dimanche 25 septembre 2022

La misère de l'homme et son rétablissement

Je suis l’homme qui a vu la misère (...) (Lamentations 3:1).

L'espérance et la foi vont de pair. Lorsque l'espérance n'est plus, la foi ne peut que donner place au doute et à l'incrédulité. Il semble que le prophète Jérémie témoigne ici du combat de tant de chrétiens, leur cœur balançant entre l'incrédulité et la crainte de Dieu, lorsque ce que l'on pourrait appeler un "trop-plein" d'épreuves et de misère les accables. C'est parfois l'erreur de la personne ainsi accablée de penser, et même croire, qu'elle est seule à comprendre son malheur, un peu comme si elle était la seule personne au monde à connaître ce genre de souffrance de l'âme qui peut parfois être pire que la souffrance physique. 


En lisant le livre de Jérémie, les épreuves qu'il a dû surmonter, le rejet, les moqueries, les persécutions, les privations, et plus encore, nous comprenons aisément qu'à un certain moment il ait regardé les injustes et ait dit : "Pourquoi ne sont-ils pas accablés? Pourquoi? Pourquoi moi, Dieu?  Les versets 2-4: "Il m’a conduit, mené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Contre moi, il tourne, et retourne sa main tout le jour. Il a fait dépérir ma chair et ma peau, il a brisé mes os". Pour l'âme accablée, point de lumière. Il semble que même la source de réconfort qu'elle trouvait jadis en Dieu s'est tarie. Où aller, vers qui se tourner, lorsque l'obscurité est si profonde, et que la tentation est si forte d'accuser ton Dieu pour les afflictions qui t'assaillent? Mais il ne parle pas seulement sur lui-même. Les Lamentations sont aussi, voire beaucoup, une complainte sur son peuple au cœur rebelle envers Dieu. 

Versets 5-11 : "Il a bâti autour de moi, il m’a environné de poison et de douleur. Il me fait habiter dans les ténèbres, comme ceux qui sont morts dès longtemps. Il m’a entouré d’un mur, pour que je ne sorte pas; il m’a donné de pesantes chaînes. J’ai beau crier et implorer du secours, il ne laisse pas accès à ma prière. Il a fermé mon chemin avec des pierres de taille, il a détruit mes sentiers. Il a été pour moi un ours en embuscade, un lion dans un lieu caché. Il a détourné mes voies, il m’a déchiré, il m’a jeté dans la désolation". Le prophète dit ici qu'il lui semble que Dieu Lui-même a envoyé ses ennemis l'affliger. "Je suis dans les ténèbres", dira-t-il, lui qui fût pourtant un prophète de lumière, un phare que son peuple refusait de regarder. "Il m'a entouré d'un mur, pour que je ne sorte pas". Il n'y a pas d'issue à ma douleur. Tout semble désespéré, aucun espoir de fuite, puisque "de pensantes chaînes" font offices de boulet aux pieds du prophète. Mais la pire douleur semble être celle-ci: "Je crie, j'implore, mais Dieu ne répond pas à ma prière". Ce qui semble être le silence de Dieu est souvent la pire des douleurs pour les croyants traversant des périodes difficiles, parce que, humainement parlant, le silence signifie souvent l'abandon; la solitude. Aucun espoir de réconfort. Aucune épaule sur laquelle pleurer. Seul dans un monde de désolation, suivant un chemin qui semble sans issue. À chaque courbe du chemin, il semble au prophète qu'un ours l'attend en embuscade, qu'un lion est caché quelque part pour le dévorer. La crainte, l'angoisse qui se mêle au sentiment d'abandon abattent le courage du plus fort des hommes.  

Versets 12-13 : "Il a tendu son arc, et il m’a placé comme un but pour sa flèche. Il a fait entrer dans mes reins les traits de son carquois". À l'état du prophète se mêlait le malheur de son peuple qui avait abandonné Dieu, et qui subissait, et allait encore subit les assauts des armées ennemies. C'est la même douleur ressentie par les vrais croyants au cours des siècles qui ont vu leur génération être plus ou moins pervertie par les idées anti-Christ semées par l'ennemi, souvent même au sein de l'assemblée des croyants. Cette situation perdure jusqu'à nos jours, où il semble que cette génération dans laquelle nous vivons n'en finit plus de trouver de nouvelles façons d'insulter l'esprit de la grâce de Dieu et Sa sainteté.

Versets 14-16 : "Je suis pour tout mon peuple un objet de raillerie, chaque jour l’objet de leurs chansons. Il m’a rassasié d’amertume, il m’a enivré d’absinthe. Il a brisé mes dents avec des cailloux, il m’a couvert de cendre". Ici, il semble que le prophète pousse l'analyse de ce que l'on appellerait aujourd'hui "dépression" un peu plus loin. Il est vrai de dire que le prophète était sujet de raillerie de la part de son propre peuple, mais n'est-il pas vrai que le pécheur se sent aussi épié par ses pairs lorsqu'il sort de sa cachette, penaud de n'avoir pas encore été capable de résister à la tentation? Son péché le tien comme le lion tient sa proie à la gorge, il est incapable de se sortir lui-même du piège dans lequel il s'est plongé, aussi fuit il le regard de ceux par qui il se pense jugé. Il en vient à faire la même chose avec Dieu, comme l'ont fait Adam et Eve en Eden. Je suis comme enivré d'absinthe, dira le prophète. L'homme ivre de son péché peut en perdre la raison, à cause du poids de la culpabilité qui pèse trop lourd sur ses épaules. Ses dents se sont brisées sur des cailloux; en d'autres mots, ce en qui ou en quoi il croyait trouver du réconfort et auquel il s'agrippait s'est révélé impuissant. Incapable de se sortir du bourbier dans lequel il est plongé, le pécheur essayant de se justifier et de se sauver lui-même est comme un fou qui voudrait laver des vêtements blancs dans de la suie; ses efforts sont vains, et son découragement atteint un autre niveau vers le bas. 

Ainsi, il poursuivra aux versets 17:20 : "Tu m’as enlevé la paix; je ne connais plus le bonheur. Et j’ai dit: Ma force est perdue, je n’ai plus d’espérance en l’Éternel! Quand je pense à ma détresse et à ma misère, à l’absinthe et au poison; quand mon âme s’en souvient, elle est abattue au dedans de moi". La paix. L'homme tourmenté par le découragement ou par son péché ne la connaît plus. Qu'est-ce que le bonheur? Jadis, lorsque Dieu semblait être à ses côté, il était heureux. Mais au sein de son affliction (dans laquelle il s'est peut-être plongé lui-même), il ne sait plus ce que c'est. Alors, sur son lit il pense à sa détresse et à sa misère, et son âme est abattue au dedans de lui. La délivrance? Elle semble si éloignée qu'il ne l'atteindra jamais. Au plus bas de son découragement, il désespère même que l'Éternel se souvienne de lui. 

Versets 21-24 : "Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme; elles se renouvellent chaque matin. Oh! Que ta fidélité est grande! L’Éternel est mon partage, dit mon âme; c’est pourquoi je veux espérer en lui". Mais Dieu! Avec Dieu, il y a toujours de l'espérance! Ses bontés sont sans limites, Son amour, insondable. Et c'est ce qui redonne le courage au malheureux, lorsqu'il a fini d'épancher son cœur devant son Créateur. Il se rappelle la bonté de Celui qui l'a créé, Ses œuvres et l'amour qui Lui a fait souffrir l'ignominie de la croix. Il repasse en son cœur, c'est-à-dire qu'il médite les paroles et les promesses de l'Éternel, et elles lui donnent de l'espérance. L'image du père du fils prodigue lui revient à l'esprit; comment il attend chaque jour que son fils revienne à la maison pour l'accueillir avec amour et tendresse. Non, les bontés de l'Éternel ne sont pas épuisées, et ses compassions ne sont pas à leur terme, car, elles se renouvellent chaque matin. La respiration dont nous ne sommes pas le maitre est là pour le prouver. Aussi mauvais puissions-nous êtres, nous sommes encore de ce monde, ce qui signifie qu'il y a encore de l'espoir pour un pauvre mendiant spirituel, pour un pauvre pécheur en quête de rédemption. Car même si nous sommes infidèles, Dieu demeure fidèle, parce qu'Il ne se renie pas Lui-même, Il en est incapable (2 Timothée 2:13). Jésus dira en Matthieu 7:7 : "Demandez, et l'on vous donnera. Cherchez, et vous trouverez. Frappez, et l'on vous ouvrira". 

Versets 25-26 : "L’Éternel a de la bonté pour qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche. Il est bon d’attendre en silence le secours de l’Éternel". Loin de t'avoir abandonné comme tu le croyais, tu réalises maintenant que Dieu te traitait avec miséricorde, car Il ne t'a pas traité selon le salaire que méritaient tes péchés. Il a veillé sur toi, Il te protégeait, mais plus Il voulait Te rapprocher de Lui, plus tu t'éloignais de sous ses ailes protectrices. Jésus fera cette même complainte à propos de la Jérusalem pécheresse: "Jérusalem (...), combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu" (Matthieu 23:37). Plus tu t'éloignais toi-même de Lui, plus tu ressentais la solitude et le désarroi envahir ton âme troublée. Mais Il n'a pas voulu se souvenir de tes fautes et de tes transgressions, et dans Sa miséricorde et dans Sa bonté, Dieu a eu pitié de toi.

Versets 31-33 : "Car le Seigneur ne rejette pas à toujours. Mais, lorsqu’il afflige, Il a compassion selon sa grande miséricorde; car ce n’est pas volontiers qu’il humilie et qu’il afflige les enfants des hommes". Oui, Il permet que certaines épreuves nous assaillent, parce qu'elles nous font tourner vers Lui dans la repentance et forgent en nous la patience d'attendre Son secours (2 Corinthiens 1:6; Jacques 1:3), et nous incitent à mettre notre confiance en Dieu seul (2 Corinthiens 1:9). Nous peinons à comprendre que nous puissions sortir vainqueurs de l'épreuve, mais en réalité ce n'est pas nous, mais le fondeur qui dirige toute l'opération et qui a déjà vaincu tous nos impossibles. N'éprouve-t-il pas l'or par le feu pour en retirer les scories (1 Pierre 1:6-7)? N'est-Il pas le potier dans les mains desquels nous sommes moulés selon Son désir et Sa volonté (Romains 9:20-21)? Alors que nous traversons ce qu'il nous semble être "la vallée de l'ombre de la mort", accrochons-nous à cette espérance bénie que notre patrie n'est pas d'ici. Le Seigneur est notre partage, et c'est pourquoi notre espérance repose sur Lui. Puissions-nous méditer ces promesses, sachant que Dieu n'est pas Celui qui se reniera. Il renouvellera notre courage avant que nous ne sombrions totalement dans le désespoir. Il a promis que les tentations (ou les épreuves) ne sauraient être au-dessus de la grâce qu'Il nous donne afin de les supporter (1 Corinthiens 10:13).

Que votre épreuve soit indépendante de votre responsabilité ou non, ne désespérez pas! Dieu est là, plus près que vous ne pouvez l'imaginer. Sa Parole est vraie. Il n'a jamais promis une vie facile, exempte de toute embûche. Cela n'existe que dans les faux évangiles de prospérité et d'estime de soi. Jésus ne dira-t-il pas en Jean 16: 33: "Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde". La victoire est nôtre, en Jésus-Christ notre Seigneur et Sauveur. L'Éternel a de la bonté pour qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche. Ô tous les cœurs brisés qui lisez ce message; puissiez-vous vous accrocher un jour à la fois à Jésus, et la paix vous sera plus que certainement accordé dans la grâce toute-puissante de Dieu. Méditez Sa parole le jour, et la nuit s'il le faut (Psaumes 119:57), repassez cette même Parole dans votre cœur, soyez-en remplis jusqu'à ras bord. Lorsque vous pleurez sur les pages de ce Livre, Dieu vous entend, car vous le cherchez. Il entend et Il voit le cœur brisé et contrit (Psaume 34:18; Psaumes 51:17). 

Du milieu de ses tribulations, l'apôtre Paul exhortera les Éphésiens par ces mots : "Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur; rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ (Éphésiens 5:19-20).

Je lève mes yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours? Le secours me vient de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra point que ton pied chancelle; celui qui te garde ne sommeillera point. Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël. L’Éternel est celui qui te garde, l’Éternel est ton ombre à ta main droite. Pendant le jour le soleil ne te frappera point, ni la lune pendant la nuit. L’Éternel te gardera de tout mal, il gardera ton âme; l’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à jamais (Psaumes 121).

Que toute la gloire soit rendue à Dieu seul, Amen.

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