclésiaste 4:13), oui, si heureux que si les princes du monde comprenaient bien leur véritable état, ils préféreraient porter vos vêtements, si loqueteux soient-ils, plutôt que de porter leurs propres robes! Il y a de meilleures choses pour vous au ciel, que vous revêtirez lorsque les leurs seront arrachés à leur honte. Vous ne serez pas alors troublé d'avoir été pauvre dans le monde ; mais cela les tourmentera d'avoir été si riches et si grands (devant les hommes), mais si pauvres devant Dieu et dans leur âme.

Êtes-vous riche ? Travaillez pour la connaissance du Très-Haut. Salomon possédait plus de trésors terrestres que mille d'entre vous, et pourtant nous le trouvons en prière, luttant avec Dieu pour la connaissance, 2 Chroniques 1:10. Toutes ces jouissances extérieures ne sont que des "coquilles de bénédictions", comme les afflictions sont des "coquilles de maux". Je crains que beaucoup d'hommes se croient privilégiés par leur grandeur terrestre, comme si Dieu était tenu de les sauver parce qu'ils sont riches. Hélas, messieurs, vous n'êtes pas si nombreux à vouloir venir. Je dois avouer qu'on tremblerait à l'idée du petit nombre de ceux qui, parmi les grands, seront sauvés. Peu de grands, peu de riches. Pourquoi si peu sauvés ? Parce que si peu possèdent la connaissance salvatrice. 

Ô l'athéisme, l'ignorance, la barbarie stupide que l'on trouve même chez ceux que le monde applaudit et adore, à cause de leurs terres et de leurs biens, et qui pourtant sont incapables de rendre compte de leur foi! Un pauvre chrétien en haillons leur fera honte et en catéchisera une centaine. Si le ciel s'achetait avec une maison et des terres, ces riches les enlèveraient aux pauvres disciples de Jésus-Christ ; ils ont toujours des centaines et des milliers de dollars à leur disposition pour un achat, mais cet argent n'est pas utile dans les échanges célestes. "La vie éternelle, c'est de te connaître, toi et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ."

Question. Mais comment une âme ignorante peut-elle accéder à la connaissance ?

Première réponse. Sois profondément affecté par ton ignorance. Certains sont aveugles, comme à Laodicée, et ne le savent pas (Apocalypse 3:17).  De même que l'ignorance aveugle l'esprit, l'orgueil est un voile devant leur ignorance, les empêchant de la reconnaître. Ceux-ci ont une si haute opinion d'eux-mêmes qu'ils prennent mal qu'on les voient tels qu'ils sont. Ceux-là sont les plus éloignés de la connaissance ; ils sont trop "bons" pour apprendre des hommes, comme ils le pensent, et trop mauvais pour être enseignés par Dieu. La porte d'entrée à l'école du Christ est basse, et ceux-ci ne peuvent s'abaisser. Le Maître lui-même est si humble et si bas qu'il n'enseignera pas un érudit orgueilleux. Deviens donc d'abord un insensé à tes propres yeux. Un homme plus sage que toi l'a avoué : "Je suis plus stupide que tous les hommes, et je n'ai pas l'intelligence d'un homme. Je n'ai pas appris la sagesse, et je n'ai pas la connaissance des choses saintes." (Proverbes 30:2, 3). Lorsque tu seras revenu à toi-même, que tu reconnaîtras et que tu rougiras de l'ignorance stupide de ton esprit, tu seras digne d'être admis à l'école du Christ. S'ils ont honte, alors montre-leur le modèle de la maison (Ézéchiel 43:10).

Deuxième réponse. Sois fidèle avec ce peu de connaissance que tu possèdes. Es-tu convaincu que ceci est un péché et que cela est un devoir ? Suis attentivement la lumière, tu ne sais pas ce que ce petit peu peut devenir. Nous avons l'habitude d'inculquer à nos enfants un peu de savoir au début, et nous l'accroissons à mesure qu'ils l'utilisent. Le royaume de Dieu naît de petits commencements. Dieu se plaint d'Israël, qui était stupide dans sa connaissance (Jérémie 10:14). Il ne dit pas "stupide dans son ignorance" ; s'ils avaient péché par ignorance, cela aurait été excusé, mais ils ont agi de manière stupide et déraisonnable, comme adorer des images taillées, malgré le fait qu'ils savaient qu'ils ne devaient pas le faire.

L'homme qui prostitue le peu de connaissance qu'il a au péché n'excellera pas en connaissance : "S'ils désobéissent, ils périront par l'épée, et ils mourront sans connaissance", Job 36:12. Une bougie, enfermée dans une lanterne obscure, s'éteint rapidement ; ainsi, la lumière est enfermée dans la conscience et ne peut être entendue dans la conversation. Ces païens accusés de détenir "la vérité dans l'injustice" (Rom. 1:18), la nouvelle suivante que vous apprenez d'eux est qu'ils sont devenus vains dans leurs imaginations et que leur cœur insensé a été enténébré (v. 21). 

Troisième réponse. Invoquez le trône de la grâce. Le meilleur étudiant en théologie est celui qui étudie le plus à genoux. La connaissance est un don divin ; toute lumière vient du ciel. Dieu est le Père de la lumière, et la prière place l’âme sous sa tutelle. Si quelqu’un manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu. Celle-ci est plus que la simple connaissance ; la sagesse est là pour l’utiliser. L'étude peut faire de quelqu'un un grand érudit des Écritures, mais la prière fait un chrétien sage, car elle acquiert une connaissance sanctifiée, sans laquelle elle n'est pas un don parfait. Priez donc avec une humble audace. Dieu donne tout ce qu'on demande, et cela avec franchise et libéralité ; ne soyez pas comme un homme orgueilleux qui préfère faire honte à celui qui est faible par son ignorance plutôt que de se donner la peine de l'instruire. Votre requête est très agréable à Dieu. Souvenez-vous comment Salomon s'est empressé de saisir une telle occasion et promettez-vous le même succès.

L'école du Christ est une école libre ; il ne refuse aucun de ceux qui viennent à lui, aussi se soumettront-ils à ses ordres ; et bien que tous n'aient pas le même niveau de connaissance, il n'est pas nécessaire que tous soient comme Salomon en connaissance, bien que tous devraient être des Salomon par leur attitude. Pourtant, le plus humble disciple que le Christ envoie sera doté d'une connaissance salvatrice suffisante pour lui permettre d'entrer dans l'académie céleste. "Tu me guideras par tes conseils, et ensuite tu me mèneras à la gloire".

Quatrième réponse. Tu dois consacrer du temps à ta recherche assidue de la vérité. La vérité est profonde et il faut la creuser. Puisque l'homme a été chassé du paradis, il ne peut rien faire sans peine, sauf pécher (ce qui est sa faute), mais ce trésor de connaissance exige bêche et pioche. Il nous est demandé de "sonder les Écritures". Il est dit encore que "beaucoup courront çà et là, et la connaissance augmentera" (Daniel 12:4), métaphore tirée de ces marchands qui s'efforcent d'acquérir des terres, courent çà et là, d'abord dans un pays, puis dans un autre ; partout où ils entendent parler de quelque chose à acquérir, ils s'y rendent, même jusqu'aux extrémités de la terre.

Ainsi, l'âme doit courir d'un devoir à l'autre, lisant un moment, puis méditant sur ce qu'elle a lu, puis priant sur ses méditations et demandant conseil après tout. Que signifie ceci, et comment comprenez-vous cela ? (Ce n'est pas l'école d'Épicure, mais ses conversations qui ont fait de grands hommes). Une brève conversation avec le prédicateur apporte parfois plus de lumière que son sermon tout entier. Assurez-vous de parcourir tous les chemins de la connaissance dans votre démarche. Dans cette quête de connaissance, observez trois points. 

1. Le but que tu te proposes, c'est d'être pur et saint ; ne pas se contenter de savoir, comme le font certains qui travaillent pour la connaissance, comme beaucoup pour les domaines, et qui, une fois acquis, considèrent leurs idées comme leurs sacs d'argent, sans avoir le cœur d'utiliser leur savoir pour leur bien ou celui des autres ; c'est un mal cruel. La connaissance spéculative, comme Rachel, est belle, mais stérile. Ne pas être reconnu et admiré par les autres pour sa supériorité en connaissance sur ses frères; en vérité, c'est un but trop vil à atteindre en recherchant la connaissance, surtout celle de Dieu en Christ. Voir un païen étudier la philosophie pour acquérir des connaissances, puis consacrer tout son travail à ce marché et se croire récompensé par l'obtention du nom de sage, est, bien que vil, plus tolérable ; mais pour quelqu'un qui connaît Dieu et sait apprécier sa présence, de se contenter de la vaine approbation de l'homme misérable, c'est une folie. 

Regarde, tu voles plus haut que cela. Travaille à la connaissance, afin de craindre Dieu que tu connais. Ainsi David dit : "Enseigne-moi, ô Éternel, la voie de tes préceptes ; et je la garderai jusqu'à la fin" (Psaume 119:33). La Parole de Dieu est appelée une lumière à nos pieds, non pas pour que nos langues puissent simplement en parler, mais pour que nous puissions marcher avec! Efforce-toi d'y parvenir, non pas pour répandre ton propre nom, mais pour célébrer celui de Dieu. Comme David le promet, lorsqu'il comprendra les préceptes de Dieu, il parlera de ses œuvres merveilleuses, il en fera la renommée et incitera ainsi les autres à s'intéresser à Dieu.

2. Quand ton but est bien fixé, tu dois être constant dans tes efforts pour l'atteindre. Les mystères du Christ ne s'apprennent pas en un jour. Alors nous connaîtrons, si nous poursuivons notre chemin vers la connaissance du Seigneur, Osée 6:3. Certains sont de bonne humeur, peut-être, et ils lisent la Bible, un chapitre ou deux, puis la mettent de côté pendant une semaine, sans jamais la pratiquer davantage, comme ces garçons qui, s'ils sont à l'école un jour, font l'école buissonnière toute la semaine suivante ; est-il étonnant que de tels ne s'épanouissent pas dans la connaissance ? 

Voici un excellent discours de Bernard. Il dit: "L’étude de la Parole et sa lecture diffèrent autant que l’amitié de ceux qui conversent chaque jour avec amour, diffère de la connaissance que l’on a d’un étranger dans une auberge ou que l’on salue en passant dans la rue." Si vous voulez vraiment acquérir la connaissance, vous devez non seulement saluer la Parole de temps à autre, mais marcher avec elle et entrer en conversation quotidienne avec elle. Trois hommes, qui se tenaient aux côtés d'Abraham assis à l'entrée de sa tente, étaient réservés et étranges, jusqu'à ce qu'Abraham les invite dans sa tente et les accueille amicalement; ils se révélèrent être des anges (Genèse 18:2), et le Christ, qui était l'un d'eux (comme l'indique le nom de Yahvé, qui lui est donné dans plusieurs versets, et aussi ce qu'il a promis de faire à Sara (v. 10), commence à se révéler à Abraham et à lui révéler ses secrets. 

L'âme qui, plus que toute autre, connaîtra les secrets de Dieu dans sa Parole, ne la lira pas à la légère, ni ne la complimentera, à la porte de sa tente, mais désirera une plus grande intimité avec elle et la conservera donc en son âme par une méditation fréquente. David compare le mot "douceur" au miel et au rayon de miel. En effet, il est si riche qu'à la première lecture, une certaine douceur s'en échappe de temps à autre, mais celui qui ne l'approfondit pas par la méditation en laisse le plus de côté.

3. Assure-toi d'adopter le bon ordre et la bonne méthode. Les arts et les sciences ont leurs rudiments, ainsi que leurs notions plus difficiles à comprendre et plus profondes, et le bon point de départ est certainement d'en apprendre les principes. Nous disons qu'il est peu probable que celui qui n'a jamais été bon en grammaire fasse un bon érudit universitaire. Et ceux qui ne sont pas instruits des fondements du christianisme ne peuvent être de solides chrétiens. 

C'est l'absence de cela qui explique pourquoi beaucoup sont si inconstants. D'abord de telle manière, puis de telle autre, comme des verres soufflés dans n'importe quelle forme, comme les faux docteurs se plaisent à leur insuffler. Hélas ! Ils n'ont aucun point central sur lequel se baser pour tracer leurs lignes. Ne considérez pas comme une honte, vous qui avez sombré dans l'erreur et vous êtes perdus dans les labyrinthes de points profonds, qui sont maintenant le grand discours des plus faibles professeurs, d'être retardés pour mieux apprendre les premiers principes des oracles de Dieu. Trop nombreux sont ceux qui, comme le dit Tertullien dans un autre cas, sont plus soucieux de leur réputation que de leur salut ; ils ont plus honte d'être considérés comme ignorants que soucieux de la guérir.

Cinquième réponse. Si tu veux parvenir à la connaissance divine, attends-toi au ministère de la Parole. Quant à ceux qui négligent cela et ne viennent pas là où la Parole est prêchée, ils aiment qu'on tourne le dos au soleil pour le voir. Si tu veux connaître Dieu, viens là où il t'a destiné à apprendre. En effet, là où les moyens manquent, Dieu a des voies extraordinaires. Ainsi, s'il n'y a pas d'école en ville, un père enseigne son enfant à la maison, mais s'il y a une école publique, il l'y envoie. Dieu manifeste par nous, dit Paul, en tout lieu la saveur de sa connaissance (2 Corinthiens 2:14). Que les hommes parlent de l'Esprit comme ils veulent. Ils finiront par être trouvé éteigneurs de l'Esprit, c'est-à-dire méprisant la prophétie ; les deux sont étroitement liés, 1 Thessaloniciens 5:19,20 : N'éteignez pas l'Esprit. Ne méprisez pas la prophétie. Mais il ne suffit pas de se contenter des moyens. La triste expérience nous l'enseigne. Certains ne bronzent pas, ils gardent leur teint ancien sous la lumière éclatante et brûlante de la Parole prêchée, aussi ignorants et profanes que ceux qui n'ont jamais connu l'Évangile. Par conséquent, si vous voulez tirer un quelconque avantage spirituel de la Parole, prenez garde à la manière dont vous l'écoutez.

Sois un auditeur éveillé. Faut-il s'étonner qu'il quitte le sermon sans plus de sagesse qu'il n'y est venu, celui qui dort la plus grande partie, ou qui écoute un peu entre le sommeil et lorsqu'il est éveillé ? Ce doit être dans un rêve, assurément, si Dieu lui révèle quoi que ce soit à son esprit! C'est ainsi que Dieu a agi envers les pères d'autrefois, mais ce n'était pas comme s'ils dormaient profane sous une ordonnance. Ô, prends garde à une telle irrévérence. Celui qui se prépare à dormir, comme certains le font à un tel moment, ou celui qui n'en est pas profondément humilié, tous deux trahissent la basse estime qu'ils ont de l'ordonnance.

Tu ne penses sûrement pas grand chose de ce qui est annoncé, si cela ne te tient pas éveillé, pourtant, c'est un message de Dieu lui-même. Vois comme tu es réprimandé par l'attitude d'un païen, et d'un roi. Éhud dit simplement à Églon : "J'ai un message de Dieu pour toi", et il se leva de son siège, Juges 3:20. Et toi, tu t'affales sur ton siège pour dormir! Comment oses-tu faire un tel affront au grand Dieu ? Combien de fois t'es-tu endormi au dîner ou en racontant tes histoires ? Et la Parole de Dieu ne vaut-elle pas mieux que tout cela ? Je me demande si ces dormeurs durant le sermon rêvent d'autre chose que du feu de l'enfer. Il est dangereux, vous savez, de s'endormir avec une bougie allumée à nos côtés ; certains ont été brûlés dans leur lit, mais il est encore plus dangereux de dormir alors que la bougie de la Parole brille si près de nous. Et si vous sombriez raide mort comme Eutychus ? Il n'y a pas de Paul pour vous relever comme il l'a fait ; et si vous ne vous réveillez pas, où est votre sécurité ?

Tu dois être un auditeur attentif. Celui qui est éveillé, mais dont l'œil ou le cœur erre, que fait-il d'autre que de dormir les yeux ouverts ? Il vaudrait mieux que le serviteur dorme dans son lit, comme lorsqu'il est debout, sans se mêler des affaires de son maître. Lorsque Dieu veut une âme bienheureuse par la Parole, il l'incite à écouter attentivement ce qui lui est transmis, comme nous le voyons en Lydie, qui, dit-on, était attentive aux paroles de Paul ; et ceux en Luc 19:48 dont il est dit; "Le peuple était attentif à l'écouter." Ils s'accrochaient à lui, comme vous voyez des abeilles sur une fleur douce, ou comme des oisillons sur le bec de leurs mères qui les nourrissent, tel est l'âme qui recevra lumière et vie par la parole. "Écoutez, mes enfants, et soyez attentifs pour connaître l'intelligence", Proverbes 4:1.

Efforce-toi donc d'écouter la Parole pour fixer ton esprit vif, et applique-toi à écouter, comme Josaphat priait, dit-on, afin que, avant de partir, tu puisses enfoncer profondément dans ton cœur tes besoins spirituels, surtout de ton ignorance des choses de Dieu et de ton état déplorable qui en résulte : tant que le cœur n’est pas touché, l’esprit ne peut se fixer. Vous pouvez donc observer, dit-on, que Dieu ouvrit le cœur de Lydie, afin qu'elle soit attentive (Actes 16:14). 

L'esprit se détourne de la volonté ; nous consacrons nos pensées à ce que notre cœur nous propose. Si le cœur n'a pas conscience de son ignorance, ou ne désire pas Dieu, il n'est pas étonnant qu'il n'écoute pas ce que dit le prédicateur ; son cœur dirige son esprit ailleurs. "Ils sont assis devant moi comme mon peuple", dit Dieu, "mais leur cœur est porté par la convoitise. Ils ne viennent pas avec l'intention ou le désir d'entendre pour le bien de leur âme ; car alors ils se consacreraient entièrement à l'œuvre". Non, c'est leur convoitise qui les ronge. Tel un serviteur oisif, après avoir servi son maître et l'avoir conduit à son banc, il rejoint ses camarades à la taverne et ne revient plus avant la fin du sermon. 

Telles sont les pensées de la plupart des gens lorsqu'ils vont à l'office. Ils se faufilent dans la rue, au marché ou dans un magasin ; vous pouvez les trouver n'importe où, sauf à propos du devoir qui les attend, et tout cela parce que leur cœur est plus "important" que Dieu et à sa parole.

Tu dois être un auditeur attentif. Sans cela, le travail sera toujours à recommencer. Les vérités pour un auditeur oublieux sont comme un sceau apposé sur l'eau : l'empreinte ne dure pas plus longtemps que le sceau ; une fois le sermon prononcé, tout est perdu. Prends donc bien soin de graver ce que tu entends dans ta mémoire, afin de pouvoir…

1. Accueillir la vérité avec amour. Un auditeur affectueux ne sera pas un auditeur oublieux. L'amour aide la mémoire. "Une femme peut-elle oublier un enfant, une servante ses ornements, ou une mariée sa parure ?" Non, elles les aiment trop. Si les vérités de Dieu t'étaient si précieuses, tu y penserais avec David jour et nuit. Même lorsque le chrétien, par faiblesse de mémoire, ne peut se souvenir des mots qu'il entend, ni les répéter, il en conserve néanmoins la puissance et la saveur dans son esprit. Comme le sucre dissous dans le vin, on ne le voit pas, mais on peut le goûter ; quand on mange et digère la viande, on ne la retrouve pas telle qu'elle a été reçue, mais l'homme en est réconforté et fortifié, plus apte à marcher et à travailler qu'auparavant, ce qui permet de savoir qu'elle n'est pas perdue ; ainsi, vous pouvez goûter les vérités que le chrétien a entendues dans son esprit et les voir dans sa vie.

Si vous lui demandez quels étaient les détails du pasteur concernant la foi, la mortification, la repentance, etc., il ne pourra peut-être pas vous le dire. Pourtant, vous constaterez peut-être que son cœur est plus brisé par le péché, plus capable de s'appuyer sur les promesses et désormais sevré du monde. Comme cette dame qui répondit à quelqu'un qui revenait du sermon et lui demanda ce dont elle se souvenait, elle dit qu'elle ne se souvenait pas de grand-chose, mais qu'elle avait entendu des paroles pour lui faire comprendre qu'elle devrait réformer certaines choses dès son retour à la maison.

2. Médite sur ce que tu entends. David acquit ainsi plus de sagesse que ses maîtres. Observe quelle vérité, quel passage de l'Écriture s'est éclairé pour toi dans le sermon, plus qu'auparavant ; prends le temps de le méditer en secret et de te le rendre ainsi familier. La méditation est au sermon ce que la herse est à la semence : elle recouvre des vérités qui, autrement, auraient pu être cueillies ou balayées. Je crains que de nombreuses preuves soient rejetées lors d'un sermon, et qu'elles soient à peine présentées et examinées une fois le sermon terminé ; et si tel est le cas, vous faites croire aux autres que vous êtes de plus grands marchands de vos âmes que vous ne l'êtes en réalité. C'est comme si quelqu'un arrivait dans une boutique et déposait une grande quantité de marchandises de luxe, puis s'en allait sans jamais les réclamer. Oh, prenez garde à de tels agissements! L'hypocrite finit par se tromper lui-même.

3. Décharge ta mémoire de tout péché. Nous effaçons notre registre et effaçons ce qui y est griffonné, avant de pouvoir y écrire à nouveau. Il existe une telle contradiction entre les vérités de Dieu et tout ce qui est écume et péché, que l'une occulte l'autre. Si tu veux conserver l'une, tu dois abandonner l'autre.