dimanche 17 août 2025

Ton soulier ne s'est point usé

 

"Je t'ai conduit pendant quarante années dans le désert; tes vêtements ne se sont point usés sur toi, et ton soulier ne s'est point usé à ton pied" (Deutéronome 29:5).

Cet exemple seulement est encore une leçon pour nous aujourd'hui. Nous vivons dans un monde où la confiance en soi et l'estime de soi prennent une place importante. Jusqu'à un certain point, ce n'est pas mauvais, mais ça le devient lorsque cela conduit à faire croire à l'homme qu'il peut se passer de Dieu et qu'il peut très bien s'occuper de ses propres affaires lui-même sans avoir à se soumettre à son Créateur. À son plus grand malheur, il se trompe. 

Cette mentalité nous conduit à tout prendre sur nos épaules; nous sommes incapables de faire confiance à Dieu, même lorsque nous prétendons croire en Lui. Parce qu'Il n'est pas visible; nous ne pouvons pas le toucher, ni le voir et cela est incompatible avec cette idée que "nous pouvons tout faire nous-mêmes, quand nous le voulons". Nous n'avons plus cette capacité "d'attendre en silence le secours de l'Éternel" (Lamentations 3:26). Pourtant, il est bien dit au verset 25 que "l'Éternel a de la bonté pour qui espère en lui, pour l'âme qui le cherche". 

Cela nous ramène donc à notre verset initial: Conduits au désert sous la main puissante de Dieu, les Israélites on vu dans leur propre vie la puissance de Dieu à l'œuvre. Quarante ans au désert, et pourtant, Dieu leur a donné manne et eau du rocher; leurs vêtements ne se sont pas usés, ni leurs souliers. Certains disent que ce texte devrait être compris comme démontrant que Dieu pourvoyait aux matériaux pour que le peuple ne manque de rien et qu'il ait toujours des vêtements neufs, mais, quoi qu'il en soit, cela demeure un exemple matériel de la puissance de Dieu à l'œuvre même dans les choses que nous ne voyons pas. Ce peut être, par exemple, une prière auquel il nous semble que nous n'avons pas de réponse; une situation que nous jugeons désespérée dans laquelle nous nous trouvons, et il nous semble que Dieu tarde à nous en délivrer, mais pourtant Il est là et Il agit dans l'invisible et fait toutes choses bonnes, en Son temps (Ecclésiaste 3:11). Les exemples sont nombreux, nous traversons tous à un moment ou l'autre un désert dans nos vies, mais Dieu reste le même hier, aujourd'hui et éternellement (Hébreux 13:8).

Nous pouvons avoir confiance en Lui, en toutes circonstances. Nous étudierons donc brièvement la signification spirituelle de ces vêtements et de ces souliers qui ne s'usèrent pas. Nous tous qui avons crus sommes revêtus "de l'homme nouveau" (Colossiens 3:10; Éphésiens 4:24), et cette nouvelle nature n'est pas de nous, mais de Dieu. Éphésiens 4:24 dit bien que cet homme nouveau est "créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité". La justice et la sainteté de Dieu sont éternelles; elles n'ont pas de limite. Elles ne changent pas et ne s'usent pas avec le temps. Nous lisons en Romains 3:24 que, par la foi, nous sommes justifiés par la grâce de Dieu, "par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ". 

Lorsque nous avons foi en Jésus, c'est comme si Dieu, par Sa grâce, nous habillait de Sa justice. Tant que nous demeurons en Lui, et Lui, en nous, comment ce "vêtement" de justice pourrait-il nous être enlevé? Comment pourrait-il s'user, alors qu'il nous est fournit par un Dieu éternel?

Les souliers aux pieds. Nous avons déjà étudié cela le 28 août 2022 dans un article intitulé: "Des souliers aux pieds". "Qu'ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut! De celui qui dit à Sion: ton Dieu règne!" (Esaïe 52:7). Il est dit dans notre texte d'ouverture que l'Éternel s'est assuré que les souliers de Son peuple ne s'usent pas. N'est-il pas écrit en Éphésiens 6:15 : "Mettez pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l'Evangile de paix" ? Lorsque Dieu nous demande de faire quelque chose, Il nous en donne non seulement les moyens, mais Il nous donne aussi la capacité de mener à terme ce que nous avons commencé! Il avait demandé à Son peuple de sortir d'Égypte afin d'entrer en Terre Promise; malgré la rébellion de Son peuple, Il a été fidèle et Il leur a démontré l'étendue de Sa puissance et de Sa gloire. C'est d'ailleurs ce que Moïse cherche à leur rappeler dans ce passage des Écritures: "Vous avez vu tout ce que l'Eternel a fait sous vos yeux" (Deutéronome 29:2). 

S'il est une seule bonne raison de regarder en arrière, c'est bien de se rappeler de tout ce que le Seigneur a fait, d'où Il nous a tiré et vers où Il nous emmène!

Sachons qu'Il ne nous demandera jamais d'œuvrer dans Son ministère, peu importe notre appel, sans nous en donner les moyens. Après nous avoir pardonné, par l'œuvre expiatoire de Christ à la croix, Il nous ordonne de marcher sur les traces de notre Seigneur Jésus. Il nous demande aussi de le faire avec persévérance (Luc 21:19; Hébreux 10:36; Apocalypse 14:12). Nous devons comprendre ici que nous n'avons pas à chercher ailleurs qu'à Dieu pour obtenir le secours dont nous avons besoin, quel qu'il soit. S'il s'est occupé fidèlement de fournir la nourriture, l'eau et les vêtements à Son peuple pendant quarante ans dans un désert inhospitalier, Il peut, et Il va aussi nous donner ce dont nous avons besoin dans notre pèlerinage ici-bas. Jésus nous dira d'ailleurs de ne pas nous inquiéter pour les choses de ce monde, car notre Père céleste connait nos besoins (Matthieu 6:32-33). 

Dans notre marche avec Christ, Il nous a mit des chaussures aux pieds. Dans quelle direction vont-ils? Allons-nous de l'avant sur le sentier étroit? Sommes-nous fidèles, selon l'exhortation du Maître en Apocalypse 2:10 : "Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie". Certainement, si nous persévérons sur le sentier que nous devons suivre, les souliers de l'armure spirituelle dont Il nous revêt ne s'useront pas! Faisons-Lui confiance; gardons les yeux fixés sur Lui, et Il prendra soin de nous. "Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du malin" (2 Thessaloniciens 3:3).    

"Non pas à nous, Éternel, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité" (Psaume 115:1). 

dimanche 10 août 2025

La récompense des fidèles, par D.L. Moody

Je parle d'expérience; je suis au service du Seigneur depuis vingt et un ans, et je tiens à témoigner qu'Il est un bon payeur, qu'Il paie promptement. Oh, je crois voir des visages s'illuminer devant moi à ces mots. Vous avez été dans les champs de moisson du Seigneur, et vous savez que c'est vrai. Travailler pour Lui est une source de fierté; guider une âme pauvre et fatiguée vers le chemin de la vie et tourner son visage vers les portes dorées de Sion. Le salaire du Seigneur est meilleur que l'argent et l'or, car il dit que l'âme fidèle recevra une couronne de gloire. 
Si le maire de Chicago publiait une proclamation affirmant qu'il a du travail pour les hommes, les femmes et les enfants de la ville, et qu'il leur donnerait un dollar par jour, les gens diraient que c'est très bien de sa part. Mais cet argent s'évanouirait en peu de temps. Mais voici une proclamation venant directement du Trône de Grâce, adressée à chaque homme, femme et enfant du monde entier, pour qu'ils se rassemblent dans la vigne de Dieu. Ils y trouveront des trésors inaltérables, couronnes de vie éternelle. L'ouvrier trouvera des trésors amassés dans la maison de son Père, et, après y avoir fidèlement servi, il sera accueilli par des amis rassemblés là. Travaillez pour des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ! Pensez-y, et à la récompense. Ces petits enfants, mes amis, ont tendance à être négligés ; mais il faut les conduire à Christ. Les enfants ont beaucoup accompli dans la vigne. Ils ont conduit leurs parents à Jésus. 
C'est une petite fille qui a conduit Naaman à Christ. Christ peut trouver une œuvre utile pour ces petits. Il voit les petites choses, et nous devons y prêter une grande attention. En marchant dans la rue aujourd'hui, je me suis dit que si je pouvais vous faire comprendre que nous sommes venus ici comme dans une vigne, pour moissonner et récolter, nous aurons une moisson glorieuse, et que nous souhaitons que chaque classe nous aide. La première classe que nous voulons, ce sont les ministres. Une chose m'a fait plaisir ce matin : les huit mille personnes qui sont venues dans ce bâtiment, et le grand nombre de ministres qui m'ont pris par la main, les larmes aux yeux, et m'ont lancé un "Que Dieu vous bénisse !" Cela m'a soulagé. Certains ministres se cachent derrière les poteaux, comme s'ils avaient honte d'être vus en notre compagnie et lors de nos réunions. Ils viennent critiquer le sermon et le démolir. Cela ne demande aucun effort. Nous ne voulons pas que les ministres nous critiquent, mais qu'ils nous aident et nous disent quand nous avons tort. 
Il y avait un ministre dans cette ville qui m'a fait beaucoup de bien à mes débuts. Lorsque j'ai commencé à enseigner la Parole de Dieu, j'ai commis de nombreuses erreurs. J'ai appris que pour acquérir quoi que ce soit, on commet souvent de nombreuses erreurs. Si un homme veut apprendre un métier; charpentier, plombier, peintre, il commettra forcément des erreurs. Or, ce pasteur, un vieil homme, avait l'habitude de me prendre à part et de me raconter mes erreurs. Nous voulons donc que les pasteurs viennent nous parler de nos erreurs, et si nous les amenons à le faire avec nous, une source spirituelle jaillira sur chaque église de la ville. De nombreux pasteurs m'ont demandé : "Que voulez-vous que nous fassions ?" Le Seigneur doit nous enseigner notre travail. 
Que chaque enfant de Dieu vienne à ces réunions et dise : "Enseigne-moi, ô Dieu, ce que je peux faire pour aider ces hommes et ces femmes qui cherchent le chemin du salut", et qu'à la fin des réunions, il s'approche d'eux et leur indique le chemin. Si des hommes et des femmes doivent être convertis lors de grandes réunions, c'est par des contacts personnels avec eux. Ce que nous voulons, c'est un contact personnel avec eux. Si plusieurs personnes étaient malades et qu'un médecin leur prescrivait un seul médicament, vous penseriez que ce n'est pas bien. Ce public est spirituellement malade, et nous souhaitons que des chrétiens aillent à sa rencontre et découvrent ses difficultés. Cinq minutes de consultation privée les instruiront. Nous voulons aller à la rencontre des gens. Chacun porte un fardeau particulier ; chaque famille a une histoire différente à raconter. Apportez-leur l'Évangile du Seigneur et montrez-leur son application ; dites-leur comment l'appliquer afin de répondre à leurs propres besoins ; laissez le pasteur entrer dans la salle d'informations afin de répondre à leurs propres affaires.
Un vieil homme, pasteur à Glasgow, en Écosse, était l'un des plus actifs lors de nos réunions. Lorsqu'il prêchait ailleurs, il arrivait en taxi, Bible à la main. Quel que soit le quartier de Glasgow où il prêchait, il parvenait à assister à presque tous nos cultes. Le vieil homme entrait et parlait avec tendresse à l'assemblée, éclairant les âmes les unes après les autres. Son assemblée était relativement petite à notre arrivée, mais grâce à ses efforts acharnés pour servir ceux qui cherchaient la Parole, lorsque nous avons quitté Glasgow, son église ne pouvait accueillir les personnes qui demandaient à être admises. Je ne connais personne qui nous ait aidés comme le Dr Andrew Bonner. Il était toujours prêt à conseiller les faibles et à montrer la voie à l'âme en quête de Christ. Si nous n'avons pas assez de pasteurs, que ceux que nous avons se manifestent, et leurs anciens et diacres les suivront.
La prochaine classe que nous souhaitons aider à atteindre les gens est celle des enseignants de l'école du dimanche, et j'apprécie leur expérience autant que celle des pasteurs. Dans les villes où nous sommes allés, des enseignants sont venus me voir et m'ont dit : "M. Moody, priez pour mes élèves de l'école du dimanche". Je les ai pris à part, je leur ai expliqué leurs devoirs et montré comment ils devraient eux-mêmes prier pour leurs élèves. Lors de la réunion suivante, ils revenaient souvent et la prière s'élevait d'eux : "Que Dieu bénisse mes élèves !"
Dans une ville où nous nous sommes rendus, un directeur d'école du dimanche est venu trouver son pasteur et lui a dit : "Je ne suis pas digne de rassembler les pécheurs à la vie éternelle ; je ne peux plus être directeur." Le pasteur lui a demandé : "Pour quelle raison ?" et l'homme a répondu : "Je ne suis pas en règle avec Dieu." Le pasteur lui a alors conseillé que la meilleure chose à faire, plutôt que de démissionner, était de se réconcilier avec Dieu. Il a donc prié avec ce professeur pour que la vérité brille sur lui ; et Dieu a illuminé son âme par la Parole. Avant mon départ, le pasteur m'a dit que tout doute avait disparu de l'esprit de ce directeur, et qu'il s'était mis au travail avec ardeur et avait rassemblé, depuis sa conversion, plus de six cents élèves dans l'école de son Église. Dieu peut bénir, bien sûr, malgré les écoles et les enseignants ; mais ils sont les canaux du salut. Rassemblez vos classes et priez Dieu de les convertir. Nous avons entre trois et cinq mille "enseignants" ici. Supposons qu'ils disent : "Je vais essayer d'amener mes enfants à Christ", quelle réforme nous aurions ! Ne dites pas que ce garçon est trop petit, ou que cette fille est trop chétive ou insignifiante. Chacun est précieux aux yeux du Seigneur. Une enseignante, que j'ai trouvée à nos services alors qu'elle aurait dû être présente à sa classe, lorsque je lui ai demandé pourquoi elle était présente, m'a dit : "Eh bien, j'ai une très petite classe, seulement cinq petits garçons." "Comment", ai-je dit, "vous êtes venu ici et vous avez négligé ces petits ! Il se peut que dans cette petite tête blonde se trouvent les germes d'une réforme." Il peut y avoir un Luther, un Wheaton, un Wesley ou un Bunyan parmi eux. Vous négligez peut-être une chance pour eux, dont les effets les suivront toute leur vie. Si vous ne regardez pas ces choses, enseignants, quelqu'un entrera dans votre vigne et récoltera les richesses que vous devriez avoir.
Regardez ce que cette institutrice a fait dans le sud de l'Illinois. Elle avait appris à une petite fille à aimer le Sauveur, et elle lui a dit : "Tu ne peux pas convaincre ton père de venir à l'école du dimanche ?" Ce père était un homme grossier, buveur, et l'amour de Dieu n'était pas dans son cœur. Mais sous la direction de cette institutrice, la petite fille est allée trouver son père, lui a parlé de l'amour de Jésus et l'a conduit à cette école du dimanche. Quel fut le résultat ? J'ai entendu dire, avant mon départ pour l'Europe, qu'il avait contribué à la fondation de plus de sept cent quatre-vingts écoles du dimanche dans le sud de l'Illinois. Et quel privilège pour un enseignant : celui de conduire des âmes à Christ ! Que chaque enseignant d'école du dimanche dise : "Avec l'aide de Dieu, je m'efforcerai de conduire mes élèves à Christ."
Il me semble que, dans nos réveils, nous recevons plus de soutien de la part des jeunes hommes, à l'exception des mères, que de toute autre catégorie. Les jeunes sont des travailleurs dynamiques et énergiques. Les personnes âgées sont de bons conseils et devraient, par leurs bonnes paroles, aider les jeunes à rendre le christianisme plus agressif. Ces salles de billard sont ouvertes depuis assez longtemps. On y trouve de nombreux trésors, qui ne demandent qu'à être guidés (à Christ) pour remplir leur âme de l'amour de Dieu. Que les jeunes hommes aillent les supplier, les emmènent au Tabernacle, et ne les laissent pas repartir sans leur présenter les revendications du Christ et leur montrer son amour éternel. Prenez-les par la main et dites-leur : "Je veux que vous deveniez chrétiens." Ce que nous voulons, c'est un corps à corps avec les salles de billard et les débits de boissons. N'ayez pas peur, mais entrez-y et invitez les jeunes hommes à venir. Je sais que certains d'entre vous disent, avec mépris : "On ne nous laissera jamais entrer ; ceux qui y entreront nous chasseront." C'est une erreur. Je sais que je suis allé les voir et que je leur ai fait des remontrances, sans jamais être maltraité. Parmi les meilleurs ouvriers, certains étaient des propriétaires de ces lieux, et des habitués. Il y a là des jeunes gens qui brisent le cœur de leurs mères et se perdent pour l'éternité. L'Esprit du Seigneur Jésus-Christ vous demande de les rechercher. Si nous ne parvenons pas à les attirer ici, que le bâtiment soit démoli, et allons les retrouver, et parlons-leur du Christ et du Ciel. Si nous trouvons quelqu'un à qui prêcher, prêchons, même à une seule personne. Le Christ a prêché l'un de ses plus merveilleux sermons à la femme au puits ; et ne serions-nous pas disposés à aller vers l'une d'elles, comme lui, et à lui parler du salut ? Et prêchons aux hommes, même s'ils sont sous l'emprise de l'alcool!
Je peux raconter une petite expérience. À Philadelphie, lors d'une de nos réunions, un homme ivre s'est levé. Jusque-là, je n'avais aucune confiance dans la conversion d'un homme ivre. Dès qu'on approchait, on le faisait généralement sortir. Cet homme se leva et cria : "Je veux qu'on prie pour moi." Ses amis essayèrent de l'attirer, mais il cria plus fort et répéta sa requête à trois reprises. Son appel fut entendu et il fut converti. Dieu a le pouvoir de convertir un homme, même s'il est ivre.
J'ai encore une autre leçon ici. J'ai rencontré un homme à New York, un travailleur acharné, et je lui ai demandé de me raconter son expérience. Il m'a dit qu'il était ivrogne depuis plus de vingt ans. Ses parents l'avaient abandonné, et sa femme l'avait repoussé et avait épousé un autre homme. Il s'est rendu chez un avocat à Poughkeepsie, fou de boisson. Cet avocat s'est révélé être un bon Samaritain, l'a raisonné et lui a dit qu'il pouvait être sauvé. L'homme a envisagé l'idée. Il a dit : "Je dois être bien mal quand mon père, ma mère, ma femme et ma famille m'ont rejeté, et il n'y a plus d'espoir pour moi ici-bas ni dans l'au-delà." Mais ce bon Samaritain lui a montré comment il était possible d'obtenir le salut ; il l'a remis sur pied, l'a fait monter sur sa monture, comme le bon Samaritain d'autrefois, et a guidé son visage vers Sion. Et cet homme m'a dit : "Je n'ai pas bu un verre d'alcool depuis." Il est maintenant responsable d'une réunion de jeunes gens à New York. Je lui ai demandé de venir samedi soir dernier à Northfield, ma ville natale, où vivent de nombreux ivrognes. Pensant qu'il pourrait les encourager à rechercher le salut, il est venu, accompagné d'un jeune homme. Ils ont tenu une réunion, et il semblait que la puissance de Dieu reposait sur cette réunion, tandis que ces deux hommes continuaient à raconter ce que Dieu avait fait pour eux : comment Il avait détruit les œuvres du diable dans leurs cœurs et apporté la paix et un bonheur sans mélange à leurs âmes. Ces débits de boissons ici sont l'œuvre du diable ; ils ruinent les âmes à chaque heure. Luttons contre eux et prions pour notre combat : "Seigneur, manifeste ta puissance à Chicago ce mois-ci." Cela peut nous sembler très difficile, mais il est très facile pour Dieu de convertir les vendeurs de rhum!
Un jeune homme de New York s'est levé et a enthousiasmé l'assemblée par son expérience. "Je tiens à vous dire qu'il y a neuf mois, un chrétien est venu chez moi et il m'a demandé de devenir chrétien. Il m'a parlé avec gentillesse et encouragement, me soulignant mes erreurs, et je me suis converti. J'étais un gros buveur, mais depuis, je n'ai plus touché une goutte d'alcool. Si quelqu'un avait demandé qui était l'homme le plus désespéré de cette ville, on m'aurait désigné." Aujourd'hui, ce jeune homme est directeur d'une école du dimanche. Il y a onze ans, lorsque je suis allé à Boston, j'avais un cousin qui voulait partager mon expérience. Je lui ai apporté toute l'aide possible, et il est devenu chrétien. Il ignorait à quel point la mort était proche pour lui. Il a écrit à son frère : "Je suis très impatient de ramener ton âme à Jésus." La lettre a été envoyée dans une autre ville et est restée en suspens du 28 février au 28 mars, soit un mois seulement. Il vit que c'était l'écriture de son frère, le déchira et lut les mots ci-dessus. Cela toucha une corde sensible dans son cœur et fut le moyen de le convertir. Et c'est ce chrétien qui conduisit ce jeune homme ivre au Christ.
Ce jeune homme avait un voisin qui buvait depuis quarante ans, et il est allé le voir et lui a dit ce que Dieu avait fait pour lui, et le résultat a été une autre conversion.
Je vous dis ces choses pour vous encourager à croire que les ivrognes et les tenanciers de cabaret peuvent être sauvés. Il y a du travail pour vous, et bientôt la moisson sera faite, et quelle scène se produira sur le rivage lorsque nous entendrons le Maître sur le trône crier : "Bien fait ! Bien fait !"
Laissez-moi vous dire un mot, chères mères. Nous dépendons beaucoup de vous. Il me semble qu'il n'y a pas un père et une mère à Chicago qui ne devraient pas sympathiser avec cette œuvre. Vous avez des filles et des fils, et si le travail est fait maintenant, ils pourront éviter bien des tentations et mener une vie meilleure ici. Il me semble égoïste de rester inactifs en disant : « Cela ne sert à rien. Nous sommes en sécurité, à quoi bon s'inquiéter ? » Si les mères et les pères de toute la communauté unissaient leurs prières et imploraient Dieu de manifester sa puissance, une œuvre puissante leur serait exaucée.
Je me souviens qu'à Philadelphie, nous souhaitions obtenir certains résultats et nous avons convoqué une réunion de mères. Il y avait entre cinq et huit mille mères présentes, chacune portant un fardeau particulier sur son cœur. L'une avait une fille rebelle, une autre un fils insouciant, une autre un mari infidèle. Nous leur avons parlé avec confiance et nous nous sommes confiées. Elles ont prié pour que le Seigneur les aide et que la grâce soit accordée à ces fils, filles et maris. Résultat : nos salles de recherche se sont vite remplies de personnes anxieuses et sincères.
Laissez-moi vous parler d'une mère de Philadelphie. Elle avait deux fils rebelles. C'étaient des jeunes gens turbulents et dissipés. Ils devaient se retrouver un soir pour se dissoudre. Le rendez-vous était à l'angle des rues Market et Treizième, où se tenaient nos réunions. L'un des jeunes gens entra dans la grande réunion et, une fois celle-ci terminée, se rendit à la réunion des jeunes gens la plus proche. Il fut vivifié et pria le Seigneur de le sauver. Sa mère était allée à la réunion ce soir-là et, arrivée trop tard, trouva la porte fermée. En rentrant chez lui, ce jeune homme trouva sa mère en train de prier pour lui, et tous deux mêlèrent leurs prières. Pendant qu'ils priaient ensemble, l'autre frère arriva de l'autre réunion et annonça sa conversion. À la réunion suivante, tous trois se levèrent et racontèrent leur expérience. Je n'ai jamais entendu un auditoire aussi enthousiaste, ni avant ni depuis.
Autre incident. Un jeune garçon égaré de Londres, dont la mère était très soucieuse de son salut, lui dit : "Je ne veux plus me soucier de tes prières. J'irai en Amérique et je m'en débarrasserai." "Mais, mon garçon", dit-elle, "Dieu est sur la mer et en Amérique, et il entend mes prières pour toi." Eh bien, il arriva dans ce pays, et alors qu'ils entraient dans le port de New York, des marins lui dirent que Moody et Sankey tenaient une réunion à l'Hippodrome. Dès son débarquement, il partit pour notre lieu de réunion, et c'est là qu'il trouva le Christ. Il devint un ouvrier très zélé, et il écrivit à sa mère pour lui dire que ses prières avaient été exaucées, qu'il était sauvé et qu'il avait trouvé le Dieu de sa mère.
Mères et pères, élevez vos cœurs dans la prière, afin que des centaines de milliers de personnes soient sauvées dans cette ville.
Quand j'étais à Londres, il y avait une dame vêtue de noir dans la galerie. Tous les autres étaient ministres. Je me demandais qui pouvait bien être cette dame. À la fin de la réunion, je me suis approché d'elle et elle m'a demandé si je ne me souvenais pas d'elle. Je ne m'en souvenais pas, mais elle m'a dit qui elle était, et son histoire m'est revenue à l'esprit.
Alors que nous prêchions à Dundee, en Écosse, une mère est arrivée avec ses deux fils de 16 et 17 ans. Elle m'a demandé : "Veux-tu parler à mes fils ?" Je lui ai demandé si elle accepterait de parler aux personnes qui demandaient de l'aide, et je lui ai répondu qu'il y en avait plus que d'autres. Elle a dit qu'elle n'était pas une chrétienne suffisamment bonne, pas assez préparée. Je lui ai dit que je ne pouvais pas lui parler à ce moment-là. Le soir suivant, elle est venue me voir et m'a refait sa demande, et la soir suivant, elle a réitéré sa requête. Elle a parcouru huit cents kilomètres pour obtenir la bénédiction de Dieu pour ses fils. Si seulement nous avions plus de mères comme elle ! Elle est venue à Londres, et le premier soir où j'y suis allé, je l'ai vue à l'Agricultural Hall. Elle n'était accompagnée que d'un de ses fils; l'autre était décédé. Vers la fin des réunions, j'ai reçu cette lettre d'elle :
Cher Monsieur Moody, pendant des mois, je n'ai jamais considéré la journée de travail comme terminé si vous et votre œuvre n'aviez pas été particulièrement encouragés par des prières. Aujourd'hui, cette réalité se présente de plus en plus à nous. Ce que nous avons pu constater, dans notre petite mesure, a sans doute été l'heureuse expérience de beaucoup d'autres à Londres. Mon mari et moi avons eu le grand privilège d'emmener un à un nos amis non convertis à l'Agricultural Hall. Je remercie Dieu qu'à une seule exception près, ceux qui ont été accueillis par vos prédications aient accepté le Christ comme leur Sauveur et se réjouissent de son amour.
Cette dame était riche et haut placée. Elle habitait un peu à l'extérieur de Londres ; elle avait abandonné sa belle demeure et loué un logement près de l'Agricultural Hall, afin de pouvoir s'y rendre utile. Quand nous sommes allés à l'Opéra, elle était là ; quand nous sommes descendus dans l'East End, elle était là de nouveau, et quand j'ai quitté Londres, elle avait les noms de 150 personnes qui avaient accepté Christ par elle. Certains disaient que notre œuvre à Londres était un échec. Demandez-lui si c'était un échec, et elle vous le dira. Si nous avions mille mères comme elle à Chicago, nous le relèverions. Allez-y et amenez vos amies ici aux réunions.
Pensez au privilège, mes amis, de sauver une âme. Si nous voulons œuvrer pour le bien, nous devons être actifs et actifs. Les gens disent : "Je n'ai pas le temps." Prenez-le. Dix minutes chaque jour pour Christ vous rapporteront un bon salaire. Nombreux sont ceux qui travaillent pour vous. Prenez-les par la main. Certains d'entre vous, aux cheveux argentés, me disent-ils : "J'aimerais être jeune, comme je me précipiterais dans la bataille." Eh bien, si vous ne pouvez pas être un combattant, vous pouvez prier et guider les autres. Il y a deux sortes de personnes âgées dans le monde. Les unes deviennent froides et aigries, et d'autres illuminent chaque réunion de leur présence chaleureuse et encouragent les travailleurs. Approchez-vous, vieux, et encouragez les autres, prenez-les par la main et encouragez-les.
Un immeuble était en feu. Les flammes se propageaient autour de l'escalier, et par une fenêtre du troisième étage, on aperçut un petit enfant qui appelait à l'aide. Le seul moyen d'y accéder était une échelle. On en prit une et un pompier y monta, mais alors qu'il était presque arrivé à l'enfant, les flammes jaillirent de la fenêtre et l'entourèrent. Il hésitait et semblait avoir peur d'aller plus loin. Soudain, quelqu'un dans la foule cria, puis des acclamations retentirent. L'homme, revigoré, sauva l'enfant. Il en est de même pour nos jeunes hommes. Chaque fois que vous les voyez vaciller, encouragez-les. Si vous ne pouvez pas travailler, encouragez-les pour les encourager dans leur glorieux travail. Que la bénédiction de Dieu nous soit accordée cet après-midi, et que chacun, homme et femme, se relève et agisse.

dimanche 3 août 2025

Le chrétien en armure compléte, par William Gurnall, 26e partie

 

Application de cette doctrine : "L’âme en état de péché est sous la domination de Satan."

Voyez ici la condition déplorable de toute personne en état de péché. Elle est sous la domination de Satan et du gouvernement de l'enfer. Quelle langue peut exprimer, quel cœur peut concevoir la misère de cet état ? C'était un jour sombre, prédit par le Christ (Matthieu 24), où "l'abomination de la désolation" apparaîtrait dans le lieu saint ; alors, dit le Christ, que celui qui est en Judée s'enfuie dans les montagnes. Mais qu'y avait-il à cela ? Ces démons n'étaient que des hommes, quoique abominables. Ils ne faisaient que se tenir dans le temple matériel, le souillant et le défigurant ; mais eux, ils déploient leurs bannières dans l'âme des hommes, souillent ce trône plus glorieux que le ciel matériel lui-même, fait pour que Dieu seul y règne. Ils ont exercé leurs cruautés jusqu'au bout sur les corps des hommes, les tuant et les torturant ; ici, les précieuses âmes des hommes sont détruites.

Quand David voulait maudire les ennemis de Dieu, il priait pour que Satan soit à leur droite. Il est étrange que les pécheurs ne tremblent plus devant cela. S'ils voyaient leurs porcs, ou une bête ensorcelée et possédée par le diable, se précipiter tête baissée dans la mer, crierait comme s'ils étaient à moitié perdus ? Et une âme ne vaut-elle pas plus que toutes celles-là ? Quel fléau est-ce d'avoir Satan qui possède ton cœur et ton esprit, te précipitant dans la fureur de tes désirs vers la perdition ? 

Ô pauvre homme ! Quel triste choix as-tu fait ? Toi qui n'as pas voulu t'asseoir sous le gouvernement doux et paisible de Dieu, ton Seigneur légitime, tu as payé ta rébellion contre lui par la cruauté de ce tyran, qui écrit toutes ses lois dans le sang de ses sujets. Et pourquoi resterez-vous assis plus longtemps, ô pécheurs, à l'ombre de cette ronce, de qui vous ne pouvez espérer rien d'autre qu'un feu éternel qui viendra enfin vous dévorer ? Voici, Christ est dans le champ, envoyé par Dieu pour recouvrer ses droits et votre liberté. Son étendard royal est dressé dans l'Évangile, et il proclame que si un pauvre pécheur, las de la domination du diable et chargé des chaînes misérables de son esclavage spirituel, si les fers de ses péchés pénètrent jusqu'à son âme pour l'affliger du sentiment de ses péchés, vient ainsi se réfugier auprès de Christ, il sera protégé de la justice de Dieu, de la colère du diable et de la domination du péché ; en un mot, il connaîtra le repos, et ce repos glorieux, Matthieu 11:28.

Habituellement, lorsqu'un peuple a été écrasé par l'oppression d'un tyran sanguinaire, il est enclin à aspirer au changement et à écouter toute ouverture qui lui donne l'espoir de la liberté, même si elle est obtenue par la main d'un étranger, qui peut s'avérer aussi mauvais que l'autre. Pourtant, l'esclavage est si pénible que les gens désirent changer de lit, comme des malades, même s'ils n'y trouvent guère de soulagement. Pourquoi donc la délivrance serait-elle malvenue pour vous, pécheurs ? La délivrance n'est pas apportée par un étranger dont vous devez craindre les desseins, mais par un proche parent par le sang, qui ne peut vous vouloir du mal, mais doit d'abord haïr sa propre chair ; et qui a fait cela ? Le Seigneur, bien qu'il ait pris part à notre chair pour avoir le droit d'être notre Rédempteur, sans pour autant avoir aucun lien avec nous dans la nature pécheresse de notre nature (Hébreux 2:14, 15). 

Le péché est cruel envers notre propre chair. "les entrailles des méchants sont cruelles" (Proverbes 12:10). Que pouvez-vous attendre du Seigneur, sinon une pure miséricorde, Lui qui est lui-même pur ? Croyez-le, messieurs, le Christ se fait un honneur d'être le roi d'un peuple bien disposé, et non d'esclaves. Il vient pour vous libérer, non pour vous asservir; pour faire de vous des rois, non des vassaux. Personne ne dit du mal du Christ, sauf ceux qui n'ont jamais été ses sujets. Renseignez-vous auprès de ceux qui ont essayé à la fois le service de Satan et celui du Christ ; ils sont les mieux placés pour vous éclairer sur ce qu'ils sont (l'un et l'autre). 

Voyez-vous, lorsqu'une âme quitte les quartiers de Satan pour se tourner vers le Christ et qu'elle a goûté une seule fois à la douceur de son service, il est impossible de la ramener à ses anciennes corvées ; comme on dit de ceux qui viennent du Nord, froid et pauvre, ils apprécient tellement la chaleur du Sud qu'ils retournent rarement d'où ils viennent, voire jamais. Quoi de plus terrible pour une âme bienveillante que d'être livrée aux mains de Satan ou de succomber à ses convoitises ? Elle préférerait se jeter dans une fournaise ardente plutôt que d'être commandée par elles. C'est la grande requête d'un enfant de Dieu : il préfère le fouetter dans sa maison plutôt que de l'en chasser et de devenir la proie de Satan.

Ô pécheurs, saviez-vous (ce que vous ne pourrez savoir avant de vous être convertis au Christ et de l'avoir accepté comme votre Seigneur et Sauveur) quels sont les privilèges des serviteurs du Christ et avec quelle douceur les saints sont traités par lui ? Vous diriez que seuls ceux qui se tiennent continuellement devant Lui sont les hommes heureux dans ce monde. Ses lois sont écrites, non pas avec le sang de ses sujets, comme celles de Satan, mais avec le sien. Tous ses commandements sont des actes de grâce, c'est une faveur d'en faire usage. Il vous est donné de croire, et même de souffrir, (Philippiens 1:29). Le saint estime que faire tout ce qu'il commande est un tel honneur qu'il considère que Dieu le récompense pour un service, s'il le rend capable d'en accomplir un autre.

"C'est là ce qui m'est propre", dit David, "car j'observe tes ordonnances" (Psaume 119:56). Quelle fut la grande récompense qu'il reçut ? "La nuit je me rappelle ton nom, ô Eternel, et je garde ta loi" (verset 55). Il a acquis plus de force et d'habileté pour observer la loi à l'avenir, grâce à son obéissance passée, et n'a-t-il pas été bien payé, pensez-vous, pour ses efforts ? Il y a même des "fruits dans la sainteté" que le chrétien possède en main, et qu'il mange pendant son travail, afin de calmer son estomac jusqu'à ce que vienne sa pleine récompense; la vie éternelle (Romains 6:22). Jésus-Christ est un prince qui aime voir son peuple prospérer sous son règne. C'est de lui que les pécheurs craignent : lorsqu'il ouvre leur prison et les invite à sortir, ils préfèrent écouter les conseils du diable plutôt que de profiter de cette liberté bénie. Il n'est pas étonnant que certains saints, sous la torture, "n'aient pas accepté la délivrance pour obtenir une meilleure résurrection" (Hébreux 11:35). Mais quelle énigme que celle-ci : des âmes abandonnées, enchaînées par leurs convoitises et par le décret irrésistible de Dieu pour leur damnation, si elles ne croient pas au Seigneur Jésus, refusent la délivrance, alors même qu'elles sont conduites à l'exécution !

Cela peut laisser le ciel et la terre perplexes. Mourant dans leurs péchés, ils ne peuvent espérer une meilleure résurrection que la mort elle-même. Je crains plutôt qu'ils ne croient pas fermement à une résurrection, et il n'est donc pas étonnant qu'ils prennent si peu en compte l'offre du Christ, eux qui se croient en sécurité une fois enfouis dans cette tombe. Mais que les pécheurs sachent que ce n'est pas la tombe qui les retiendra, lorsque le jour du jugement viendra et que le juge appellera les prisonniers à la barre. La tombe n'a jamais été conçue comme un sanctuaire pour défendre les pécheurs de la main de la justice, mais comme une prison fermée pour les garder en vue du jour du procès, afin qu'ils puissent s'y présenter. Alors les pécheurs seront extirpés de leurs tombes et traînés hors de leurs trous, pour répondre à leur mépris du Christ et de sa grâce.

Oh, comme vous serez étonnés de le voir devenir votre juge, Lui que vous refusez maintenant d'être votre roi ! D'entendre ce témoignage de l'Évangile contre vous pour votre damnation, qui en même temps acquittera d'autres pour leur salut ! Que pensez-vous faire, pécheurs, en ce jour-là ? Implorerez-vous la miséricorde du Christ ? Hélas, lorsque la sentence sera prononcée, votre visage sera immédiatement couvert ; les condamnés n'ont pas le droit de parler : les larmes sont alors inutiles, lorsqu'il n'y a plus de place pour la repentance, ni dans le cœur du Christ ni dans le vôtre. Ou bien veux-tu t'adresser à ton ancien maître, au service duquel tu as perdu ton âme, et lui crier, comme elle à Achab : Au secours, ô roi ! Hélas ! ton œil le verra sous la même condamnation que toi. Ne ferais-tu pas mieux de renoncer dès maintenant au règne du diable, alors que tu peux être reçu dans le gouvernement du Christ ? Verse tes larmes et implore la miséricorde et la grâce dès qu'elles sont disponibles, plutôt que de les garder pour un autre monde, mais en vain.

Comment celui qui est né esclave du péché peut être transféré dans le royaume du Christ. Question. Mais tu diras peut-être : Comment puis-je, moi qui suis né esclave du péché, et qui ai vécu tant d'années sous son règne maudit, échapper à sa domination et à son pouvoir, et être transporté dans le royaume du Christ ?

Réponse. La difficulté de cette grande œuvre ne réside pas dans le fait de convaincre le Christ de vous accepter comme son sujet, lui qui ne refuse personne de ceux qui, sincèrement, désirent se placer sous son ombre. Il n'est pas dans son intention de rejeter quiconque. Les médecins ont-ils coutume de réprimander leurs patients ? Les avocats leurs clients ? Ou les généraux découragent-ils ceux qui abandonnent l'ennemi et se rallient à eux ? Certainement pas. Quand David était sur le terrain, il est dit : "Tous ceux qui étaient dans la détresse, tous ceux qui avaient des dettes, tous ceux qui étaient mécontents, se rassemblèrent auprès de lui ; et il devint leur chef" (1 Samuel 22:2). Et ainsi, le Christ agira envers quiconque est véritablement mécontent du gouvernement de Satan et, par aversion intérieure, se tourne vers Lui. 

Mais l'essentiel sera de te libérer de tes passions et de Satan ; jusqu'à ce que cela soit fait, le Christ ne te reconnaîtra pas comme un sujet, mais te considérera comme un espion. Il en est des pécheurs comme des serviteurs. Il peut y avoir des disputes entre eux et leurs maîtres, et des paroles acerbes circulent entre eux, et on les imaginerait prendre leur sac et partir en toute hâte, mais la dispute est vite terminée, et le lendemain matin, tout est oublié, et les serviteurs sont plus assidus que jamais à leur travail. Combien souvent les pécheurs renoncent à leurs convoitises et avertissent leurs anciens maîtres qu'ils se repentiront et se réformeront, et que sais-je encore ! Mais en quelques jours, ils se repentent de leur repentir et déforment leurs déformations, ce qui montre qu'ils étaient ivres de passion lorsqu'ils ont pensé ou parlé ainsi, et il n'est pas étonnant qu'ils changent tout lorsqu'ils retrouvent leur véritable nature. Or, puisque Satan a recours à de nombreuses tactiques pour maintenir son emprise sur les pécheurs, je vais en découvrir quelques-unes, auxquelles, si tu peux résister, il ne sera pas difficile de t'arracher à son pouvoir et à son emprise.

Les politiques de Satan auxquelles il faut résister si nous voulons échapper à son règne.

Premièrement. Satan fait tout son possible pour que les pécheurs n'aient aucune pensée sérieuse sur la situation misérable dans laquelle ils se trouvent sous son règne, ni n'entendent rien d'autre qui puisse les détourner de son service. La réflexion, il le sait, est le premier pas vers la repentance. Celui qui ne considère pas ses voies telles qu'elles sont et où elles le conduisent, ne risque pas de les changer précipitamment. Israël resta immobile jusqu'à l'arrivée de Moïse, qui s'entretint avec eux de leur triste esclavage et des pensées bienveillantes de Dieu à leur égard ; alors, ils commencèrent à désirer partir.

Pharaon réfléchit bientôt aux conséquences qui pourraient en découler et s'efforce astucieusement de les en empêcher en doublant leur tâche : "Vous êtes oisifs, oisifs ! C'est pourquoi vous dites : Allons offrir des sacrifices à l'Éternel. Allez donc maintenant, et travaillez", Exode 5:17, 18. Comme s'il avait dit : "Vous avez assez de temps libre pour songer à courir dans le désert et y tenir vos conciles séditieux, Moïse et vous, pour comploter ? Je vais rompre le lien : donnez-leur plus de travail ; dispersez-les dans tout le pays pour ramasser de la paille, afin qu'ils ne se rencontrent pas pour détourner leurs cœurs de mon service."

Ainsi, Satan est très jaloux du pécheur, craignant que chaque chrétien qui lui parle, ou chaque ordonnance qu'il entend, ne le séduise. Par sa bonne volonté, il ne devrait ni venir ni penser au ciel ni à l'enfer d'un bout à l'autre de la semaine ; et, pour que cela arrive le moins possible, il le maintient occupé. Le pécheur moud et lui, il remplit la trémie, pour que le moulin ne s'arrête pas. Il est avec le pécheur dès son réveil, et emplit son cœur misérable de pensées mauvaises qui, comme un breuvage matinal, peuvent le préserver de la contamination de toute bonne odeur que d'autres pourraient lui insuffler pendant la journée. Toute la journée, il l'observait, comme le ferait un maître pour son homme qu'il craint de voir s'enfuir. Et la nuit, tel un geôlier prudent, il l'enferme à nouveau dans sa chambre, avec encore plus de verrous et de chaînes sur lui, ne le laissant pas dormir sur son lit avant qu'il n'ait commis quelque méfait.

Ah, pauvre malheureux ! A-t-on jamais regardé un esclave de cette façon ? Tant que le diable peut te garder ainsi, tu es à lui, c'est sûr. Le fils prodigue revint à lui avant de rejoindre son père. Il considéra dans quel état de famine il se trouvait, ses cosses étaient une nourriture médiocre, et pourtant il n'en avait pas assez, et comme il pourrait facilement améliorer ses biens, s'il avait la grâce de rentrer chez lui et de s'humilier devant son père! Maintenant, et pas avant cela, il s'en va. Résolvez donc, pauvre pécheur, de vous asseoir et de considérer votre situation, et ce qu'elle pourrait être, si seulement vous vouliez troquer l'esclavage de Satan contre la douce gouverne de Jésus-Christ. 

Demande d'abord à ton âme si le diable, après que tu auras épuisé ta misérable vie ici-bas dans ce labeur, préfère te voir à un état heureux dans l'autre monde, ou même te garantir d'un état de tourments et de malheurs ? S'il ne le peut pas, n'y a-t-il pas un seul Jésus-Christ capable et désireux de le faire ? Et si oui, ne serait-ce pas une cruauté sanglante pour ton âme précieuse de rester plus longtemps à l'ombre de cette ronce, alors que tu peux opérer un changement si précieux ? Quelques-unes de ces pensées, profondément ancrées dans ton âme, peuvent, si Dieu les frappe, ébranler les fondements de la prison du diable et te faire fuir aussi vite que quelqu'un d'une maison en feu.

Deuxièmement. Satan dispose d'instruments pour s'opposer aux messagers et aux tentatives que Dieu envoie pour libérer le pécheur de son emprise. Lorsque Moïse vient délivrer Israël de l'esclavage égyptien, Jannès et Jambrès se lèvent pour lui résister. Lorsque Paul prêche au proconsul, le diable a son chapelain à la cour pour l'en empêcher : Élymas, un homme plein de subtilité et de malice. Il trouvera certainement, lorsque Dieu dialogue avec un pécheur et le persuade de se convertir à Christ, des personnes qui s'efforceront de l'entraver. Soit des amis charnels; ceux qu'il envoie plaider sa cause ; soit d'anciens compagnons de méchanceté; ceux-ci l'excitent, tantôt en s'efforçant de le détourner de sa nouvelle voie, tantôt, en transformant leur ancien amour en une colère amère contre lui pour avoir joué l'apostat et les avoir abandonnés.

Ou, s'il ne se laisse pas arrêter dans sa voie, il a ses prédicateurs salisseurs, toujours pareils aux messagers de Job, les derniers des pires, qui, avec leur doctrine flatteuse, ou plutôt meurtrière, s'efforceront de guérir sa blessure "légèrement". Maintenant que tu désires échapper à l'esclavage de Satan, prends garde à tout cela ; endurcis-toi contre les supplications de tes amis et de ta famille charnels. Sois résolu que même si tes enfants s'accrochaient à tes genoux pour t'éloigner du Christ, tu les rejetterais; que si ton père et ta mère se prosternent à tes pieds; plutôt que de ne pas aller au Christ, tu leur tournera le dos pour aller à Lui. Nous ne pourrons jamais nous séparer de leur "amour" à des conditions aussi avantageuses. Quant à tes frères d'iniquité, j'espère que tu n'as pas l'intention de rester jusqu'à ce que tu aies leur bienveillance ; autant demander aussi celle du diable! 

Le ciel ne vaut pas grand-chose pour toi si tu n'as pas le cœur à mépriser un peu de honte et à supporter quelques rejets de la part des profanes. Qu'ils te crachent au visage, le Christ l'essuiera ; qu'ils rient, et tu gagneras. S'ils ne suivent pas ton exemple avant de mourir, la honte leur appartiendra ; Dieu lui-même la leur crachera au visage devant les hommes et les anges, puis les jettera en enfer. Et enfin, échappe au piège de ces flatteurs qui n'utilisent leur langue que pour lécher la conscience des pécheurs avec leur doctrine apaisante, ne leur demande pas conseil ; ils peuvent aller jusqu'à te donner du réconfort, avec lequel ils scellent tes blessures, il faut les déchirer, ou tu en mourras.

Troisièmement. Satan s'efforce de distraire le pécheur par des délais. Il ne craint pas les pensées flottantes et fugaces de repentir ; il peut donner aux pécheurs la permission de dire ce qu'ils feront, afin de solliciter du temps et, par son art, empêcher ces pensées de monter en puissance et de mûrir jusqu'à une résolution immédiate. Rares sont ceux qui sont en enfer et qui n'ont pas pensé à se repentir, mais Satan a traité la question de telle sorte qu'ils n'ont jamais pu décider sérieusement du moment où le faire. Si jamais tu veux échapper à ses griffes, sauve-toi et cours pour sauver ta vie, où que te trouve cet avertissement ; ne t'arrête pas, même au milieu de tes joies, dont tes désirs te divertissent. Fais-le donc, sinon tu le regretteras quand il sera trop tard.

Une vision ordonna aux mages de retourner par un autre chemin, sans même voir Hérode, bien qu'il leur eût recommandé le contraire. Oh, ivrogne, ne retourne pas à tes bons compagnons ; adultère, à tes reines ; misérable cupide, à ton usure et à ton gain illicite : détourne-toi et ne flatte pas le diable un seul instant. Le commandement dit : "Maintenant, repens-toi." L'impératif n'a pas de futur. Dieu dit : "Aujourd'hui, tant qu'on l'appelle aujourd'hui." Le diable répond : "Demain." À qui obéiras-tu, à Dieu ou à lui ? Tu dis que tu comptes enfin le faire, alors pourquoi pas maintenant ? Veux-tu rester avec Dieu un jour ou deux; te disputer avec lui pour un sou ? 

Le paradis n'est pas si cher, mais tu peux accepter ses conditions. Et de quel lendemain parles-tu ? Tu n'as qu'un jour dans ta vie, car, autant que tu saches, où trouveras-tu un lendemain pour te repentir ? Quand même tu aurais autant de jours devant toi que Mathusalem, sache que le péché est héréditaire, et que ce genre de maladies s'aggrave avec l'âge. Il en est de même pour les pécheurs habitués à une longue vie, comme pour ceux qui ont siégé longtemps sous un gouvernement, qui préfèrent être comme ils sont, même s'ils en sont malades, plutôt que de penser à un changement ; ou comme ceux qui, en voyage, ont fait un détour toute la journée, préfèrent prendre n'importe quel nouveau chemin, par-dessus les haies et les fossés, plutôt que de penser à aller si loin et revenir pour être remis dans le droit chemin. 

Quatrièmement. Satan s'efforce de compromettre l'affaire et de la concilier avec le Christ. Si la conscience (de cette personne) ne se laisse pas apaiser, Satan, par souci de tranquillité, cède à quelque chose, comme Pharaon avec Moïse ; après bien des tergiversations, il accepte qu'ils partent. Et Pharaon dit : « Je vous laisserai aller, afin que vous sacrifiiez à l'Éternel, votre Dieu, dans le désert. » Exode 8:28. Mais vient ensuite cet avertissement: "Vous ne vous éloignerez pas trop". Ainsi, Satan cédera ; le pécheur peut prier, entendre la parole et faire une belle profession, mais il ne va pas bien loin, et (Satan) le retrouve le soir. Si Dieu a les matins, il attend les veillées, et ainsi il se contente que le jour soit divisé. La conscience presse-t-elle le pécheur de se réformer et de changer de conduite ? Plutôt que d'échouer, il l'accordera aussi. Pourtant, comme Pharaon, lorsqu'il accepta leur départ, il s'attendait à ce que leurs petits enfants restent en gage pour ceux qui partaient (Exode 10:11) ; ainsi Satan doit avoir un péché qui doit être épargné, aussi petit soit-il.

Si jamais vous voulez échapper à l'emprise du diable, ne faites aucun compromis avec lui. Christ sera roi ou non. Il ne faut laisser derrière soi rien qui puisse te servir de prétexte pour revenir plus tard. Fais donc un adieu éternel à tout péché, selon la résolution sincère et ferme de ton cœur, sinon tu ne feras rien. Paul unit sa foi et sa résolution (2 Timothée 3:10), et non l'une sans l'autre. Lors de la promulgation de la loi au Sinaï, Dieu fit en quelque sorte prêter serment d'allégeance à Israël ; puis il leur indiqua la loi par laquelle il les gouvernerait, et ils donnèrent leur consentement. C'est le mariage que Dieu leur rappelle (Jérémie 2), où ils furent solennellement mariés, roi et sujets. Or, remarquez bien qu'avant d'accomplir cela, Dieu les fera sortir d'Égypte. Ils ne pouvaient obéir à la fois à Ses lois et aux coutumes idolâtres de Pharaon ; c'est pourquoi il les fera sortir avant de les engager solennellement à former une nation qui Lui soit propre. Tu dois être veuve avant que le Christ ne t'épouse ; il n'épousera pas la femme d'un autre. Oh ! Que les choses en arrivent là ! Alors, l'union serait bientôt conclue entre le Christ et toi!

Laisse-moi te demander, pauvre âme, as-tu sérieusement réfléchi à qui est le Christ et à son doux gouvernement ? Et pourrais-tu trouver dans ton cœur, par horreur du péché et de Satan, et par affection pour le Christ, le courage de renoncer au péché et à Satan, et de choisir le Christ comme Seigneur ? Ton âme dirait-elle, comme Rébecca : "J'irai", si je pouvais lui indiquer le chemin? "Mais hélas, je suis ici un pauvre prisonnier, je ne peux me libérer de mes chaînes et me libérer pour venir au Christ." Eh bien, pauvre âme, peux-tu gémir de bon cœur sous ton esclavage ? Alors, pour ton réconfort, sache que ta délivrance est à la porte. Celui qui a entendu le cri d'Israël en Égypte entendra aussi le tien, oui, il viendra te sauver de tes convoitises. Il n'agira pas comme certains qui embrouillent tes affections en se prétendant amis, puis abandonnent la poursuite et ne s'intéressent plus à toi. 

Si le Christ a gagné ton cœur, il te sera fidèle et se donnera tous les moyens de te faire sortir de ta prison. Oui, il prendra la peine de venir te chercher lui-même et apportera avec lui ces vêtements de noces dans lesquels il te transportera avec joie de ta prison à la maison de son Père, où tu vivras, non seulement comme une soumise sous sa loi, mais comme une épouse au sein de son amour. Et que peut-on ajouter de plus à ton bonheur ? Quand ton Prince est ton époux, et un tel Prince que tous les autres en sont les vassaux, ainsi le "prince de ce monde" lui-même, et pourtant, Il est si gracieux que sa majesté n’entrave pas sa conversation familière avec toi, pauvre créature, mais Il y ajoute de la condescendance, c’est pourquoi Dieu choisit de mêler des noms de grandeur et de parenté, les uns pour adoucir les autres : "Ton Créateur est ton époux, ton Rédempteur, le Saint d’Israël ; il sera appelé le Dieu de toute la terre", Ésaïe 54:5.

Et pour introduire ces promesses sous des titres de plus grandes craintes et de terreur pour la créature, qui pourtant, expriment les plus grandes condescendances de l'amour, comment Dieu peut-il s'abaisser plus bas que de venir habiter avec une pauvre âme humble? ce qui est plus que s'il avait dit qu'un tel homme devrait demeurer avec lui ; car un mendiant vivre à la cour n'est pas autant que le roi demeurer avec lui dans cette chaumière. 

Pourtant, cette promesse est annoncée par les titres les plus magnifiques : « Ainsi parle le Très-Haut, Celui qui habite l’éternité, et dont le nom est Saint : J’habite dans les lieux élevés et saints, et avec celui qui est contrit et humilié », Ésaïe 57:15. Et pourquoi de tels titres, sinon pour dissiper les craintes que ses saints sont enclins à éprouver ? Le Très-Haut, dit l’âme humble, regardera-t-il un pauvre ver ? Le Dieu Saint s’approchera-t-il d’une créature aussi impure ? dit le contrit. Ésaïe lui-même s’écria qu’il était défait à la vue de Dieu, et cet attribut proclamé devant lui, Ésaïe 6. Or, Dieu les préfixe, afin que la créature sache que sa majesté et sa sainteté, qui nous semblent si terribles, ne portent pas préjudice à son amour ; oui, ton époux est un prince si gracieux qu’il préfère que son saint l’appelle par des noms d’amour plutôt que par des noms d’État. Tu m'appelleras Ishi, et tu ne m'appelleras plus Baali. Osée 2:16, c'est-à-dire mon époux, et non mon Seigneur.

dimanche 27 juillet 2025

Le chrétien en armure compléte, par William Gurnall, 25e partie

 

Contre les princes de ce monde de ténèbres.

Ces mots contiennent le troisième volet de la description de notre grand ennemi, le diable ; ils indiquent le siège véritable de son empire, avec une triple limite. Il n'est pas "seigneur de tout" (qui est le titre incommunicable de Dieu), mais le maître des ténèbres de ce monde, où le temps, le lieu et les sujets de son empire sont limités. Premièrement. Le temps où ce prince règne dans ce monde, c'est-à-dire maintenant, et non dans l'au-delà. Deuxièmement, le lieu où il règne; dans ce monde, c'est-à-dire ici-bas, et non au ciel. Troisièmement, les sujets ou personnes qu'il gouverne, qui ne sont pas tous dans ce monde inférieur non plus ; ils sont enveloppés dans ces mots : les ténèbres de ce monde.

Le temps où Satan règne. Premièrement, l'empire de Satan est limité par le temps. Son règne se situe dans ce monde, c'est-à-dire maintenant, et non dans l'au-delà. Dans le texte, ce mot "monde" peut être interprété comme ce court espace de temps qui, telle une parenthèse insignifiante, est encadré de part et d'autre par la vaste éternité, parfois appelée le monde présent (Tite 2.12). À ce moment, ce faux roi joue le rôle d'un prince ; mais lorsque le Christ viendra abattre son échafaud à la fin de ce monde, il sera alors dégradé, sa couronne lui sera arrachée, son épée brisée sur sa tête, et il sifflera avec mépris et honte ; oui, d'un prince, il deviendra un prisonnier en enfer. Il n'infestera plus les saints, ni ne dominera les méchants, mais lui et eux avec lui subiront l'exécution immédiate de la colère divine. C'est précisément à cette fin que le Christ a reçu son brevet et sa mission, qu'il n'abandonnera pas avant d'avoir "aboli toute domination", 1 Corinthiens 15:24. Alors, et seulement alors, il remettra son royaume à son Père, lorsqu'il aura aboli toute domination ; "car il doit régner jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds", verset 25. Satan est déjà chassé, son sort est passé, comme celui d'Adam pour son premier péché, mais son exécution complète est différée jusqu'à la fin du monde. Le diable le sait ; c'est un article de son credo, qui le fit trembler et demander au Christ pourquoi il était venu le tourmenter avant son heure.

Ceci apporte de mauvaises nouvelles aux méchants. Vos princes ne pourront siéger longtemps sur son trône. Les pécheurs s'en donnent à cœur joie, si tant est qu'il puisse tenir ; ils se réjouissent, tandis que les disciples du Christ pleurent et se lamentent ; ils frémissent de plaisir dans leurs richesses, tandis que le saint porte ses haillons. Les princes ne sont pas plus soucieux d'offrir pensions et promotions à leurs courtisans que le diable ne l'est de satisfaire ses disciples. Il a aussi ses récompenses : "Je te donnerai tout cela." "Ne puis-je pas te promouvoir ?" dit Balak à Balaam. Oh, il est étrange, et pourtant pas si étrange, compte tenu de la dégénérescence de la nature humaine, de voir Satan entraîner les pécheurs à sa poursuite avec cet hameçon d'or.

Qu'il présente un appât tel que l'honneur, l'argent ou le plaisir, et leur cœur s'y précipite, comme un chien après une croûte. Il les fait pécher pour un morceau de pain. Oh, le cœur pervers de l'homme aime le salaire de l'injustice, que le diable promet si chèrement qu'il ne craint pas le salaire terrible que le grand Dieu menace. Comme parfois, voyez un épagneul si avide d'un os qu'il sauterait dans la rivière pour l'attraper, si vous l'y jetez, et qu'au moment où il y arrive avec beaucoup de difficulté, il a déjà coulé, et il n'obtient qu'une gorgée d'eau pour compenser ses efforts. Ainsi, les pécheurs courent après les plaisirs, les honneurs et les profits qu'ils désirent, nageant malgré les menaces mêmes de la Parole. Et parfois, ils perdent même ce qu'ils cherchaient là. Ainsi, Dieu a préservé Balaam, comme le lui avait dit Balak, "de l'honneur" prmis (Nombres 24:11). Mais quelle que soit leur hâte, ils sont sûrs de se perdre éternellement sans repentir. Ceux qui sont résolus à posséder ces choses sont ceux qui tomberont dans le piège du diable et seront entraînés dans ces convoitises folles et nuisibles qui les noieront dans la destruction et la perdition (1 Timothée 6:9).

Ô pauvres pécheurs ! Ne serait-il pas sage, avant de vous associer au diable, de vous demander quel droit il peut vous donner sur ces belles vanités ? Vous les accordera-t-il en pleine propriété ? Pourra-t-il garantir votre marché et vous préserver des poursuites judiciaires ? Ou est-il capable de vous fournir deux vies, afin qu'à votre mort, vous ne soyez pas abandonnés à la misère dans l'autre monde ? Hélas, pauvres malheureux ! Vous verrez bientôt quelle escroquerie il vous a faite, vous qui n'aurez probablement rien d'autre à attendre que "caveat emptor"; que l'acheteur y prête attention, oui, ce grand prince qui se vante de vous donner tout cela doit se prosterner un jour; et un prince triste doit nécessairement faire une cour triste. Oh, quelles hurlements y aura-t-il alors contre Satan et ses vassaux réunis !

Oh, dit le pécheur, les plaisirs et l'honneur que le péché et Satan offrent sont présents, et ce que le Christ promet, nous devons les attendre. C'est là, en effet, ce qui nous est le plus difficile. "Démas", dit Paul, "m'a abandonné, par amour pour le présent siècle", 2 Timothée 4:10. C'est au présent, pécheurs, car vous ne pouvez pas dire que cela vous appartiendra l'instant d'après. Votre félicité présente s'en va, et celle des saints, bien que future, arrive, pour ne jamais disparaître ; et qui, (comme Esaü), pour une gorgée de potage et des plaisirs sensuels présents, se séparerait d'un tel royaume ?

"Ces  choses que je mangent qui attisent ma convoitise". Cicéron disait que cette phrase était plus digne d'être écrite sur la tombe d'un bœuf que sur celle d'un homme. Misérable, toi qui penses qu'il ne vaut pas mieux faire confiance à Dieu pour plus tard plutôt que de négocier avec le diable pour une paye facile. Tertullien s'étonne de la folie de l'ambition romaine, qui endurerait toutes sortes d'épreuves sur le champ de bataille et au combat, uniquement pour obtenir enfin l'honneur d'être consul, ce qu'il appelle "une joie qui s'envole à la fin de l'année". Mais oh ! quelle folie désespérée pour les pécheurs de ne pas endurer une petite épreuve ici-bas, mais d'attirer sur eux la colère éternelle de Dieu dans l'au-delà, car le court festin et le banquet incessant que leurs convoitises leur offrent ici-bas les divertissent ; ce qui souvent n'est même pas une joie qui dure une heure.

Que ceci t'encourage, ô chrétien, dans ton combat contre Satan : l'escarmouche peut être vive, mais elle ne saurait durer. Qu'il te tente et que ses instruments maléfiques te terrassent, il ne reste que peu de temps, et tu seras débarrassé de leurs deux voisinage maléfique. Le nuage, en descendant, roule sur ta tête, puis vient le beau temps, un éternel soleil de gloire. Ne peux-tu veiller avec le Christ une heure ou deux ? Garder le champ de bataille quelques jours ? Si tu cèdes, tu es perdu à jamais. Persévère, mais jusqu'à ce que la bataille soit terminée, et ton ennemi ne se ralliera plus jamais (contre toi). Demande à la foi de regarder par le trou de la serrure de la promesse et de te dire ce qu'elle y voit qui est réservé au vainqueur ; demande-lui d'écouter et de te dire si elle n'entend pas le cri de ces saints couronnés, comme de ceux qui se partagent le butin et reçoivent la récompense de tous leurs services et de toutes leurs souffrances ici-bas. Et toi, te tenant de ce côté, crains-tu de te mouiller les pieds avec ces souffrances et ces tentations qui, comme un petit clapotis d'eau, s'interposent entre toi et la gloire ?

L'endroit où Satan règne. L'empire de Satan est confiné à un lieu. Le lieu où règne le diable est dans ce monde, c'est-à-dire ici-bas, et non au ciel. Il est le maître de ce monde inférieur, et non du monde céleste. Le diable ne peut atteindre que les airs ; il est appelé son prince, car il est aux confins de son empire ; il n'a rien à voir avec le monde supérieur. Le ciel ne craint aucun démon, et c'est pourquoi ses portes sont toujours ouvertes. Ce démon n'a jamais osé pénétrer dans ce lieu saint depuis son expulsion, mais il erre ici-bas comme une créature vagabonde, excommunié de la présence de Dieu, faisant tout ce qu'il peut de mal aux saints en route vers le ciel. Mais n'est-ce pas une grande source de joie que Satan n'ait aucun pouvoir là, là où reposent les saints ? Toi, chrétien, qu'as-tu de précieux qui ne s'y trouve pas ? Ton Christ est là, et si tu l'aimes, ton cœur aussi, qui vit au sein de son Bien-aimé. Tes amis et ta famille en Christ sont là, ou attendus, avec qui tu auras une joyeuse réunion dans la maison de ton Père, malgré le piège du Thabor et les complots de Satan qui se dressent sur ton chemin.

Ô amis, acquérez un titre de propriété sur ce royaume, et vous serez au-dessus du vol de ce cerf-volant (du malin). Cela fit de Job un homme vraiment heureux, lui qui, après que le diable l'eut dépouillé jusqu'à la peau et l'eut presque extorqué, put alors même garantir que le Christ, face à la mort et aux démons, était son Rédempteur ; Celui qu'il contemplait avec ses yeux, maintenant remplis de larmes salées, et cela à cause de lui-même. C'est triste pour celui qui est dépouillé de tout ce qu'il a d'un seul coup ; mais on ne peut jamais en dire autant d'un saint. Le diable a pris la bourse de Job, si je puis dire, ce qui l'a mis dans une situation difficile, mais il avait un Dieu au ciel qui l'a remis en selle. Tu as actuellement de l'argent de poche dans ta bourse, grâce à l'activité de ta foi, preuve de ta filiation, et le réconfort qui en découle, l'accroissement de tes devoirs, etc. Satan peut, pour un temps, te troubler, voire te priver de tout cela, mais il ne peut venir effacer ton nom du livre de vie ; il ne peut anéantir ta foi, rendre ta famille insignifiante, tarir ton réconfort à la source, même s'il endigue le courant ; il ne peut non plus t'empêcher de mener à bien ta guerre contre le péché, même s'il te domine dans une escarmouche privée. Tout cela est gardé au ciel, parmi les joyaux de la couronne de Dieu, dont on dit qu'il nous garde par sa "puissance par la foi pour le salut".

Les sujets sur lesquels Satan règne. Ses sujets sont limités. La troisième limite de la principauté du diable concerne ses sujets, décrits ici comme les ténèbres de ce monde, c'est-à-dire ceux qui sont dans les ténèbres. Cette expression est parfois utilisée pour exprimer l'état de désolation d'une créature en proie à une grande détresse : "Celui qui marche dans les ténèbres et n'a point de lumière" (Ésaïe 50:10) ; parfois pour exprimer la nature même du péché ; ainsi en Éphésiens 5:11, le péché est appelé "œuvres des ténèbres" ; parfois le péché particulier d'ignorance ; et il est souvent représenté par l'obscurité de la nuit, la cécité. Je pense que toutes ces interprétations peuvent être appliquées, mais principalement la dernière, car bien que Satan sème le trouble dans l'âme plongée dans les ténèbres de la tristesse, que ce soit par des épreuves extérieures ou des abandons intérieurs, si la créature n'est pas en même temps plongée dans les ténèbres du péché, même s'il peut troubler sa paix en tant qu'ennemi, on ne peut pas dire qu'il règne (sur cette personne) en prince. 

Le péché ne fait qu'asseoir Satan sur le trône. J'interpréterai donc ces mots (monde de ténèbres) dans les deux dernières interprétations. Premièrement, je les interprète comme les ténèbres du péché en général. Deuxièmement, comme les ténèbres de l'ignorance en particulier. Et le sens sera que le règne du diable s'étend à ceux qui sont dans un état de péché et d'ignorance, et non à ceux qui sont pécheurs ou ignorants. Si c'était le cas, il s'emparerait des saints aussi bien que des autres ; mais cela s'étend à ceux qui sont dans un état de péché, ce qui est défini par l'expression abstraite "prince des ténèbres", afin d'exprimer davantage la plénitude du péché et de l'ignorance qui possèdent les esclaves de Satan. Les notes, ou doctrines, seront au nombre de deux. Premièrement : Toute âme en état de péché est sous la domination de Satan. Deuxièmement : L'ignorance, plus que les autres péchés, asservit une âme à Satan ; et donc tous les péchés sont définis par ce qui l'exprime principalement, à savoir les ténèbres.

Les âmes en état de péché sont soumises aux règles de Satan. Toute âme en état de péché est sous la domination de Satan ; c'est pourquoi il faut s'interroger sur ces deux points : premièrement, pourquoi le péché est-il établi par les ténèbres ? Deuxièmement, comment toute personne dans un tel état semble-t-elle être sous la domination du diable?

Premièrement, la raison pour laquelle le péché est établi par les ténèbres. On peut appeler le péché ténèbres, car la source et la cause commune du péché chez l'homme sont les ténèbres. La cause externe est Satan, qui en est le grand promoteur ; c'est un esprit maudit, enchaîné par les ténèbres. La cause interne est l'aveuglement et les ténèbres de l'âme. On peut dire que lorsque quelqu'un pèche, il ne sait ce qu'il fait, comme le Christ l'a dit de ses meurtriers. Si la créature connaissait la véritable valeur de l'âme qu'elle vend maintenant pour une chanson; la nature glorieuse et aimable de Dieu et ses saintes voies; l'amour incomparable de Dieu en Christ; la nature empoisonnée du péché et tout cela, non pas par un rayon soudain (de lumière) projeté à la fenêtre lors d'un sermon et s'évanouissant comme un éclair, mais étant une lumière durable, cela gâcherait le marché du diable. Les pauvres créatures n'accepteraient pas facilement ce crapaud dans leur sein. Le péché se dissimule, et il est donc bienvenu.

Ce sont les ténèbres, car cela introduit l'obscurité dans l'âme, et cela se fait naturellement et judiciairement. Le péché obscurcit naturellement l'âme. Il a une qualité nocive, offensante pour l'entendement, qui est à l'âme ce que l'œil et le palais sont au corps ; il discerne les choses et distingue le vrai du faux, comme l'œil blanc du noir ; il goûte les mots, comme la bouche goûte les mets. Or, il y a des choses mauvaises pour la vue, et d'autres mauvaises pour le palais, le viciant au point de l'empêcher de distinguer le doux de l'amer. De même, ici, le péché envoûte la créature et la rend imprudente. Celui qui, auparavant, pouvait voir une telle pratique absurde et vile chez les autres, après avoir lui-même bu à cette coupe enchanteresse, comme celui qui a anticipé son entendement, en devient fou, incapable d'en voir le mal, ni de raisonner contre elle. Ainsi, Saül, avant d'avoir déshonoré sa conscience, jugeait les sorcières dignes de mort ; mais après avoir foulé sa conscience aux pieds par d'autres péchés immondes, il va lui-même demander conseil à l'une d'elles!

Le péché introduit l'obscurité dans l'âme, de manière judiciaire. Ceux dont Dieu a essayé d'ouvrir l'oreille et d'instruire les oreilles ont été menacés, et qui, en se rebellant contre la lumière, ont fui l'école de Dieu pour rejoindre celle du diable, mourront sans connaissance (Job 36:10, 12). Quoi ! La bougie devrait-elle brûler à l'infini, alors que la créature a plus envie de jouer que de travailler ?

On peut appeler le péché ténèbres, car il court dans les ténèbres. Les imposteurs introduisent secrètement leurs hérésies damnables; comme ceux qui vendent de la mauvaise marchandise répugnent à venir au marché où l'étalon jugera de tout, ils le mettent en secret. Ainsi, dans leur méchanceté morale, les pécheurs, tels des bêtes, sortent la nuit pour chasser leur proie, répugnant à être vus, craignant d'être découverts. Rien n'est plus terrible pour les pécheurs que la lumière de la vérité, car leurs actions sont mauvaises (Jean 3:19). Félix était si irrité par ce que disait Paul qu'il ne pouvait pas rester assis à la fin du sermon, mais il s'enfuit précipitamment et ajourna l'audience de Paul jusqu'à un moment opportun, mais il ne put en trouver un. Le soleil n'est pas plus gênant dans les pays chauds que la vérité ne l'est pour ceux qui sont sous sa puissante prédication. 

Donc, comme ceux-ci sortent rarement dans la chaleur du jour, et, lorsqu'ils le doivent, ont leurs artifices au-dessus de la tête pour se protéger du soleil, de même les pécheurs évitent autant que possible la prédication de la Parole ; mais s'ils doivent s'en aller pour rester en contact avec leurs proches ou pour d'autres avantages charnels, ils se protégeront, si possible, de la puissance de la vérité, soit en dormant pendant le sermon, soit en bavardant avec l'imagination insensée que Satan leur envoie pour leur tenir compagnie et bavarder à ce moment-là, ou en choisissant un prédicateur à la mode pour s'asseoir sous ses ordres, lui dont le discours édenté flattera plutôt que troublera, chatouillera leur imagination plutôt qu'il ne piquera leur conscience, et alors leurs yeux endoloris pourront regarder la lumière. Ceux qui aiment la vérité florissante n'aiment pas celle qui est déroutante. Ils osent manier et regarder l'épée avec délice lorsqu'elle est dans un riche fourreau, et s'enfuiraient en la voyant dégainée.

Le péché peut être qualifié de ténèbres en raison de son inconfort, et ce à trois égards.

1. L'obscurité est inconfortable, car elle exclut tout emploi. Que pouvaient faire les Égyptiens sous le fléau des ténèbres, sinon rester immobiles ? Et cela, pour un esprit actif, est déjà un problème. Ainsi, dans un état de péché, l'homme est une créature inutile, il ne peut rendre à Dieu un service acceptable, gâche tout ce qu'il entreprend ; comme quelqu'un qui court dans un magasin les vitrines fermées, il ne fait rien de bien. On peut écrire sur la tombe de chaque pécheur qui vit et meurt dans cet état : "Ici repose l'homme qui n'a jamais fait une seule heure d'œuvre pour Dieu de toute sa vie."

2. L'obscurité est inconfortable en termes de plaisir. Que sert il de placer de rares tableaux dans une pièce sombre ? Si c'est le cas, à qui cela profite-t 'il? Une âme en état de péché peut posséder beaucoup, mais ne jouir de rien ; c'est un mal grave, auquel on pense peu. La seule pensée de son inimitié envers Dieu suffirait à verser de l'amertume dans chaque coupe ; tout ce qu'elle possède sent le feu de l'enfer ; et un homme participant à un festin riche n'en profiterait guère s'il sentait le feu, prêt à y brûler sa maison et lui-même.

3. L'obscurité est inconfortable, car elle emplit de terreurs. Les peurs nocturnes sont terribles ; un état de péché est un état de peur. Les hommes qui doivent beaucoup n'ont pas de repos, et lorsqu'ils dorment, ils ne se reposent pas non plus, car les soucis et les peurs du jour s'enfoncent si profondément (en eux) que leur sommeil nocturne est troublant et agité. Le méchant n'a de paix que lorsque sa conscience dort, et ce sommeil est brisé, se réveillant souvent avec des accès de terreur. Dans sa prospérité, il est effrayé comme une volée d'oiseaux dans un champ de blé, au moindre morceau qui s'envole. Il mange et boit dans la peur ; lorsqu'il est affligé, il s'attend à pire, et ne sait pas où ce nuage peut s'étendre, et où il peut le déposer, que ce soit en enfer ou non, il ne le sait pas, et donc tremble, comme quelqu'un dans l'obscurité, ne sachant pas si son prochain pas pourrait être dans la fosse.

Le péché peut être appelé ténèbres, car il mène à l'obscurité la plus totale. L'obscurité la plus totale, ce sont les ténèbres les plus profonds. Le péché dans toute sa splendeur et la colère dans toute son ardeur, tous deux universels et éternels. Ici se mêlent paix et trouble, douleur et bien-être ; péché et pensées de repentance, péché et espoir de pardon ; là, le feu de la colère brûlera sans relâche, et le péché et le tourment seront enchaînés. Les "oiseaux de l'enfer" ne sont pas des créatures fantastiques, leur tourment les fait pécher, et leur péché alimente leur tourment, tous deux inextinguibles, l'un nourrissant l'autre.

Deuxièmement. Voyons comment il apparaît que ceux qui sont dans un état de péché sont sous la domination de Satan. Les pécheurs sont appelés les enfants du diable (1 Jean 3:10) ; et qui gouverne l'enfant, sinon le père ? Ce sont des esclaves ; qui gouverne l'esclave, sinon le maître ? Ils sont la demeure même du diable ; où un homme commande-t-il, sinon dans sa propre maison ? "Je retournerai dans ma maison", Matthieu 12:44. Comme si le diable disait : "J'ai marché parmi les saints de Dieu, çà et là, frappant à une porte et à une autre, et personne ne me souhaite la bienvenue, je ne trouve aucun repos. Eh bien, je sais où je peux me permettre d'oser, j'irai même dans ma propre maison, et là, je suis sûr de faire la loi sans contrôle". Et quand il arrive, il la trouve vide, balayée et décorée, tout est prêt pour son divertissement. Les domestiques embellissent la maison avant que leur maître ne revienne, surtout lorsqu'il amène des invités, comme ici le diable en amène sept de plus.

Regardez le pécheur : il n’y a rien qu’il soit ou qu’il ait, sans que le diable n’ait de domination sur lui ; il gouverne l’homme tout entier, aveuglant son esprit. Toutes les appréhensions du pécheur sont façonnées par Satan ; il regarde le péché avec les lunettes du diable, il lit la Parole avec les commentaires du diable, il ne voit rien dans ses couleurs naturelles, mais est continuellement sous l’emprise d’une illusion. La sagesse même d’un homme méchant est dite diabolique (Jacques 3:15), car enseignée par le diable, et aussi telle que celle du diable, sage seulement pour faire le mal. Il commande leurs volontés, sans les forcer, mais pour les attirer efficacement. Son œuvre, dit le Christ, vous l’accomplirez. Vous êtes résolus à suivre votre chemin, le diable a conquis vos cœurs, et vous lui obéirez.

C'est pourquoi, lorsque le Christ revient pour reconquérir son trône, il trouve l'âme en émoi, comme Éphèse lors du sermon de Paul, criant de le détruire, et (à la déesse) Diane de se lever. "Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous" ; "Qu'est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions ?" Il règne sur tous leurs membres ; on les appelle armes de l'injustice, tous au service du diable, comme toutes les armes d'un royaume, pour défendre le prince contre toute invasion – la tête pour comploter, la main pour agir, les pieds agiles pour porter le corps de haut en bas à son service ; il règne sur tout ce qu'il possède.

Que Dieu vienne dans un pauvre membre et le supplie de lui prêter un sou ou de lui accorder une bouchée pour apaiser ses entrailles avides, et le misérable cupide verra sa main de charité se dessécher et il ne pourra la tendre ; mais que Satan appelle, et sa bourse s'ouvrira, ainsi que son cœur. Nabal ne pouvait épargner quelques morceaux pour David et ses compagnons, mais ce rustre pouvait se préparer un festin comme un prince, pour assouvir sa soif de gloutonnerie et d'ivrognerie. 

L'ennemi commande leur temps ; lorsque Dieu les appelle au devoir, à prier, à écouter, il n'a pas de temps à y consacrer de toute la semaine ; mais si le pécheur apprend qu'il y a une joyeuse réunion, un groupe de braves gens au cabaret, il abandonne tout pour servir son seigneur et maître. Il appelle à six heures et sept heures ; oui, femme et enfants pleurent, peuvent mourir de faim tandis que le misérable verse son sang, gaspillant son gagne-pain au pied de sa luxure. Le pécheur est "enchaîné par l'iniquité", et étant lié, il doit obéir. On dit qu'il court après sa luxure, comme l'insensé au ceps (Proverbes 7:22). Le malfaiteur ligoté peut aussi bien se délier les bras et les jambes, et ainsi fuir son gardien, que lui-même fuir ses luxures. Ils sont des "serviteurs" et leurs membres des "instruments du péché" ; de même que l’ouvrier prend sa hache et qu’elle ne résiste pas, ainsi Satan les élimine, à moins que Dieu ne dise non.