dimanche 30 mars 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall,. 11e partie

 

La subtilité de Satan dans le choix des instruments adaptés à ses desseins.

Satan fait preuve de subtilité en choisissant les instruments adéquats pour réaliser ses desseins. Tel un maître artisan, il délimite la tentation et lui donne forme, mais il lui arrive de confier la tâche à ses compagnons ; il sait que son œuvre peut être mieux menée par d’autres, s’il ne se montre pas lui-même honnête.

En effet, il n’existe pas une telle adéquation entre la nature angélique et celle de l’homme qu’entre un homme et un autre ; c’est pourquoi il ne peut pas nous approcher aussi familièrement que l’homme peut le faire avec l’homme. Et ici, comme en d’autres choses, il est le singe de Dieu. Vous savez que cette même raison a été donnée pour laquelle les Israélites désiraient que Dieu ne leur parle pas, mais à Moïse, et Dieu approuva cette proposition : "Ils ont bien dit", dit Dieu, "Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi", Deutéronome18:17, 18.

Ainsi, Satan utilise le ministère d'hommes comme nous, par lequel, plus il devient familier, moins il est suspecté, tandis que, tel Joab, il fait appel à un autre pour accomplir sa mission. Or, personne ne lui convient pour cette tâche ; il est très habile dans ses instruments. Tous les soldats ne sont pas aptes à une ambassade, à traiter avec un ennemi, à trahir une ville, etc. Satan considère qui peut accomplir sa tâche à son plus grand avantage. Et en cela, il est différent de Dieu, qui n'a pas du tout d'instruments de choix, car il n'en a besoin d'aucun et peut faire aussi bien avec l'un qu'avec l'autre ; mais la puissance de Satan étant limitée, il doit réparer le défaut de la peau du lion par celle du renard.    

Or, les personnes que Satan vise comme instruments sont principalement de quatre sortes : 1. Les personnes de haut rang et de pouvoir ; 2. Les personnes de rang et de politique ; 3. Les personnes de sainteté, ou du moins réputées comme telles ; 4. Les personnes de parenté et d’intérêt.

Premier instrument. Satan choisit des personnes influentes et de haut rang. Celles-ci appartiennent soit à la République, soit à l'Église. S'il le peut, il s'assurera le trône et la chaire, comme les deux forteresses qui commandent toute la ligne. (1.) Hommes de pouvoir dans la République ; c'est son vieux truc de les manipuler. Un prince ou un dirigeant peut en représenter mille ; c'est pourquoi Paul dit à Élymas, alors qu'il voulait détourner le député de la foi : "Ô toi, plein de toute ruse, fils du diable !" (Actes 13:10).

Comme s'il disait : "Tu as appris cela de ton père le diable : hanter les cours des princes, gagner la faveur des grands." Satan use d'une double stratégie pour gagner de tels hommes à sa cause. Personne n'a un tel avantage pour attirer les autres à sa cause. Corrompt le capitaine, et il sera difficile qu'il n'entraîne pas sa troupe avec lui. Lorsque les princes, hommes de renom dans leurs tribus, se rallièrent à Coré, une multitude fut aussitôt entraînée dans la conspiration (Nombres 16:2, 19).

Que Jéroboam instaure l'idolâtrie, et Israël sera bientôt pris au piège. On dit que le peuple suivit volontiers son commandement (Osée 5:11). Si le péché persiste à la cour et que l'infection ne s'étend pas plus loin, le péché d'un tel homme, aussi bon soit-il, peut coûter cher à tout un royaume. "Satan s'est dressé contre Israël et a provoqué David à dénombrer Israël", 1 Chroniques 21:1. Il avait une rancune envers Israël, et il l'assouvi par le péché du roi du pays, qui s'est abattu sur eux comme une terrible plaie.

(2.) Ceux qui sont en poste et en fonction dans l'Église. Il n'y a pas moyen de contaminer toute la ville, ni d'empoisonner la citerne où ils puisent leur eau. Qui persuadera Achab d'aller à Ramoth en Galaad et d'y tomber ? Satan peut le dire : "J'irai, et je serai un esprit de mensonge dans la bouche de tous ses prophètes", 1 Rois 22:22. Comment les profanes s'endurciront-ils dans leurs péchés ? Que le prédicateur leur couse des oreillers sous les coudes et crie : "Paix, paix !" et c'est fait. Comment le culte de Dieu pourrait-il être négligé ? Que Hophni et Phinées ne soient que scandaleux dans leur vie, et beaucoup, bons et mauvais, "abhorreront le sacrifice du Seigneur".

Il emploie des personnes douées et habiles. Si quelqu'un possède plus d'esprit et de raison que les autres, c'est celui que Satan recherche pour son service, et il prévaut à tel point que très peu de ses semblables se trouvent parmi les disciples du Christ; "pas beaucoup de sages". En effet, Dieu ne veut pas que son royaume, ni dans les cœurs ni dans le monde, soit maintenu par une politique charnelle, car l'Évangile nous commande de marcher dans la simplicité pieuse.

Bien que le serpent puisse se rétracter et paraître ce qu'il n'est pas, il ne sied pas aux saints de jongler ou de se jouer de Dieu ou des hommes ; et, en vérité, lorsque l'un d'eux a usé de la subtilité du serpent, il n'a pas suivi sa main. Jacob a obtenu la bénédiction par ruse, mais il aurait pu l'obtenir à moindre coût par une attitude franche. Abraham et Sara dissimulent tous deux à Abimélec ; Dieu découvre leur péché et les en reprend par la bouche d'un païen.

Asa, par politique d'État, s'allie à la Syrie, et met en gage les vases du sanctuaire et tout le reste pour obtenir de l'aide. Et qu'advient-il de tout cela ? "En cela, tu as agi insensément", dit Dieu, "à partir de maintenant, tu auras des guerres." La politique coupable ne prospérera pas longtemps entre les mains des saints. Mais Satan ne s'écarte pas de son chemin ; il recherche les hommes les plus rusés, Balaam, Achitophel, Haman, Sanballat, des hommes admirés pour leurs conseils et leurs complots machiavéliques ; ceux-là sont pour lui.

Une cause mauvaise exige un orateur habile ; une mauvaise marchandise, un homme agréable. En particulier, les instruments qu'il utilise pour séduire et corrompre les esprits sont généralement des hommes subtils, au point de "tromper, s'il était possible, les élus". Cela rendait l'apôtre si jaloux des Corinthiens (qu'il avait fiancés à Christ), qu'il craignait que, comme Ève par le serpent, leurs esprits ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité qui est en Christ. Il faut un diable rusé pour pouvoir détourner l'amour de l'épouse de son Bien-aimé ; pourtant, la sorcellerie des instruments de Satan est telle que beaucoup ont été amenés à fuir ces vérités et ces ordonnances, voire Christ lui-même, à qui ils semblaient autrefois fiancés. Or, ces instruments de Satan révèlent, à trois égards, la subtilité de leur maître.

(1.) En souillant la réputation des messagers sincères du Christ; une vieille ruse de Satan pour rehausser son crédit sur la réputation ruinée des fidèles serviteurs du Christ. Ainsi, il enseigna à Coré, Dathan et Abiram à accuser Moïse et Aaron : "Vous en faites trop, alors que toute l’assemblée est sainte" (Nombres 16:3). Ils faisaient croire au peuple que c’était par orgueil qu’ils s’arrogeaient le monopole, comme si "seuls Aaron et sa confrérie étaient assez saints pour offrir de l’encens". Par cette approche subtile, ils séduisirent pour un temps toute l’assemblée. Ainsi, les faux prophètes, qui étaient les chevaliers de Satan auprès d’Achab, tombèrent en faut sur le bon Michée. Notre Sauveur lui-même ne fut pas mieux traité par les pharisiens et leurs complices ; et Paul, le chef des apôtres, a vu son ministère miné et sa réputation ternie par de faux docteurs, comme s'il avait été un prédicateur faible et pitoyable. "Mais sa présence corporelle est faible", disent-ils, "et son discours méprisable", 2 Corinthiens 10:10. Et est-ce là l'homme que vous admirez ?

(2.) En couvrant leurs impostures et leurs erreurs de notions choisies et d'excellentes vérités. Arius lui-même et d'autres dangereux instruments de Satan furent trop sages pour n'encombrer leurs discours que de matières hétérodoxes. Ils laissent échapper de précieuses vérités, dont ils ont parsemé leurs principes corrompus, avec un art pourtant difficile à discerner. Notre Sauveur, comme on le remarque, met en garde ses disciples lorsqu'il leur recommande de "se méfier du levain des pharisiens", c'est-à-dire de leurs erreurs. 

Mais pourquoi le levain ? Simplement, pour le mélange secret avec le pain sain. Vous ne faites pas votre pain entièrement avec du levain, car personne ne le mangerait, mais vous en émiettez un peu pour en faire une masse entière, ce qui aigrit tout. Ainsi, le Christ dit à ses disciples que les pharisiens, parmi tant de vérités, mêlent leurs erreurs ; il leur faut donc prendre garde, de peur que les erreurs ne tombent aussi avec la vérité. De plus, le levain ressemble beaucoup à la pâte, il est du même grain qu'elle, et ne diffère que par son âge et son acidité. Ainsi, le Christ suggère la ressemblance de leurs erreurs avec la vérité, pour ainsi dire tirée des Écritures, mais aigrie par leurs propres commentaires mensongers. Cela facilite en effet la contamination des brebis du Christ par la gale de l'erreur, car la mauvaise herbe qui engendre la pourriture ressemble tellement à l'herbe qui les nourrit!

(3.) Leur subtilité se manifeste lorsqu'ils prônent des principes qui flattent la chair. Cela attire dans leurs filets des bancs entiers d'âmes insensées. Le cœur de l'homme aime à façonner une religion selon son humeur, et il est facile de croire que c'est une vérité car elle favorise ses propres inclinations. Or, les instruments de Satan s'efforcent de satisfaire trois convoitises dans leur doctrine : la raison charnelle, l'orgueil et la liberté charnelle.

La raison charnelle. C'est la grande idole que la partie la plus intelligente du monde vénère, en faisant le symbole même de sa foi, et c'est de cette racine amère qu'ont jailli les hérésies ariennes et sociniennes. Et, en vérité, celui qui ne veut pas aller plus loin que la raison peut le porter peut s'accrocher à la simple loi morale, mais lorsqu'il atteint les profondeurs de l'Évangile, il doit soit revenir en arrière, soit se contenter de laisser la foi l'aider à avancer.

Un autre désir que Satan attise est l'orgueil. L'homme se considère naturellement comme un dieu, bien que pour avoir escaladé si haut, il est tombé ; et toute doctrine qui nourrit une bonne opinion de l'homme à ses propres yeux lui est acceptable, et cela a engendré une nouvelle vague d'erreurs dangereuses : les pélagiennes et les semi-pélagiennes, qui remettent la nature sur pied et persuadent l'homme qu'il est parvenu seul au Christ, ou du moins avec un peu d'aide extérieure, une main pour le guider ou un argument pour l'y pousser, sans aucune œuvre créatrice dans l'âme.

Oh, nous ne pouvons concevoir la légèreté d'une telles choses! Si un ouvrier vous disait que votre maison est pourrie, qu'il faut la démolir et préparer de nouveaux matériaux ; et qu'un autre vous disait : "Pas de problème ; telle poutre est bonne, tel espar peut tenir, un petit prix suffira." Il ne serait pas étonnant que vous écoutiez celui qui vous imposerait le moins de frais et de peine.

Les fidèles serviteurs du Christ disent aux pécheurs, par la Parole, que l'homme, dans son état naturel, est corrompu et pourri, que rien de l'ancien corps ne peut servir, et qu'il faut du neuf ; mais un arminien surgit, fait exploser l'orgueil du pécheur et lui dit qu'il n'est pas aussi faible ni aussi méchant que l'autre le prétend. Si tu le veux, tu peux te repentir et croire ; ou, du moins, en exerçant tes talents naturels, obliger Dieu à ajouter ce que tu n'as pas. Voilà l'artisan qui saura le mieux satisfaire l'homme orgueilleux.

Satan, par ses instruments, nourrit ce désir de liberté charnelle, inhérent à l'homme par nature, fils de Bélial, sans joug ; et s'il doit en porter un, celui qui lui plaira le mieux sera celui qui a la doublure la plus douce et qui pince le moins la chair. C'est pourquoi, lorsque les enseignants sincères de la Parole ne veulent pas relâcher la rigueur du commandement, mais insistent pour une obéissance sincère, alors les instruments de Satan interviennent et disent : "Ce sont des maîtres de corvée sévères, qui n'accordent pas un seul jour de récréation par an au chrétien, mais le lient à un devoir continuel ; nous vous montrerons un chemin plus facile vers le ciel." "Allez", dit le papiste, confessez-vous une seule fois par an au prêtre, payez-le généreusement pour ses efforts, et soyez un fils obéissant de l'Église, et nous vous dispenserons de tout le reste."

Allons, disent-ils, l'Évangile accorde plus de liberté que ne vous le disent ces prédicateurs légalistes. Ils vous invitent à vous repentir et à croire, mais Christ a fait tout cela pour vous. Que vous reste-t-il à faire, sinon nourrir la chair ? Il est certain que les imposteurs obtiennent un retour plus rapide sur leurs marchandises, alors que la vérité est suspendue au poteau. Et n'est-ce pas qu'ils se contentent d'offrir le ciel à leurs disciples à un prix inférieur à celui que Christ offrira aux siens ? Celui qui vend le moins cher aura plus de clients, même si, au final, le meilleur sera le meilleur marché ; la vérité, avec l'abnégation, vaut mieux que l'erreur, avec tous ses plaisirs charnels.

Troisième instrument. Satan choisit ceux qui ont une grande réputation de sainteté. Rien n'est plus efficace qu'un oiseau vivant pour attirer les autres dans son filet. Mais est-il possible qu'ils accomplissent ce travail pour le diable ? Oui, telle est la politique de Satan, et la fragilité des meilleurs, que les hommes les plus saints ont été ses instruments pour séduire les autres. Abraham tente sa femme de mentir : "Dis que tu es ma sœur." Le vieux prophète détourne l'homme de Dieu de son chemin, 1 Rois 13:11 ; la sainteté de l'homme et le respect de son âge, semble-t-il, donnaient autorité à ses conseils. Oh, comment cela devrait-il vous rendre vigilants, vous dont le long voyage et les grands progrès dans les voies de Dieu vous ont valu une renommée éminente dans l'Église, à ce que vous dites, faites ou tenez, parce que vous êtes des hommes qui dirigent, et que les autres vous regardent plus que leurs voies !

Quatrième instrument. Satan choisit des personnes proches et intéressées, celles qui, par parenté ou affection, éprouvent un profond intérêt pour les personnes qu'il cherche à séduire. Certains embrasseront l'enfant pour le bien de la nourrice, et aimeront le présent pour la main qui l'apporte. C'est comme si David n'avait pas reçu de Nabal ce qu'il a pris à Abigaïl et qu'il remercie. Satan envoya le fruit par la main d'Ève à Adam.

Dalila fait plus envers Samson que toutes les bandes des Philistins. La femme de Job lui apporte le poison : "Maudit Dieu et meurs." Certains pensent que Satan lui a épargné la vie lorsqu'il a tué ses enfants et ses serviteurs (bien qu'elle fût également sous sa commission) ; c'était l'instrument le plus probable, en raison de sa parenté et de son affection, pour le soumettre à la tentation. Satan emploie Pierre, un disciple, pour tenter le Christ, ou ses amis et sa famille. Certains martyrs ont avoué que la tâche la plus difficile qu'ils aient eue à accomplir était de surmonter les prières et les larmes de leurs amis et de leur famille. Paul lui-même ne pouvait se dégager de son piège sans se briser le cœur. "Que faites-vous, en pleurant et en me brisant le coeur?" (Actes 21:13).

dimanche 23 mars 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall, 10e partie

 

La subtilité de Satan dans la gestion de ses tentations, où sont exposés plusieurs stratagèmes qu'il utilise pour tromper les chrétiens.

La deuxième manière dont Satan révèle sa subtilité tentatrice réside dans les stratagèmes qu'il utilise pour tromper le chrétien, en manipulant ses tentations et en les posant selon une méthode et une forme qui révèlent son astuce.

Stratagème. Il brandit de fausses couleurs et s'approche du chrétien sous le déguisement d'un ami, de sorte que les portes lui sont ouvertes et que ses gestes sont accueillis avec applaudissements, avant même qu'ils ne soient découverts. C'est pourquoi on dit de lui qu'il se "transforme en ange de lumière" (2 Corinthiens 11:14). De tous les complots, le plus dangereux est celui où il apparaît sous le manteau de Samuel et habille sa langue ordurière de beaux discours.

Ainsi, au sujet de l'erreur, il corrompt le jugement de certains, en faisant passer ses idées pour des vérités évangéliques particulières, et, tel un marchand rusé, il se débarrasse de ses vieilles affaires (je veux dire des erreurs qui lui sont restées longtemps en main), les remettant seulement un peu à la mode de l'époque, et ils partent sous une lumière nouvelle, sous le couvert de la liberté chrétienne. Il fait preuve de libertinage en invoquant l'Esprit.

Il dénigre et vilipende l'Écriture en exaltant la foi. Il s'efforce de saper la repentance et de discréditer les bonnes œuvres. En déplorant la corruption de l'Église dans son administration, il en détourne les âmes instables et les amuse, jusqu'à ce qu'elles finissent par sombrer dans l'ivresse et ne voient plus aucune Église en existence. Par cette ruse, il influence autant le cœur et la vie des hommes que leur jugement. Sous couvert de zèle, il allume parfois dans le cœur une dangereuse flamme de passion et de colère qui, tel un feu irréfléchi, fait bouillonner l'esprit du chrétien en désirs et en prières de vengeance non chrétiens, là où il devrait pardonner.

De cela, nous avons un exemple des disciples (Luc 9:54), où deux saints hommes désirent que "le feu descende du ciel". Ils ne pensaient guère d'où venait le charbon qui les chauffait ainsi, jusqu'à ce que le Christ leur dise : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés", v. 55. Parfois, il feint la pitié et l'affection naturelle, ce qui dans certains cas peut être un bon conseil, et tout le temps il désire promouvoir la lâcheté et l'amour-propre pécheur, par lesquels le chrétien peut être amené à fuir ses couleurs, à se détourner de la vérité, ou à décliner un devoir nécessaire de sa vocation.

Cette ruse, lorsqu'il prit Pierre pour porte-parole, en disant (en quelque sorte) : "Maître, aie pitié de toi-même", le Christ l'aperçut bientôt et lui ferma la bouche avec cette sévère réprimande : "Arrière de moi, Satan." Oh, quel besoin avons-nous d'étudier les Écritures, notre cœur et les ruses de Satan, pour ne pas accueillir cet ennemi et penser que c'est le Christ qui est notre invité !

Deuxième stratagème. Il s'agit de se renseigner sur les affaires du saint. C'est un rouage essentiel du système politique : avoir des espions partout, par lesquels ils sont au courant des conseils et des mouvements de leurs ennemis, et comme cela leur donne l'avantage de déjouer leurs desseins, ils peuvent aussi plus sûrement mener à bien les leurs. Il n'est pas difficile pour celui qui voit les mains de ses ennemis de bien jouer ce jeu.

David savait comment les choses se passaient à la cour; les flèches de Jonathan lui en ont apporté la nouvelle. Il quitta donc ses quartiers, se montrant trop dur pour son grand ennemi Saül. Satan est le plus grand observateur du monde ; il se fait un devoir de s'enquérir des inclinations, des pensées, des affections et des desseins de la créature, afin de trouver l'humeur qui abonde et de s'y appliquer, de trouver le sens du courant, d'ouvrir le passage à la tentation et de couper le canal qui mène à la chute des affections de la créature, sans la forcer à résister au torrent de la nature.

Or, si nous considérons seulement l'appréhension perçante de la nature angélique, avec quelle rapidité il devine où va le gibier, par un mot prononcé, un regard jeté, ou une chose aussi insignifiante, un signal suffisant pour lui donner l'alarme ; si nous considérons son expérience en anatomie du cœur de l'homme, ayant inspecté, et pour ainsi dire disséqué, tant de choses dans sa longue pratique, par laquelle sa connaissance est grandement perfectionnée, ainsi que sa grande diligence à ajouter à ces deux choses, étant un étudiant aussi attentif que jamais, considérant les saints, et étudiant comment il peut leur faire du mal, comme nous le voyons dans le cas de Job, qu'il avait si bien observé, qu'il était capable de donner une réponse improvisée à Dieu, quant à quel était l'état et la posture actuelle de Job, et quel pourrait être le moyen le plus probable d'arriver à ses fins ; et en plus de tout cela, la correspondance qu'il entretient avec ceux qui sont chrétiens et ceux autour de lui, de qui il apprend beaucoup de choses sur sa situation, comme David par Hushaï dans le conseil d'Absalom. Tout cela considéré, il est presque impossible à la créature de sortir du secret de son cœur, sans que l'on sache où il s'incline.

Une passion corrompue ou autre trahira l'âme, comme ils trahirent David auprès de Saül, qui lui indiqua où le trouver, dans le désert d'En-Guédi (1 Samuel 24:4). Ainsi, celles-ci donneront des renseignements à Satan et lui diront : "Si tu veux surprendre un tel homme, il est parti par là, tu l'enfermeras dans la forêt des occupations terrestres, accablé par les désirs de cette vie." Voyez où un autre est assis sous une tonnelle, se délectant de tel don, de tel don d'esprit, ou de quelque chose de semblable ; déposez-y un brin de tilleul, et vous l'y aurez bientôt.

Maintenant, Satan, ayant cette intelligence, le laisse jouer son rôle. Il ne peut certes pas être perdu, quand ses disciples, les Jésuites je veux dire, ont une telle agilité d'esprit pour se parer et se donner à n'importe quelle forme digne des personnes qu'ils veulent séduire. L'ambition est-elle la convoitise que le cœur affectionne ? Ô les projets agréables qu'il va mettre en œuvre ! Avec quelle facilité, après les avoir d'abord fait exploser par de vains espoirs, il les entraîne dans d'horribles péchés.

Ainsi, pour s'assurer la faveur de son prince, Aman se laisse entraîner dans ce complot sanglant, qui finira par lui être fatal, contre les Juifs. L'impureté est-elle le désir qui égare le regard de la créature ? Il va maintenant se faire le complice, pour le rapprocher de son serviteur. Ainsi, trouvant Amnon malade, il envoie Jonadab, un homme à la tête lourde (2 Sam. 13.3), pour lui inculquer cette ruse de se faire passer pour malade, et sa sœur tombe dans son piège.

Stratagème trois. Dans ses approches progressives de l'âme, lorsqu'il tente, il est modeste et ne demande que peu ; il sait qu'il peut obtenir après plusieurs tentatives ce qui lui serait refusé s'il demandait tout d'un coup. On laisse entrer quelques hommes dans une ville, alors qu'une armée venant en masse en serait exclue ; et donc, afin d'éviter tout soupçon, il présente quelques propositions générales qui ne dévoilent pas la profondeur de son complot.

Ceux-ci, semblables à des éclaireurs, marchent devant, tandis que son corps entier gît caché, pour ainsi dire, dans un marais proche. Ainsi, il se faufila dans le sein d'Ève, et il ne lui ordonna pas, d'emblée, de prendre et de manger. Non, il est plus rusé. Cela aurait été si hideux que, comme le poisson, effrayé par un bruit soudain, par une pierre jetée dans la rivière, est effrayé par l'appât, ainsi elle aurait été effrayée de discuter avec un tel individu. Non, il pose une question qui ouvrira la voie à tout ceci. Dieu a-t-il dit ? Ne te trompes-tu pas ? Serait-ce là ce qu'il voulait dire, lui dont la générosité te permet de manger de tout le reste, pour te refuser le meilleur de tous ? Ainsi, il creuse et déracine la foi de la femme, et alors l'arbre tombe, d'autant plus facilement que la prochaine rafale de tentation est plus facile. C'est une ruse vraiment dangereuse. Nombreux sont ceux qui ont cédé une fois à Satan, sans jamais avoir l'intention de céder deux fois ; mais une fois en route, ils ont été attirés de plus en plus loin, jusqu'à ce qu'enfin ils ne sachent plus comment quitter sa compagnie.

Ainsi, Satan entraîne les pauvres créatures dans les profondeurs du péché par des escaliers tortueux qui les empêchent de voir le fond où elles vont. Il présente d'abord un objet qui suscite des pensées ; celles-ci enflamment les affections, embrouillent le cerveau et obscurcissent l'entendement. Ainsi affaibli, Satan ose alors se déclarer un peu plus et solliciter plus audacieusement la créature qu'il a déjà défié.

Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, vivent dans une profanité ouverte, mais qui n'auraient jamais pensé s'éloigner autant de leur profession de foi; Satan les a séduits, pauvres âmes, avec un modeste début. Ô chrétien, ne donne aucune place à Satan, non, pas un pouce, dès ses premiers pas. Le mendiant, modeste et sans portes, commandera la maison s'il y est admis. Cède d'abord, et tu perdras tes forces pour lui résister par la suite ; lorsque l'ourlet sera usé, le vêtement tout entier s'effilochera, s'il n'est pas raccommodé par un repentir au temps opportun.

Quatrième stratagème. La quatrième façon par laquelle Satan fait preuve de subtilité dans la gestion de ses tentations réside dans ses réserves. Un capitaine avisé dispose toujours de troupes fraîches prêtes à intervenir en cas de besoin lorsque les autres sont débordés. Satan est rarement désemparé à cet égard ; lorsqu'une tentation est repoussée, il en trouve rapidement une autre pour combler le vide et maintenir la ligne. 

Ainsi, il tente le Christ à la défiance et à la méfiance, en lui ordonnant de transformer des pierres en pain, comme s'il était temps de se tailler une part de pain, lui qui semblait avoir été si longtemps négligé par son Père, au point de jeûner quarante jours sans avoir entendu parler de quoi que ce soit. À peine le Christ avait-il éteint ce dard par ces mots : "Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4:4), qu’il en avait un autre sur la corde, qu’il lança vers lui, le tentant à la présomption. "Alors le diable le saisit, le plaça au haut du temple et lui dit : "Jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet(...)" (v. 5, 6). 

Comme s'il disait : "Si tu as une telle confiance en Dieu et en sa Parole, comme tu le prétends, montre-le en te prosternant, car tu as une parole entre toi et le sol, si tu oses te confier à Dieu." Et en vérité, bien que Christ ait eu sa réponse toute prête et fût prêt à être attaqué à droite et à gauche, étant si complètement armé qu'aucune tentation ne pouvait lui échapper, notons cependant que les tentations de Satan sur Christ étaient comme les mouvements du serpent sur un rocher, dont parle Salomon (Proverbes 30:19).

Elles ne laissent aucune trace, aucune empreinte ; mais sur nous, elles sont comme un serpent sur le sable ou la poussière, qui laisse une empreinte, non pas dans le cœur, mais dans l'imagination, qui colore ce qui est à côté, et ainsi l'objet est prêt à s'y glisser, si l'on n'y prend garde. Surtout dans ce cas où il change ainsi de main, comme lorsque nous avons résisté d'une manière, retombe de nouveau dans une autre, et reviens même à la charge dans la première tentation.

Il faut une certaine promptitude dans nos postures et une certaine habileté dans le maniement de toutes nos armes pour assurer notre défense ; tel un argumentateur, mis hors de cause, confronté à une nouvelle question ou à un argument inhabituel, il est maintenant mis à l'épreuve. Et c'est véritablement la méthode de Satan lorsqu'il tente le chrétien de négliger les devoirs du culte de Dieu (à cause de ses circonstances mondaines, de leur multitude ou de la nécessité de les observer) ; et si cela n'arrive pas, il se retrouve de l'autre côté et entraîne le chrétien à négliger sa vocation mondaine, sous prétexte de promouvoir son autre vocation dans le culte de Dieu. Ou bien, il commence par s'efforcer d'endormir le cœur dans le devoir, mais si le chrétien est trop vigilant, il s'enfle d'orgueil en pensant qu'il a beaucoup progressé. Ainsi, l'ennemi garde toujours ses tentations les plus sournoises et les plus sublimées pour la fin.

Cinquième stratagème. Dans ses politiques de retraits. Vous verrez un ennemi fuir comme vaincu, alors qu'il a dessein de vaincre. Telle était la ruse de Josué, par laquelle il prit au piège les hommes d'Aï (Josué 8). Nous lisons non seulement que Satan est chassé, mais aussi que l'esprit impur sort volontairement, mais avec l'intention de revenir et d'amener avec lui des compagnons plus méchants (Matthieu 12:43).

Satan n'est pas toujours repoussé par la force et la puissance de la grâce conquérante, mais il lui arrive de se retirer et de lever son propre siège, afin de mieux extirper le chrétien de ses retranchements et de ses tranchées, afin de le capturer dans les plaines, alors qu'il ne peut l'atteindre dans ses ouvrages et ses fortifications. Les tentations renvoient le saint à son château, comme la vue du chien renvoie le lapin à son terrier. Aujourd'hui, l'âme fait le tour du monde, se tient sur ses gardes, n'ose négliger son devoir, car l'ennemi est sous ses murs, l'enfermant continuellement dans ses tentations. Mais lorsque Satan semble abandonner l'âme et que le chrétien se rend compte qu'il n'est plus hanté par les mêmes agitations qu'autrefois, il est désormais enclin à relâcher sa diligence, à faillir à son devoir et à devenir soit sporadique, soit formaliste, comme les Romains, dont la valeur déclina faute de troupes carthaginoises pour les alarmer.

Que Satan tente ou non, attaque ou retraite, reste en ordre, sois en position de combat, que sa fuite fortifie ta foi, mais n'affaiblisse pas ta vigilance. Les Parthes font le plus de mal à leurs ennemis dans leur fuite, tirant leurs dards en courant, et Satan peut te faire de même, si ta victoire apparente te met en (fausse) sécurité.

dimanche 16 mars 2025

Je voudrais les sauver

 

Malheur à eux, parce qu'ils me fuient! Ruine sur eux, parce qu'ils me sont infidèles! Je voudrais les sauver, mais ils disent contre moi des paroles mensongères. Ils ne crient pas vers moi dans leur cœur, mais ils se lamentent sur leur couche; ils se rassemblent pour avoir du blé et du moût, et ils s'éloignent de moi. (Osée 7:13-14).

Je voudrais les sauver, mais... Ce petit bout de phrase n'est pas sans rappeler Jésus en Matthieu 23:37, alors que, pleurant sur Jérusalem, il dit: "Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!" Parce que le salut est en Dieu, à travers Jésus-Christ. "Il n'y a de salut en aucun autre; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés" (Actes 4:12). David dira également au Psaume 3:8 que "le salut est auprès de l'Éternel". Et au Psaume 91 verset 1, nous lisons que "celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut repose à l'ombre du Tout Puissant".

Mais ici en Osée, Dieu se plaint de de Son peuple qui est rebelle et qui s'est détourné de Lui. Il dit, par exemple, au verset 4 : "Ils sont tous adultères". Au verset 6 : "Ils appliquent aux embûches leur cœur". Et au verset 10, Il dit encore par la bouche du prophète: "L'orgueil d'Israël témoigne contre lui; ils ne reviennent pas à l'Eternel, leur Dieu, et ils ne le cherchent pas, malgré tout cela".

Ainsi, nous arrivons au verset 13 où le malheur les atteints. "Malheur à eux, parce qu'ils me fuient! Ruine sur eux, parce qu'ils me sont infidèles". Après tout ce qu'Il avait fait pour eux, qui avait été transmis de génération en génération, ils auraient dû "reposer à l'ombre du Tout-Puissant", sachant que le salut ne se trouvait qu'en Lui, mais ils préféraient se confier dans la chair. Au verset 8, il est dit qu'Ephraïm "se mêle avec les peuples", c'est à dire qu'ils se sont mêlés aux œuvres des sans-Dieu. Les manières du monde avaient influencé le peuple de Dieu, et nous voyons encore cela aujourd'hui alors que le monde et ses modes a infiltré l'église à une vitesse fulgurante. Les yeux du peuple de Dieu ne sont plus tournés exclusivement vers Lui, mais on attend l'approbation du plus grand nombre, même s'il va à la perdition! 

Ainsi, il poursuit le verset 8 en disant qu'Ephraïm est comme "un gâteau qui n'a pas été retourné". On faisait les gâteaux sur le feu, et si on ne les retournaient pas, ils brûlaient d'un côté et restaient non cuit de l'autre. Dieu compare les faux chrétiens à des gens qui sont trop cuits d'un côté, mais pas assez de l'autre, c'est à dire qu'ils sont cuits de leur auto-approbation, mais ils sont éloignés de Dieu. Ils n'ont aucun zèle pour Le servir, encore moins pour Lui obéir! En Apocalypse 3:16, il est dit de ces gens qu'ils sont tièdes; ils n'y a aucun changement dans leur vie, et ils sont inutiles à l'œuvre de Dieu.

Au verset 9, il poursuit en disant que "les étrangers consument sa force, et il ne s'en doute pas; la vieillesse s'empare de lui, et il ne s'en doute pas". Lorsque le chrétien s'allie avec les choses du monde, il vit comme le monde, marche dans le monde et avec le monde, il n'a aucune force spirituelle. Paul dit en Éphésiens 4:19 que ces gens ont "perdu tout sentiment" (de piété), de sorte qu'ils se livrent à toutes sortes de péchés. Ils portent dans leur vie les fruits du péché, et ainsi, de la mort, c'est ce que la vieillesse signifie ici. La tristesse, c'est qu'ils ne le savent même pas; ils pensent plaire à Dieu, du milieu du bourbier de leurs péchés, comme si Jésus n'était pas venu justement à la croix pour nous libérer du péché et de la mort!

C'est pourquoi le prophète poursuit au verset 10 en disant : "L'orgueil d'Israël témoigne contre lui; ils ne reviennent pas à l'Eternel, leur Dieu, et ils ne le cherchent pas, malgré tout cela". C'est l'orgueil qui empêche les pécheurs de venir à la repentance. C'est l'orgueil qui lui fait rechercher l'auto justification plutôt que de se tourner vers le Christ pour être pardonné et être justifié par Lui. Et c'est ce même orgueil qui témoigne contre les pécheurs qui sont sans excuses lorsqu'ils ne reviennent pas à Dieu. Il dit bien ici: "Ne reviennent pas à l'Éternel, leur Dieu". Il parle donc de personnes qui l'ont connu, et peut-être même qui ont marché un temps avec Lui mais qui se sont détournés; ils ne reviennent pas, car ils se comparent à eux-mêmes et ils se voient bons. Dieu dit de ces gens en Esaïe 1:5 que "leur tête entière est malade, et tout le cœur est souffrant". Ils n'ont pas le cœur de Dieu, car il est trop dans le monde.

Ne soyons pas de ceux qui sont légers et facilement corrompus d'entendement; restons attachés à Christ et à Sa parole. Le Seigneur préserve ceux qui demeurent sous l'abri du Très-Haut et qui reposent à l'ombre du Tout-Puissant. 

Si vous êtes de ceux qui se sont éloignés de Dieu ou qui n'ont jamais cru, il n'est pas trop tard. Dieu dit encore: "Je voudrais vous sauver tous". Si vous avez péché, le premier réflexe est de fuir Dieu, mais il ne le faut pas. C'est ce que Dieu dit ici au verset 13 : "Malheur à eux, parce qu'ils me fuient! Ruine sur eux, parce qu'ils me sont infidèles! Je voudrais les sauver". N'abandonnez pas Celui qui peut vous sauver! Ne vous éloignez pas de Celui qui veut encore vous pardonner! Esaïe 1:18 : "Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine."

Verset 14 : " Ils ne crient pas vers moi dans leur cœur, mais ils se lamentent sur leur couche". Crions vers Dieu, et Il répondra! Il fait miséricorde à ceux qui viennent vers Lui avec humilité et repentance. Prions avec David au Psaume 86: "Éternel, prête l'oreille, exauce-moi! Car je suis malheureux et indigent. (...) Aie pitié de moi, Seigneur! Car je crie à toi tout le jour. Réjouis l'âme de ton serviteur, car à toi, Seigneur, j'élève mon âme. Car tu es bon, Seigneur, tu pardonnes, Tu es plein d'amour pour tous ceux qui t'invoquent". 

Oui, notre refuge est en Toi, ô Dieu, et ne nous laisse pas chercher de réconfort en aucun autre. Tu veux encore sauver; Tu veux pardonner ceux qui s'humilient et se repentent de leur mauvaise voie. Donne-nous un cœur selon Ton cœur, et renouvelle notre intelligence, met en nous un esprit bien disposé. Que toute rébellion ne soit pas mentionnée au milieu de nous, mais que nous Te soyons soumis comme les disciples doivent l'être envers leur Maître. Tu as placé en nous la pensée de l'éternité, et ce n'est pas en vain que nous Te cherchons, parce que Tu nous a cherché le premier, et Tu t'es fait connaître à ceux qui ne Te cherchaient même pas! Merci Seigneur Jésus pour ce grand amour qui t'a conduit à la croix du Calvaire, payant au prix de Ton sang le rachat de nos péchés et nous offrant par la même occasion le cadeau de la vie éternelle, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin la confiance et l'espérance que nous avons en Toi seul. Merci ô Dieu, de ce don de salut offert gratuitement à ceux qui croient; que Ta grâce nous accompagne tous les jours de notre vie. Que toute la gloire Te soit rendue, Père Éternel, dans le précieux nom de Jésus-Christ, Amen. 

dimanche 9 mars 2025

Le chrétien en armure complète, par William Gurnall, 9e partie

 

La raison pour laquelle le chrétien doit être armé (des armes de Dieu), c'est "afin que vous puissiez résister aux ruses du diable".

Ces mots nous présentent la raison pour laquelle le soldat chrétien doit être ainsi complètement armé : "Afin que vous puissiez résister aux ruses du diable." La force de cet argument réside dans ces deux détails ou branches. Premièrement, le danger, s’il n’est pas armé. L’ennemi ne se présente pas comme étant méprisable, pas moins que le diable, qui se présente comme un ingénieur astucieux par ses ruses et ses stratagèmes. Deuxièmement, la certitude de résister à tous ses assauts et à toutes ses ruses, si nous sommes ainsi armés. Comme il n’y a pas de résistance sans armure, il n’y a pas de crainte de tomber entre les mains du démon si nous sommes armés.

Premier détail; le danger si nous ne sommes pas armés. L'ennemi du saint est le diable, décrit par ses ruses, proprement dites, les méthodes de Satan. Le mot grec signifie "l'art et l'ordre", qu'on observe dans le traitement d'un point ; nous disons qu'un tel individu est méthodique. Or, comme il faut faire preuve d'ingéniosité et de finesse d'esprit pour composer un discours de cette façon, il est donc traduit pour exprimer la subtilité de Satan, dans la mise à exécution de ses complots et de ses stratagèmes, dans ses préparatifs de guerre contre le chrétien.

En effet, le soldat expérimenté a son ordre aussi bien que le savant ; il y a une méthode dans la formation d'une armée, aussi bien que dans la formulation d'un argument. La note qui se trouve devant nous est; la doctrine.

Le diable est un ennemi très subtil. Le chrétien est le plus en danger à cause de sa politique et de ses ruses. On l’appelle le vieux serpent, le serpent subtil au-dessus des autres créatures, un vieux serpent au-dessus des autres serpents. Satan était trop rusé pour l’homme dans sa perfection, encore plus maintenant dans son état mutilé, n’ayant jamais récupéré de cette première fissure qu’il avait eue dans son entendement, par la chute d’Adam. Et comme l’homme a perdu, Satan a acquis de plus en plus d’expérience; il a perdu sa sagesse, en effet, dès qu’il est devenu un diable, mais, depuis, il a augmenté sa ruse ; bien qu’il n’ait pas assez de sagesse pour faire du bien, il a cependant assez de subtilité pour faire du mal aux autres. 

Dieu nous montre où réside sa force, lorsqu’il promet qu’il écrasera la tête du serpent ; sa tête écrasée, il meurt sur-le-champ. Maintenant, pour traiter ce point de la subtilité de Satan, nous allons le considérer dans ses deux desseins maléfiques, et vous montrer ainsi ses ruses et ses politiques. Son premier dessein maléfique est d’entraîner dans le péché. Le deuxième but est d’accuser, de vexer et de troubler le saint pour son péché. Le premier but de Satan est de nous entraîner dans le péché. 

Considérons le diable comme un tentateur du péché, et là il nous montre sa ruse et sa subtilité dans trois domaines. Premièrement, il choisit le moment le plus avantageux pour la tentation. Deuxièmement, il gère les tentations en les disposant d'une manière et d'une forme qui montrent son habileté. Troisièmement, il choisit des instruments appropriés à son tour, pour mener à bien son projet. 

La subtilité de Satan dans le choix des saisons les plus favorables pour tenter.

Premièrement. Satan montre sa subtilité dans le choix des moments les plus propices et les plus avantageux pour tenter. "Il y a un moment pour chaque chose", dit Salomon en Ecclésiaste 3:1. C’est-à-dire un moment opportun qui, une fois pris, permet de mener à bien une affaire avec facilité et rapidité. C’est pourquoi le même homme sage donne cette raison pour laquelle l’homme échoue si souvent et est déçu dans ses entreprises, "parce qu’il ne connaît pas son temps", Ecclésiaste 9:12.

Il vient quand l’oiseau s’est envolé. Une centaine de soldats à un moment donné peuvent faire tourner une bataille, sauver une armée, alors que des milliers ne le feront pas à un autre moment. Satan sait quand faire ses approches, quand sa victime est le plus susceptible d’être diverti. De même que le Christ a la langue des savants pour dire un mot en temps opportun, de conseil et de réconfort à une âme qui doute et qui s’effondre, de même Satan connaît son cœur noir et son habileté infernale pour dire des mots de séduction et de tentation ; et un mot en temps opportun est un mot avec lequel il peut avoir du succès. 

Je vais vous donner un aperçu de sa subtilité dans les saisons particulières qu'il choisit de tenter. Ces saisons particulières sont : 

Premièrement. Quand le chrétien est nouvellement converti. A peine cet enfant de grâce est-il né que ce dragon déverse après lui un flot de tentations. Il a enseigné aux Égyptiens quelques-unes de ses propres méthodes, lorsqu’il leur a enseigné le baptême sanglant et cruel qu’ils pratiquaient sur les bébés israélites, en les jetant dans le fleuve dès leur naissance. Le premier cri de la nouvelle créature donne à toutes les légions de l’enfer une alarme. 

Ils sont aussi troublés que l'étaient Hérode et Jérusalem à la naissance du Christ ; et maintenant ils siègent en conseil pour ôter la vie à ce roi nouveau-né. Les apôtres ont rencontré de l'opposition et de la persécution dans leurs derniers jours quand ils étaient dotés de plus grandes portions de l'Esprit, mais ils ont été tentés par Satan dans leurs premiers jours, quand ils étaient jeunes convertis; comme vous pouvez le constater dans les différents passages qui les concernent. Satan savait que la grâce intérieure n'était que faible, et que les provisions promises à la venue de l'Esprit n'étaient pas arrivées. Et quand un ennemi est-il plus susceptible de prendre la ville que dans une condition aussi basse ? Et ainsi il les éprouve tous.

En effet, les avantages (pour l'ennemi) sont si nombreux que nous pouvons nous demander comment le jeune converti s’en sort avec sa vie, la connaissance étant faible, et elle le laisse si vite tomber dans l’erreur, surtout dans les temps divisés, où de nombreuses voies sont présentées, l’une disant : Voici le Christ, l’autre : Voici le Christ. Et le chrétien est prêt à penser que tout homme qui vient avec de bonnes paroles a des intentions honnêtes, comme un petit enfant qui s’est égaré dans la maison de son père, est enclin à suivre quiconque (qu'il connaît un peu) lui offre sa conduite ou son expérience.

Et si Adam, dont la connaissance était si parfaite, fut pourtant bientôt trompé, étant agressé avant d’être bien au chaud dans ses nouvelles possessions, combien plus d’avantages Satan a-t-il avec le nouveau converti ! En lui, il trouve toute grâce dans une grande indisposition à résister, à la fois par sa propre faiblesse et par la force de la corruption contraire, qui généralement chez de tels hommes n’est pas mortifiée. Cela fait qu’elle agit avec plus de difficulté et de mélange, comme dans un feu nouvellement allumé, où la fumée est plus importante que la flamme, ou comme la bière nouvellement versée qui coule épaisse. Ainsi, bien que l'affection paraisse plus forte chez ces personnes, et qu'elle se traduise par une plus grande abondance de devoirs que chez d'autres, elle est cependant accompagnée de plus de passions charnelles, que Satan connaît, et choisit donc d'attiser ce qu'il voit déjà troublé.

Deuxièmement. Quand le chrétien est assailli par une grande affliction, c'est comme un chemin sans issue ou un endroit solitaire, propice à ce voleur pour demander sa bourse. Un capitaine expert s'efforce d'abord de faire une brèche dans la muraille, puis se lance à l'assaut de la ville. Satan a d'abord obtenu de Dieu le pouvoir d'affaiblir Job dans sa propriété, ses enfants, sa santé et d'autres conforts qu'il avait, et maintenant il le tente d'impatience, et ainsi de suite ; il laisse le Christ jeûner quarante jours avant qu'il vienne, puis il se met à son travail ; comme une armée qui attend jusqu'à ce qu'un château soit à court de provisions, et envoie alors des offres, jamais plus susceptible d'être embrassée que dans une telle situation. La tentation est forte lorsque la voie du soulagement semble passer par le péché avec lequel Satan courtise ; quand on est pauvre et que Satan arrive... Quoi ! Tu préfères mourir de faim plutôt que de franchir la haie et voler pour tes provisions ? Cela suffit à mettre la chair et le sang à l'épreuve.

Troisièmement. Quand le chrétien s’attèle à une entreprise notable pour la gloire de Dieu, Satan se tient alors comme un serpent sur le chemin, "une vipère sur le sentier qui mord les talons de son cheval, de sorte que son cavalier tombe à la renverse". Ainsi, il se tenait à la droite de Josué "pour lui résister". La main droite est la main qui travaille, et sa présence à cet endroit implique le désir de l'entraver dans son entreprise. En effet, le diable n'a jamais été ami avec l'œuvre du temple, et c'est pourquoi cette œuvre est en cours depuis si longtemps. Quelle belle excuse il donne aux Juifs : le temps n'est pas venu ! Le temps de Dieu est venu, mais pas celui du diable, et c'est pourquoi il les pousse à faire ce travail pauvrement (Esdras 1, 2, 6, 8), pervertissant le sens de la providence comme si le temps n'était pas venu, parce "qu'ils étaient si pauvres" ; alors qu'ils ne prospèrent pas parce qu'ils ne se sont pas mis plus tôt à l'œuvre, comme Dieu le leur avait dit clairement.

Paul et Barnabas avaient un projet sacré dans leurs pensées; aller visiter les frères dans chaque ville et renforcer leur foi. Le diable savait quel coup cela pourrait porter à son royaume ; leurs visites pourraient l'empêcher dans ses projets, et il suscite une malheureuse différence entre ces deux saints hommes, qui s'échauffent tellement qu'ils se séparent, Actes 15:36-39. Il y a eu deux périodes remarquables dans la vie du Christ, son entrée et sa sortie, son entrée dans son ministère public lors de son baptême, et sa fin lors de sa passion, et dans les deux cas, nous voyons le diable l'affronter férocement. Plus ta place est publique, chrétien, et plus ton service pour Dieu est éminent, plus tu dois t'attendre à ce que le diable ait un dessein plus dangereux contre toi ; et donc si chaque simple soldat a besoin d'une armure contre les balles de tentation de Satan, alors les commandants et les officiers, qui se tiennent au front de la bataille, en ont bien plus besoin!

Quatrièmement. Quand il a la présence d'un objet pour renforcer sa tentation. Ainsi, il prend Eve alors qu'elle est près de l'arbre et l'a dans l'œil, c'est à ce moment qu'il doit faire le mouvement, de sorte qu'en attaquant deux portes à la fois, il pourrait être plus difficile pour elle d'empêcher la réussite de sa tentation ; et si l'œil d'Eve a si tôt affecté son cœur d'un désir démesuré, alors il lui est beaucoup plus facile maintenant, par la présence de l'objet, d'exciter et d'activer cette convoitise qui sommeille dans le cœur.

De même que Naomi envoya sa belle-fille se coucher aux pieds de Boaz, sachant bien que s’il la supportait là, il y aurait de l’espoir qu’il pourrait enfin la prendre pour femme. Si le chrétien peut laisser l’objet s’approcher de si près, Satan se promettra que sa tentation pourra être acceptée avec le temps. C’est pourquoi nous devons veiller, si nous ne voulons pas céder au péché, à ne pas passer ou nous asseoir à la porte de l’occasion. Ne regarde pas cette beauté d’un œil égaré, sans quoi tu ne serais pas fait prisonnier. Ne discute pas avec ce que tu ne veux pas laisser entrer dans ton cœur. La conversation engendre l’affection : c’est ainsi que certains ont été amenés à épouser des personnes qu’ils pensaient d’abord ne pas pouvoir aimer.

Cinquièmement. Après les grandes manifestations de l'amour de Dieu, vient alors le tentateur. Telle est la faible constitution de la grâce, qu'elle ne peut supporter ni les sourires ni les froncements de sourcils de Dieu sans se faire piéger ; comme quelqu'un l'a dit de notre nation anglaise, elle ne peut supporter ni la liberté ni la servitude. Il en va de même pour l'âme. Si Dieu sourit et s'ouvre un peu à nous, nous sommes alors enclins à devenir hautains et libertins ; si nous fronçons les sourcils, nous nous enfoncerons d'autant en ce qui concerne notre foi. 

Ainsi, l’un, comme le beau temps et les rayons chauds, fait pousser les mauvaises herbes de la corruption ; et l’autre, comme les fortes gelées, arrache et tue même les fleurs de la grâce. Le chrétien est en danger des deux côtés ; c’est pourquoi Satan profite de l’abondance du confort du chrétien, comme un tricheur qui s’installe avec un jeune héritier qui vient de recevoir ses rentes et ne le quitte jamais avant de l’avoir débarrassé de son argent. 

Ainsi Satan ment sur le piège, pour entraîner un saint dans un péché ou un autre, dont il sait qu'il fera bientôt fuir sa joie. Y a-t-il jamais eu un plus grand témoignage du ciel que Pierre ? Matthieu 16:17, où Christ le déclare bienheureux et lui accorde un honneur singulier, en faisant de lui le représentant de tous ses saints. Nul doute que cette faveur faite à Pierre ait excité l'esprit envieux (de l'ennemi) pour qu'il tombe plus tôt sur lui. Si la tunique bigarrée de Joseph a poussé les patriarches à comploter contre lui leur frère, il n'est pas étonnant que la malveillance ait poussé Satan à montrer sa méchanceté, là où Christ avait mis une telle marque d'amour et d'honneur ; c'est pourquoi nous le trouvons bientôt aux côtés de Pierre, faisant de lui son instrument pour tenter son Maître, qui réprimande Pierre en lui disant : "Arrière de moi, Satan."

Celui qui semblait être un rocher, à présent, est, par la ruse de Satan, une pierre d'achoppement sur laquelle Christ peut trébucher. De même, David, lorsqu'il avait reçu de si merveilleuses miséricordes, s'était installé sur son trône avec la ruine de ses ennemis, oui, pardonné de son péché sanglant, et maintenant prêt à poser sa tête en paix dans la poussière, Satan intervient pour obscurcir ses pensées et le tente de dénombrer le peuple ; Satan est si ambitieux qu'il cherche avant tout à jeter le saint dans la boue du péché, alors même que son vêtement est le plus propre.

Sixièmement. A l'heure de la mort, quand le saint est à terre et prosterné dans sa force physique, ce lâche s'abat sur lui. C'est en effet la dernière carte qu'il a à jouer ; maintenant ou jamais ; il doit le vaincre maintenant et pour toujours. Comme on dit du serpent naturel, on ne le voit jamais dans toute sa longueur avant de mourir ; ainsi ce serpent mystique ne fait jamais plus d'efforts
que lorsque son temps est court. Alors même que le saint entre dans l'éternité, le voici qui lui marche sur les talons, et alors qu'il ne peut pas (le faire) trébucher de manière à entraver son arrivée au ciel, il essaie au moins le blesser, afin qu'il y aille avec plus de douleur.