L’incrédulité et le christianisme portent un jugement très
différent de la vie.
Voltaire, le célèbre écrivain, moqueur et ennemi de Christ,
s’exprime ainsi au sujet de ce monde dans lequel il vivait sans la paix de
Dieu : « L’homme est plus malheureux que tous les animaux ensemble;
il est continuellement en proie à deux fléaux que les animaux ignorent,
l’inquiétude et l’ennui qui ne sont que le dégoût de soi-même. Il aime la vie,
et il sait qu’il mourra. S’il est né pour goûter quelques plaisirs passagers
dont il loue la Providence, il est né pour des souffrances sans nombre et pour
être mangé des vers; il le sait, et les animaux ne le savent pas. Cette idée
funeste le tourmente; il consume l’instant de sa détestable existence à faire
le malheur de ses semblables, à les égorger lâchement pour un vil salaire, à
tromper et à être trompé, à piller et à être pillé, à servir pour commander, à
se repentir sans cesse. Exceptez-en quelques sages, la foule des hommes n’est
qu’un assemblage horrible de criminels infortunés, et le globe ne contient que
des cadavres. Je tremble, encore une fois, d’avoir à me plaindre de l’Être des
êtres en portant une vue attentive sur cet épouvantable tableau. Je voudrais
n’être pas né ».
Détournons-nous du triste et épouvantable tableau tracé par
l’incrédule, le cœur rempli d’amertume, pour écouter le témoignage que rendit sur son lit de mort le croyant et
noble Halyburton (mort en 1712) : « Dans très peu de temps
j’aurai une connaissance de Dieu plus complète que je ne l’ai eue ici-bas, je
le louerai, Lui, à toujours et à perpétuité. Oh! Qu’il est merveilleusement
doux de penser à Dieu tel qu’Il s’est révélé en chair ici-bas. Je suis confondu
de ne pas L’aimer, de ne pas L’adorer davantage. N’est-il pas admirable que je
puisse jouir d’un tel repos au milieu de
toutes mes douleurs corporelles et en face de la mort! Quelle grâce que,
jouissant encore de toute mon intelligence, je puisse proclamer sa bonté! Je
désire ardemment Sa délivrance et je Lui rends grâces de l’avoir trouvé, Lui,
et de pouvoir quitter ce monde en célébrant Son nom. O Dieu, sois béni de
m’avoir fait naître! »
Qu’elle est désolante la condition de l’incrédule! Point de
lumière, point de joie durable, ni véritable! Bienheureux, au contraire, celui
qui, réconcilié avec Dieu, connaît dans ce lieu même où il doit souffrir, la
paix de Dieu qui surpasse toute intelligence!
Pensez encore à la fin effrayante de Voltaire, au lit de
mort de ce grand moqueur et blasphémateur de Christ! Pendant son dernier séjour
à Paris il avait atteint l’apogée d’un triomphe sans précédent. Tous
l’acclamaient et se prosternaient à ses
pieds. Au milieu de cette gloire on aurait pu penser qu’il allait mourir en
héros; soudain la main de Dieu l’atteignit. De fortes hémorragies mirent sa vie
en danger. Après une période d’accalmie le mal se porta tout entier à
l’intérieur et son entourage ne se fit plus aucune illusion sur l’issue fatale.
Parmi tous les récits contradictoires inspirés soit par la passion
antireligieuse des philosophes, soit par la haine du clergé qu’il avait si
souvent cinglé de sa verve satirique, nous ne citerons que les paroles de
l’honnête Tronchin, son médecin et son ami, qui, jusqu’à ses derniers jours,
l’entoura de ses soins. Voici ce que Tronchin écrivait le 27 juin 1778 à l’un
de ses amis : « Si mes principes, mon bon ami, avaient eu besoin que
j’en serrasse le nœud, l’homme que j’ai vu dépérir, agoniser et mourir sous mes
yeux, en aurait fait un nœud gordien, et, en comparant la mort de l’homme de
bien, qui n’est que la fin d’un beau jour, à celle de Voltaire, j’aurais vu
bien sensiblement la différence qu’il y a entre un beau jour et une tempête,
entre la sérénité de l’âme d’un sage qui cesse de vivre et le tourment affreux
de celui pour qui la mort est le roi des épouvantements. Grâce au ciel, je
n’avais pas besoin de ce spectacle…Je ne me le rappelle pas sans horreur. Dès
qu’il vit que tout ce qu’il avait fait pour augmenter ses forces avait produit
un effet contraire, la mort fut toujours devant ses yeux. Dès ce moment la rage
s’est emparée de son âme. Rappelez-vous les fureurs d’Oreste : Furiis agitatus obiit (Il mourut
tourmenté par les furies) ».
Une autre fois, le même témoin s’écria, dans les premiers
moments qui suivirent la mort : « L’image de Voltaire m’accompagne
partout… je ne puis me l’ôter de la tête et je n’y pense qu’en frémissant!
Quelle mort! Qu’il serait à souhaiter que les incrédules de Paris en aient été
témoins! La belle leçon qu’ils auraient eue… »
Et encore, dans une conversation : « Il est
très vrai… que cet homme tant vanté pour son esprit et si peu digne de l’être
pour ses sentiments, est mort, non dans un repentir salutaire, mais dans un
horrible désespoir, répétant qu’il était abandonné de Dieu et des hommes et
qu’il le méritait bien. Il me baisait les mains pour me conjurer de l’empêcher
de mourir. Voilà quelle a été sa fin dont le spectacle horrible était fait pour
faire abjurer sa doctrine à tous ceux qui en auraient été témoins… »
Toute autre est la fin de ceux qui sont réconciliés avec
Dieu et qui s’endorment dans le Seigneur, comme, par exemple, celle de
Christian III de Danemark, qui mourut quelques années avant Voltaire (1757).
Ses dernières paroles furent : « Maintenant il me faut partir, mais
il fait bon s’en aller : j’ai le chemin, la vérité et la vie – Jésus –
avec moi ».
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