Il y a au service de Christ, en Angleterre, pour quarante millions de
pacifiques citoyens déjà évangélisés, au moins deux fois plus
d'officiers en uniforme, qu'il n'y a de troupes de toutes sortes à
combattre au front parmi douze cents millions de païens! Cela ne es
empêche pas de s'appeler "Soldats du Christ"! Je me demande comment les
anges les appellent! La brigade des "Sauvons d'Abord l'arrière" prend la
digne succession des "Je te prie de m'excuser" de la parabole.
L'appel
de Christ, c'est de nourrir les affamés, non pas les repus, de sauver
les perdus, non pas ceux qui ont le cou raide; d'appeler à la repentance
les pécheurs, non pas les moqueurs; ce n'est pas de construire et
d'aménager confortablement des chapelles, des églises ou des cathédrales
dans la métropole et d'y bercer des chrétiens de-nom au moyen de
discours savants, de prières stéréotypées ou de beaux récitals de
musique, mais de dresser parmi les malheureux des églises d'âmes
vivantes, de sauver les hommes des griffes du démon, de les arracher aux
mâchoires mêmes de l'Enfer, pour les enrôler au service de Jésus, les
entraîner, et en faire la Toute-Puissante Armée de Dieu!
Il n'y
a, pour accomplir cela, qu'une religion du Saint-Esprit, brûlante,
nullement formaliste, et libre de tous liens, où ni l'Église, ni l'État,
ni l'homme, ni les traditions ne sont adorés, ni prêchés, mais Christ,
et Christ crucifié. Il ne s'agit pas de confesser le nom de Christ au
moyen de vêtements spéciaux, de crosses d'argent, de croix d'or
attachées à la chaîne de montre, de clochers d'églises ou de nappes
d'autel richement brodés, mais de le confesser par un sacrifice et un
héroïsme audacieux dans les tranchées de première ligne!
Dans un
combat au corps à corps avec le monde et avec le diable, les bonnes
petites sucreries bibliques ne sont pas plus utiles qu'une sarbacane
pour la chasse aux lions. Ce qu'il faut c'est un homme que rien ne
retienne, et qui assène les coups à droite et à gauche aussi fort qu'il
peut, en mettant toute sa confiance dans le Saint-Esprit. Ce n'est pas
la prédication mais c'est la mise en œuvre de la foi qui atteint
efficacement l'adversaire et qui confond le monde, car elle est sans
réplique. Ce n'est pas des écoles qu'on s'y forme, mais dans la rue.
C'est un cœur brûlant et libre et non une cervelle bien faite qui envoie
le diable au tapis. Les seuls chrétiens qui comptent ici doivent être
fulgurants comme l'éclair. Et le meilleur diplôme, pour le service de
Christ, c'est d'avoir renoncé à toute renommée!
Je suis plus que
jamais résolu à ne laisser mettre autour de nous d'autres limites ou
d'autres enceintes que celles qui ont été fixées par notre Seigneur
lui-même quand il a dit : "Jusqu'aux extrémités de la terre", et : "à
toutes créatures". Je suis et je serai toujours du parti du "Grand Dieu"
et je ne veux pas avoir affaire avec les gens d'un petit Dieu.
Le
plus dur, c'est d'admettre qu'il lui plaise de se servir de misérables
vauriens comme nous, mais il est vrai qu'il préfère les insensés de la
foi à ceux qui ont de la capacité et du savoir. Tout ce que Dieu exige,
c'est un cœur; tant pis pour la tête, n'importe quel simple navet peut
faire l'affaire; tant qu'on demeure vide de soi-même, tout va bien, car
c'est alors qu'Il nous remplit du Saint-Esprit.
Le baptême de
feu du Saint-Esprit transformera les chrétiens tièdes et mous pour en
faire, au service de Christ, des héros brûlants, pleins d'allant, qui se
battront et se feront tuer, mais jamais ne manqueront le pas. Courons
vers le but céleste! S'il nous arrive malheur, ce ne sera que pour
tomber dans les bras de Jésus. Ces "malheurs"-là sont la bénédiction la
plus précieuse de Dieu. Ne t'encombre pas de bagages comme un train de
marchandises!
Il y a des gens assez stupides pour nier le diable
sous prétexte qu'ils ne le voient pas. D'autres érigent une pierre sur
ce qu'ils croient être sa tombe. Mais il faut être sage, et ne pas le
nier, ni l'enterrer: il faut le tuer avec les armes de l'Évangile.
Les
martyrs, selon le mot de Hugh Latimer, au moment où on mit le feu à son
bûcher, sont une torche que rien ne peut plus éteindre, et le diable
n'a jamais cessé de se mordre les doigts d'avoir allumé celle-là.
Quelqu'un d'autre ne veut-il pas le tenter de commettre une nouvelle
sottise à sa confusion?
Clouez les couleurs au mat! Il
n'y a pas autre chose à faire. Faites-le donc, et tout de suite! Quelles
couleurs donc! Les couleurs du Christ, c'est-à-dire l’œuvre qu'il nous a
donné à faire, l'évangélisation de tous ceux qui n'ont pas l'Évangile.
Christ n'a que faire des grignoteurs du possible, il lui faut des
déracineurs de l'impossible, confiants dans la toute-puissance, la
fidélité et la sagesse du Sauveur qui leur a donné ses ordres.
Y
a-t-il un mur en travers de notre chemin? Au nom de notre Dieu, nous
sauterons par-dessus. Y a-t-il des scorpions ou des bêtes fauves sur la
route? Nous les piétinerons. Une montagne arrête-elle notre avance? Nous
lui dirons : "Ôte-toi de là, et jette-toi dans la mer!" et nous
poursuivrons notre marche. Soldats de Jésus! Ne vous rendez jamais!
Clouez les couleurs au mat! Ceux qui regardent à Jésus ne sont à leurs
propres yeux que des sauterelles, mais ce sont des géants aux yeux du
démon.
"Suis-moi", dit Jésus, et tout en disant : "Je viens",
nous oublions plus ou moins que Christ ne s'est jamais complu en
lui-même et qu'il s'est fait pauvre volontairement, pour sauver les
autres et devenir le premier de tous les missionnaires en terre
étrangère. Nous prions tous pour devenir semblables à Jésus, et en même
temps nous refusons d'en payer le prix!
Comment le mauvais riche
de la parabole pourrait-il ressembler à Jésus? Les miettes de sa table
ne sont pas un plat bien recherché à offrir au roi Jésus. Faites-lui
donc un bon gâteau pour changer, et n'hésitez pas à y mettre tout ce que
vous possédez!
Mais que ferons-nous si C. T. Studd meurt? Cette
sotte question, posée trop souvent, exige une réponse. La voici, de C.
T. Studd lui-même : Nous crierons tous Alléluia! Le monde aura perdu le
plus fou de ses insensés, et avec un de moins pour le gêner dans son
travail, Dieu fera de bien plus grandes choses encore. Pas de service
funèbre, de couronnes, de crêpe ni de larmes, pas même la Marche
funèbre! Il n'y aura, de partout, que des félicitations. "Et même si je
sers de libation pour le sacrifice, je m'en réjouis et je m'en félicite
avec vous tous; vous aussi, réjouissez-vous de même et félicitez-vous
avec moi."(Saint-Paul)
Je réclame, par faveur spéciale, la Marche
nuptiale. Notre Dieu, lui, continuera à être vivant et rien d'autre ne
compte. Il n'y aura de service funèbre à la Mission au cœur de l'Afrique
pour la première fois, que lorsque Dieu mourra, mais comme ce n'est pas
pour tout de suite, bon courage, tous! En avant! Que chacun aille droit
devant soi. Alléluia! Mourir?.. j'y gagne!
"Il en est qui ne
vivent plus, s'ils ne sont à côté du clocher de l'église. Moi, je
voudrais tenir boutique du salut aux portes même de l'enfer."
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