Si le Seigneur Jésus-Christ désire que son offre de miséricorde soit présentée en premier aux plus grands pécheurs, celui qui est tenté peut retirer un encouragement de cette vérité. Au sein de la tentation, qu'il s'appuie sur le grand amour de Christ pour courir vers lui et trouver l'aide et la consolation dont il a besoin.
Celui qui est en proie à la tentation, où qu'il vive, se considère toujours comme le plus grand des pécheurs, le plus indigne de la vie éternelle. Cette pensée est un levier privilégié pour satan: "Bien sûr, tu es un pécheur totalement étranger à l'œuvre de la grâce divine". C'est sa massue, son arme de choix, son chef-d'œuvre, le chant favori qu'il susurre partout à l'envi. Il n'y a à mon avis que peu de croyants au monde qui n'ont pas entendu le grincement de cette tentation leur résonner à l'oreille. Mais si seulement ils se rendaient compte que satan ne fait ainsi que les pousser, réellement bien qu'involontairement, vers l'issue qu'il leur faut emprunter, ils ne tarderaient pas à échapper à ses pièges.
Il accuse le croyant d'être un grand pécheur, un horrible misérable, un homme profane qui n'a pas son égal en bassesse dans tout le pays. En même temps, Christ demande précisément à ses serviteurs d'annoncer la miséricorde divine en premier aux plus grands pécheurs. Ainsi donc, cette tentation devrait nous pousser directement dans les bras de Jésus-Christ!
Si seulement le croyant en proie à la tentation le réalisait, il pourrait rétorquer immédiatement: "Oui, satan, c'est exactement ce que je suis, un pécheur de la plus grande envergure. C'est pourquoi j'ai d'autant plus de besoin de Jésus-Christ. En fait, Jésus m'appelle précisément parce que je suis un tel misérable, et il m'appelle pour m'offrir sa grâce en premier, parce que je suis comme les pécheurs de Jérusalem. Le pire des pécheurs, c'est moi, alors retire-toi et laisse-moi passer, car j'ai le droit d'aller en premier à Christ". Le diable serait ainsi pris à son propre piège et vaincu. Il se dirait: "Je ne doit plus m'approcher de cet homme selon cette ligne d'attaque car cela lui donne l'arme pour me défaire".
C'est ce que veut dire Pierre quand il écrit: "Résistez-lui avec une foi ferme" (1 Pierre 5:9). Paul, quant à lui, déclare: "Prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin" (Éphésiens 6:16). Autrement, pourquoi serait-il dit: "À commencer par Jérusalem" (Actes 1:8), si les pécheurs de Jérusalem ne devaient pas en profiter? Et si je veux en tirer profit, il me faut m'en souvenir quand satan m'assaille avec le souvenir continuel de mes péchés, de mes terribles "péchés de Jérusalem". Le diable et ma conscience se liguent pour me dire que je suis le pire des pécheurs, mais justement Christ offre en premier sa grâce aux pires des pécheurs!
La manière dont il offre cette grâce est en outre particulièrement adaptée aux besoins de mon esprit. Je me lamente de mes péchés; je me désole du fond du cœur qu'une seule pensée coupable y soit jamais entrée et y ait trouvé du répondant. Si j'obtenais mon souhait le plus cher, il n'y aurait plus jamais dans mon cœur de place pour autre chose que la grâce et la foi qui viennent du Seigneur Jésus. Je ne dis pas cela pour atténuer la méchanceté de ma nature. Je ne désire pas, pour tout l'or du monde, que ma conscience me mette à une autre place qu'à celle du pire des pécheurs, afin que je sois le premier invité par la grâce de Jésus mon Sauveur à venir à lui pour trouver la miséricorde.
Par John Bunyan
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